Le projet de loi de finances pour 2020

Modifié le 16 mai 2023

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Notions clés

Le projet de loi de finances pour 2020 (PLF 2020) a pour objet, lorsqu’il sera adopté définitivement par le Parlement, d’autoriser et de prévoir les recettes et les dépenses de l’Etat pour l’année à venir. Il s’agit donc d’un projet de loi, mais qui se différencie de n’importe quel autre par la forme qu’il prend.

Ces différences s’expliquent essentiellement par son contenu. Ce sont en effet les recettes et les dépenses de l’Etat qui sont ainsi arrêtés. Ce qui revient à dire que lorsqu’il deviendra la loi de finances de l’année, ce texte dessinera les contours des politiques publiques qui seront mises en œuvre au cours de l’année suivante. Mais dans ce texte qui ne concerne à priori que l’Etat il existe des dispositions qui s’appliquent aux collectivités territoriales en raison des transferts financiers entre les deux entités, mais aussi parce que la France, étant un Etat unitaire, la loi de finances autorise et prévoit non seulement les impôts d’Etat, mais aussi les impôts locaux. Il en va de même pour les organismes de sécurité sociale qui font eux aussi l’objet de transferts financiers et qui perçoivent des impôts qui pour les mêmes raisons ne peuvent être autorisés et prévus que par le Parlement.

En raison de ces particularités et de son importance, le projet de loi de finances de l’année fait l’objet d’une procédure particulière qui déroge à celle qui s’applique à n’importe quel autre projet de loi ordinaire.

La Constitution prévoit en effet que le Parlement dispose de 70 jours pour se prononcer définitivement sur le texte sans quoi il sera mis en vigueur par ordonnance. Au sein même de ce délai, l’Assemblée nationale a 40 jours pour se prononcer en première lecture et le Sénat 15 ou 20 jours, selon la situation. Outre ces délais, la Constitution donne à l’Assemblée nationale la priorité dans l’examen du projet. Enfin, le texte examiné en séance publique est non pas celui qui a été modifié par la commission des finances, mais celui que le gouvernement a déposé sur le bureau de l’Assemblée nationale contrairement à ce qui se fait pour n’importe quel projet de loi. De plus la deuxième partie du PLF ne peut être discutée si la première partie n’a pas été adoptée. 

Enfin, le pouvoir d’amendement du Parlement est davantage limité puisque « les amendements formulés par les membres du Parlement ne sont pas recevables lorsque leur adoption aurait pour conséquence soit une diminution des ressources publiques, soit la création ou l'aggravation d'une charge publique ». (Art 40 C)

1. Formes

Le projet de loi de finances de l’année est complété par des annexes.

1.1. Le projet de loi de finances de l’année

Il comporte obligatoirement deux parties (article 34, LOLF). Contrairement à ce que l’on croit, il ne s’agit pas d’une partie « Recettes » et d’une partie « Dépenses ». Plus précisément la première partie permet comme son nom l’indique de déterminer « Les conditions générales de l’équilibre financier ». En d’autres termes, il s’agit dans un premier temps de fixer le socle de l’édifice budgétaire ou d’en construire les fondations. Ce n’est que dans un second temps qu’il sera possible d’apporter les précisions nécessaires en ce qui concerne « Les moyens des politiques publiques », c'est-à-dire la répartition des dépenses. Sur les fondations, on peut élever les murs.

C’est cette logique budgétaire qui a conduit le législateur organique à imposer un ordre d’examen des deux parties de la loi de finances. L’article 42 de la LOLF précise, en effet, que « La seconde partie du projet de loi de finances de l'année et, s'il y a lieu, des projets de loi de finances rectificative, ne peut être mise en discussion devant une assemblée avant l'adoption de la première partie ».

Le contenu de chacune de ces deux parties est fixé avec précision par la LOLF. Ainsi, l’article 1er autorise, pour l'année, la perception des ressources de l'Etat et des impositions de toute nature, affectées à des personnes morales autres que l'Etat. Ce sont tous les impôts, ceux de l’Etat mais aussi des collectivités territoriales qui sont ainsi autorisés. La France étant un Etat unitaire, le pouvoir d’imposer y est une compétence exclusive de l’autorité souveraine. Suivent les modifications apportées aux différentes ressources fiscales. C’est ainsi que toutes les dispositions concernant la suppression de la taxe d’habitation figurent dans l’article 5 du PLF 2020.

Il prévoit en effet la suppression totale et définitive de la taxe d’habitation sur les résidences principales. Pour 80 % des foyers fiscaux, la taxe d’habitation sera définitivement supprimée en 2020, après avoir été allégée de 30 % en 2018 puis de 65 % en 2019. En 2021, les 20% de contribuables qui s’acquittent de la taxe d’habitation en raison du niveau de leurs revenus, bénéficieront à leur tour d’une exonération progressive de celle-ci. Une première diminution de 30% de son montant interviendra en 2021, puis un nouveau dégrèvement de 65% en 2022, avant sa suppression totale et définitive en 2023.

Le même article 5 précise également les conditions de la compensation à l'euro près, de cette suppression pour les communes. Il prévoit en premier lieu, dès 2021, de transférer au bloc communal la part départementale de la taxe foncière sur les propriétés bâties. Et, dans le cas où le produit de la taxe foncière ne suffirait pas à compenser la disparition de la taxe d'habitation, c'est l'État qui abondera les recettes de la commune.

De plus, les sur et sous-compensations d'une commune à l'autre, seront corrigées à travers le compte d'avances des collectivités territoriales. Ce qui se traduira chaque année soit par une retenue sur le versement des recettes de la taxe foncière soit par un supplément.

La première partie se termine par un article prenant la forme d’un tableau qui détermine les données générales de l'équilibre budgétaire.

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Les autorisations relatives aux emprunts et à la trésorerie de l'Etat et l’évaluation des ressources et des charges de trésorerie qui concourent à la réalisation de l'équilibre financier, sont présentées dans un tableau de financement :

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Dans la deuxième partie du PLF, les autorisations de dépenses sont précisées pour chacune des trois composantes du budget : le budget général, les budget annexes et les comptes spéciaux.

Le budget général, c’est la composante essentielle du budget. Selon l’article 6 de la LOLF « toutes les recettes et toutes les dépenses sont imputées à un compte unique, intitulé budget général ».

Les budgets annexes retracent, « les seules opérations des services de l'Etat non dotés de la personnalité morale résultant de leur activité de production de biens ou de prestation de services donnant lieu au paiement de redevances, lorsqu'elles sont effectuées à titre principal par lesdits services » (LOLF, article 18). Ils sont au nombre de deux :   

  • Publications officielles et information administrative
  • Contrôle et exploitation aériens  

Les comptes spéciaux, permettent de regrouper les opérations temporaires. La LOLF (article 19) met en place 4 catégories de comptes spéciaux :

  • Les comptes d'affectation spéciale
  • Les comptes de commerce
  • Les comptes d'opérations monétaires
  • Les comptes de concours financiers

Parmi les comptes de concours financiers, on trouve le Compte d’avances aux Collectivités territoriales qui a pour finalité de garantir aux collectivités territoriales et aux organismes assimilés, le versement par l’État des avances sur le montant des impositions directes locales. Les fonds sont mis à la disposition des collectivités le 20 de chaque mois. Une régularisation intervient en fin d’année sur les derniers versements lors de la mise en recouvrement définitive de chaque impôt.

Les impositions qui transitent par le compte sont :

  • la taxe foncière sur les propriétés bâties (TFPB) ;
  • la taxe foncière sur les propriétés non bâties (TFPNB) ;
  • la taxe d’habitation (TH) ;
  • la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM) ;
  • la cotisation sur la valeur ajoutée (CVAE) ;
  • la cotisation foncière des entreprises (CFE) ;
  • l’imposition forfaitaire des entreprises de réseau (IFER) ;
  • la taxe sur les surfaces commerciales (TASCOM),

A partir de 2021, les fractions de TVA affectées aux départements, aux EPCI et à la Ville de Paris dans le cadre de la réforme de la fiscalité locale seront versées via le compte d’avances.

L’autorisation de dépenser est donnée dans chacune des composantes en deux temps : l’autorisation d’engagement (AE) et le crédit de paiement (CP). Seuls les comptes de commerce et d’opérations monétaires comportent des autorisations de découvert.

Les autorisations d’engagement sont des autorisations dont le champ matériel est limité à l’engagement, voire à la liquidation de la dépense, mais dont la portée temporelle est éventuellement pluriannuelle. Quant aux crédits de paiement, ils constituent la limite supérieure des dépenses pouvant être ordonnancées ou payées pendant l'année pour la couverture des engagements contractés dans le cadre des AE.

1.2. Les annexes

Elles sont importantes car elles permettent d’aller plus loin dans la compréhension de la loi de finances. Cette dernière ne donne que des informations relativement générales ou globales. Pour aller plus loin dans la précision, il est nécessaire de se reporter aux différentes annexes. Comme elles sont nombreuses, elles sont regroupées en plusieurs catégories.

1.2.1. Les Etats législatifs annexés

 Il s’agit de cinq tableaux publiés en même temps que la loi de finances au Journal Officiel. On les désigne par les cinq premières lettres de l’alphabet.

Etat A : Voies et moyens (Liste précise des toutes les recettes)

Etat B : Répartition, par mission et programme, des crédits du budget général

Etat C : Répartition, par mission et programme, des crédits des budgets annexes 

Etat D : Répartition, par mission et programme, des crédits des comptes d'affectation spéciale et des comptes de concours financiers

Etat E : Répartition des autorisations de découvert

1.2.2. Les annexes explicatives

Elles constituent ce que l’on appelle couramment les « bleus budgétaires ». Il existe deux catégories de « bleus » :

1.2.2.1. Le rapport économique, social et financier

Ce rapport en deux tomes justifie le projet de budget compte tenu de l'environnement économique, social et financier de l'année en cours et de la politique du gouvernement

1.2.2.2. Les projets annuels de performances (PAP)

 Chaque programme fait l’objet d’un PAP, il précise :  

  • La présentation des actions, des coûts associés, des objectifs poursuivis, des résultats obtenus et attendus pour les années à venir mesurés au moyen d'indicateurs précis dont le choix est justifié ;
  • L'évaluation des dépenses fiscales ;
  • La justification de l'évolution des crédits par rapport aux dépenses effectives de l'année antérieure, aux crédits ouverts par la loi de finances de l'année en cours et à ces mêmes crédits éventuellement majorés des crédits reportés de l'année précédente, en indiquant leurs perspectives d'évolution ultérieure ;
  • L'échéancier des crédits de paiement associés aux autorisations d'engagement
  • Par catégorie, présentée par corps ou par métier, ou par type de contrat, la répartition prévisionnelle des emplois rémunérés par l'Etat et la justification des variations par rapport à la situation existante.

Parmi ces PAP on trouve celui relatif à la mission « Relations avec les collectivités territoriales »

1.2.2.3. Les autres annexes explicatives prévues par la LOLF

La liste des annexes explicatives (bleus) a été considérablement augmentée par

L’article 51 de la LOLF :

« 1o Une annexe explicative comportant la liste et l'évaluation, par bénéficiaire ou catégorie de bénéficiaires, des impositions de toute nature, affectées à des personnes morales autres que l'Etat ;

 2Une analyse des changements de la présentation budgétaire faisant connaître leurs effets sur les recettes, les dépenses et le solde budgétaire de l'année concernée ;

 3o Une présentation des recettes et des dépenses budgétaires et une section de fonctionnement et une section d'investissement ;

 4o Une annexe explicative analysant les prévisions de chaque recette budgétaire et présentant les dépenses fiscales ;

1.2.3. Les annexes générales : les jaunes et les documents de politique transversale (DPT)

1.2.3.1. Les jaunes

Ces fascicules sont distribués pendant la discussion du budget, dans le but de présenter l'effort financier de l'Etat, dans un domaine déterminé. 28 jaunes accompagnent le PLF 2020 :

  • Opérateurs de l'État
  • Effort financier de l’Etat en faveur des associations en 2018
  • Effort financier de l'État en faveur des associations
  • Rapport évaluant l'efficacité des dépenses fiscales en faveur du développement et de l'amélioration de l'offre de logements
  • Grand plan d'investissement
  • Rapport sur les politiques nationales de recherche et de formations supérieures
  • Formation professionnelle
  • Relations financières avec l'Union européenne
  • Bilan des relations financières entre l'État et la protection sociale
  • Rapport sur l'état de la fonction publique et les rémunérations
  • Liste des commissions et instances consultatives ou délibératives placées      directement auprès du premier ministre ou des ministres
  • Rapport sur la programmation des emplois de la participation des employeurs   à l'effort de construction
  • Rapport sur les pensions de retraite de la fonction publique
  • Personnels affectés dans les cabinets ministériels
  • Évaluation des grands projets d'investissements publics
  • Rapport relatif à la mise en œuvre et au suivi des investissements d'avenir
  • Rapport sur les autorités administratives et publiques indépendantes
  • Effort financier de l’État en faveur des petites et moyennes entreprises
  • Utilisation par l’AFITF et par les collectivités territoriales des recettes issues du compte d’affectation spéciale « Contrôle de la circulation et du stationnement routiers ».
  • Rapport relatif à la mise en œuvre et au suivi de la réforme des réseaux de l’état et de ses opérateurs à l’étranger
  • Transferts financiers de l’État aux collectivités territoriales
  • Jeux olympiques et paralympiques de paris 2024
  • Rapport sur la gestion du fonds de prévention des risques naturels majeurs
  • Financement de la transition écologique : les instruments économiques, fiscaux et budgétaires au service de l’environnement et du climat
  • Effort financier de l’État dans le domaine de la culture et de la communication
  • Agences de l'eau
  • Rapport relatif à l'État actionnaire
  • État récapitulatif des crédits de fonds de concours et attributions de produits (2018/2019)

1.2.3.2. Les documents de politique transversale (DPT) (les Oranges)

Ils doivent permettre d’améliorer la coordination, par un ministre chef de file, d'actions de l’État relevant de plusieurs ministères et de plusieurs programmes qui concourent à une politique interministérielle, et de favoriser l'obtention de résultats socio-économiques communs. 20 DPT sont annexés au PLF 2020 :

  • Outre-mer
  • Lutte contre l'évasion et la fraude fiscales
  • Prévention de la délinquance et de la radicalisation
  • Politique du tourisme
  • Politique immobilière de l'État
  • Politique française en faveur du développement
  • Politique française de l'immigration et de l'intégration
  • Défense et sécurité nationale
  • Développement international de l'économie française et commerce extérieur
  • Aménagement du territoire
  • Ville
  • Politique de l'égalité entre les femmes et les hommes
  • Prévention en santé
  • Politique de lutte contre les drogues et les conduites addictives
  • Politique en faveur de la jeunesse
  • Inclusion sociale
  • Sécurité civile
  • Sécurité routière
  • Politique maritime de la France
  • Justice des mineurs

La LOLF précise que chaque annexe générale doit être déposée et distribuée au « moins cinq jours francs avant l'examen, par l'Assemblée nationale en première lecture, des recettes ou des crédits auxquels elle se rapporte ». (Article 39).

2. Contenu

2.1. Les recettes

L’essentiel des recettes de l’Etat est formé par des impôts. Ils représentent 96 % des ressources. Le reste est composé de recettes diverses qui ont en commun de ne pas avoir de caractère fiscal.

2.1.1. Les recettes fiscales

En 2020, les prélèvements obligatoires (impôts, taxes et cotisations sociales prélevées par les administrations publiques) diminueront de -10,2 milliards d’euros (Md€), soit une diminution de 30 Md€ depuis 2017. Le taux de prélèvements obligatoires s’établira ainsi à 44,0 % en 2020, soit une diminution de plus d’un point par rapport à 2017 (45,2 %).

Les impôts sont variés. La Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) est un impôt indirect général inclus dans les prix de vente de biens ou de prestations de services et payé par les consommateurs. Son produit est important puisqu’il représente presque la moitié des rentrées fiscales totales de l’Etat. Une partie du produit de la TVA est affecté à la sécurité sociale (41 Mds€) et aux régions (4,4 Md€ en PLF 2020) et à partir de 2021 aux dépatements.

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En 2020, les recettes budgétaires nettes de TVA reculeront de 2,4 % à 126,1 Md€, en raison de la poursuite de la compensation aux organismes de sécurité sociale visant à compenser à la fois la diminution de cotisations sociales associée à la suppression du CICE ainsi que le transfert à l’État d’une partie des prélèvements sociaux sur le capital.

L’impôt sur le revenu (IR) est un impôt direct qui est assis sur les revenus des individus, des entreprises individuelles ou autres entités similaires. Il est progressif puisque plusieurs taux existent et s’appliquent à chaque tranche du revenu du contribuable. Plus le revenu est élevé plus le taux de l’impôt est élevé. Alors que dans l’impôt proportionnel il n’existe qu’un seul taux quelle que soit la base de l’impôt. L’IR ne représente que 23,1% des rentrées fiscales.

En 2020, la réforme du barème de l’IR permettra de restituer 5 Md€ de pouvoir d’achat aux Français. Toutefois, l’amélioration du taux de recouvrement liée au prélèvement à la source, ainsi qu’une progression spontanée toujours soutenue entraîneront une hausse du rendement de l’IR.

L’impôt sur les sociétés (IS), autre impôt direct, est perçu comme son nom l’indique sur le bénéfice des sociétés. Son taux normal passera progressivement de 33,1/3 % à 25 % comme prévu par l'article 11 du présent PLF. Cette baisse du taux de l’impôt (-2,4 Md€) est largement compensée par la croissance spontanée de l’IS qui sera de +12,2 %. La prévision d’impôt net sur les sociétés pour 2020 s’élève à 48,2 Md€.

2.1.2. Les autres recettes

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En 2020, les recettes non-fiscales baisseront de 0,2 Md€ par rapport à 2019. La baisse du produit des amendes et condamnations pécuniaires (-0,5 Md€), ne sera que partiellement compensée par la hausse des recettes concernant le versement de la Banque de France (+0,1 Md€), le reversement des intérêts des Programmes d'investissements d'Avenir (PIA) au budget général (+0,2 Md€).

Parmi les autres recettes figurent les Prélèvements sur recettes. Longtemps non prévus par les textes, les prélèvements sur recettes ont été définis par l’article 6 de la LOLF en ces termes : « Un montant déterminé de recettes de l’État peut être rétrocédé directement au profit des collectivités territoriales ou des Communautés européennes en vue de couvrir des charges incombant à ces bénéficiaires ou de compenser des exonérations, des réductions ou des plafonnements d’impôts établis au profit des collectivités territoriales. Ces prélèvements sur les recettes de l’Etat sont, dans leur destination et leur montant, définis et évalués de façon précise et distincte. »

Ainsi, une partie des recettes de l’État est prélevée et directement rétrocédée à des tiers bénéficiaires sans figurer dans la partie dépenses du budget.

Les prélèvements sur recettes ont deux bénéficiaires : les collectivités territoriales et l’Union européenne. Ils s’élèvent à 62,2 Md€, le plus volumineux étant celui des collectivités territoriales : 40,8 Md€. C’est ce prélèvement qui finance notamment la dotation globale de fonctionnement (DGF) et qui compense les exonérations, réductions ou plafonnements des impôts locaux. Le financement des collectivités territoriales par l’Etat est complété par la mission Relations avec les collectivités territoriales (3,4 Md€) et par dix missions, (Cohésion des territoires, Défense, Santé, Enseignement scolaire etc…) pour 4,3 Md€ de crédits de paiement.

2.2. Les dépenses

L’évolution des dépenses publiques semble maitrisée puisque pour 2020 elles seront équivalentes à 53,4% du PIB, contre 55% en 2017.

La norme de dépenses pilotables estimée dans le PLF 2020 serait de 268 Md€, soit +5,1 Md€ par rapport à la loi de finances initiale pour 2019, et +6,6 Md€ par rapport à la prévision d’exécution, tenant compte des économies qui seront réalisées en gestion (1,5 Md€) et présentées dans le cadre du projet de loi de finances rectificative. Celles-ci contribueront au financement d’une partie des mesures d’urgence économiques et sociales.

Les dépenses inscrites au budget de l’Etat sont présentées par titre et par mission. Les titres font apparaître leur nature financière alors que les missions correspondent aux politiques publiques. Les ministères disposent de plusieurs missions qui relèvent de titres différents.

2.2.1. La répartition par missions

Elles sont au nombre de 32. Deux sont particulières (Pouvoirs publics et Crédits non répartis) dans la mesure où elles rassemblent non pas des programmes comme toutes les autres, mais des dotations. Neuf sont interministérielles, c’est-à-dire qu’elles relèvent de plusieurs ministères, vingt-et-une sont ministérielles dans la mesure où tous les programmes qu’elles rassemblent relèvent d’un seul ministère.

Sur les 32 missions, 25 voient leurs crédits de paiement augmenter par rapport à l’an dernier. Celles qui croissent le plus sont l’Écologie, l’Enseignement scolaire, le Sport, jeunesse et vie associative, l’Action et transformation publiques, l’Administration générale et territoriale de l'État, la Défense, l’Economie, la Justice et les investissements d’avenir.

TABLEAU DE COMPARAISON, PAR MISSION ET PROGRAMME DU BUDGET GÉNÉRAL, DES CRÉDITS PROPOSÉS POUR 2020 À CEUX VOTÉS POUR 2019                                                         (HORS FONDS DE CONCOURS) (en euros)
MISSIONAutorisations d’engagementCrédits de paiement
LFI 2019PLF 2020LFI 2019PLF 2020
MISSIONS CONSTITUEES DE DOTATIONS 
Crédits non répartis476 749 773450 000 000176 749 773150 000 000
Pouvoirs publics991 344 491994 455 491991 344 491994 455 491
MISSIONS INTERMINISTERIELLES 
Aide publique au développement4 500 118 9147 315 622 0453 078 496 6023 284 772 819
Anciens combattants, mémoire et liens avec la nation2 334 177 6912 146 224 7002 301 874 9672 159 910 122
Cohésion des territoires16 510 739 76115 075 153 45716 390 355 04415 156 789 942
Écologie, développement et mobilité durables12 293 573 79213 210 600 48512 165 524 58513 274 815 831
Enseignement scolaire72 790 413 47374 171 520 63672 759 794 48174 033 991 862
Recherche et enseignement supérieur27 954 734 14028 669 846 57728 147 270 46428 681 608 688
Régimes sociaux et de retraite6 284 340 3536 227 749 5076 284 340 3536 227 749 507
Solidarité, insertion et égalité des chances23 876 785 61625 520 663 17923 899 461 97825 492 387 942
Sport, jeunesse et vie associative1 174 414 3021 423 095 184989 740 2671 227 682 629
MISSIONS MINISTERIELLES 
Action et transformation publiques1 202 200 000339 200 000312 100 000434 812 575
Action extérieure de l'État2 871 819 0842 880 003 3812 872 582 0172 874 885 426
Administration générale et territoriale de l'État3 435 339 4354 052 719 0903 373 446 9963 977 086 317
Agriculture, alimentation, forêt et affaires rurales2 832 665 0893 011 296 3782 921 710 8252 957 872 612
Conseil et contrôle de l'État756 480 682776 379 210680 790 274704 952 475
Culture3 096 811 2232 992 669 8862 930 086 8692 959 135 743
Défense54 494 386 40065 346 874 67144 354 203 91646 075 273 560
Direction de l'action du Gouvernement779 595 992813 590 789788 579 617793 651 221
Économie1 773 247 1471 870 145 3791 939 622 5282 325 281 294
Engagements financiers de l'État42 288 181 94138 330 279 08142 471 457 78338 505 177 315
Gestion des finances publiques et des ressources humaines10 695 965 13410 511 475 52410 442 121 17110 457 093 055
Immigration, asile et intégration1 850 908 6301 933 565 2511 688 406 7601 818 095 268
Investissements d'avenir001 049 500 0002 175 325 000
Justice9 039 096 2659 099 357 9169 056 907 2159 388 298 250
Médias, livre et industries culturelles566 058 811580 859 811579 449 028590 750 028
Outre-mer2 661 366 1152 555 882 8132 575 696 9282 409 468 247
è Relations avec les collectivités territoriales3 895 282 2713 813 559 8903 438 877 8173 451 869 635
Remboursements et dégrèvements135 882 665 000141 018 325 376135 882 665 000141 018 325 376
Santé1 420 161 5921 140 232 7721 421 461 5921 143 532 772
Sécurités20 961 488 76421 372 387 09120 134 577 24520 492 374 242
Travail et emploi13 410 433 06913 518 727 23212 450 918 88312 771 593 249

2.2.2. La répartition par titres

Les missions regroupent des programmes dans lesquels les crédits sont présentés par Titres. Les 7 Titres font apparaître la nature économique et financière des crédits.

C’est le Titre 6 (Dépenses d’intervention) qui reste le Titre le plus important en volume puisqu’il rassemble 48,26% des crédits avec 230 Md€ de crédits de paiement contre 224 votés en 2019.  Le titre 2 (Dépenses de personnel) vient en deuxième position avec 133 Md€ (27,9%) contre 131 en 2019. Quant au Titre 4 (Charge de la dette) (8%) il diminue légèrement avec 38,5 Md€ contre 42 en 2019 en raison de la baisse des taux.

Ces deux derniers titres représentent à eux deux plus d’un tiers des dépenses (36%) et ce sont des dépenses non pilotables. Une envolée des taux rendrait la charge de la dette difficilement supportable, quant aux dépenses de personnel, le glissement vieillesse-technicité (GVT) et la difficile compression des effectifs tendent à générer une croissance quasiment incontrôlée et automatique.

Enfin il faut souligner la part relativement faible des dépenses d’investissement (3,12%) soit 38,5 Md€ contre 42 Md€ en 2019 soit 4% en 2019).

TABLEAU DE COMPARAISON, PAR TITRE ET CATÉGORIE, DES CRÉDITS PROPOSÉS POUR 2020 À CEUX VOTÉS POUR 2019                                                                                                (BUDGET GÉNÉRAL ; HORS FONDS DE CONCOURS) (en euros)
CatégorieAutorisations d’engagementCrédits de paiement
LFI 2019PLF 2020LFI 2019PLF 2020
Titre 1er. Dotations des pouvoirs publics : 0,2%
 991 344 491994 455 491991 344 491994 455 491
Titre 2. Dépenses de personnel : 27,9%
 131 700 451 626133 694 023 042131 700 451 626133 694 023 042
Rémunérations d’activité75 492 110 30876 719 258 55975 492 110 30876 719 258 559
Cotisations et contributions sociales55 478 065 02556 230 343 43955 478 065 02556 230 343 439
Prestations sociales et allocations diverses730 276 293744 421 044730 276 293744 421 044
Titre 3. Dépenses de fonctionnement : 12%
 61 075 269 10662 787 965 04354 585 946 19557 539 029 224
Dépenses de fonctionnement autres que celles de personnel32 149 814 93233 644 070 17225 654 241 02128 393 919 106
Subventions pour charges de service public28 925 454 17429 143 894 87128 931 705 17429 145 110 118
Titre 4. Charges de la dette de l’État : 8%
 42 061 000 00038 557 800 00042 061 000 00038 557 800 000
Intérêt de la dette financière négociable41 105 000 00037 017 000 00041 105 000 00037 017 000 000
Charges financières diverses956 000 0001 540 800 000956 000 0001 540 800 000
Titre 5. Dépenses d’investissement : 3,12%
 19 204 441 98928 931 924 47713 538 729 66914 958 101 749
Dépenses pour immobilisations corporelles de l’État18 779 396 16128 632 176 25713 133 651 63514 597 933 616
Dépenses pour immobilisations incorporelles de l’État425 045 828299 748 220405 078 034360 168 133
Titre 6. Dépenses d’intervention : 48,26%
 227 333 444 049233 235 555 452224 256 393 080230 719 657 760
Transferts aux ménages68 914 958 69972 557 818 28168 840 507 12172 496 879 945
Transferts aux entreprises113 288 648 434112 128 914 013113 278 995 384111 924 291 643
Transferts aux collectivités territoriales22 732 880 19526 141 806 97021 838 413 45525 598 481 960
Transferts aux autres collectivités22 271 641 72122 312 916 18820 173 162 12020 605 904 212
Appels en garantie125 315 00094 100 000125 315 00094 100 000
Titre 7. Dépenses d’opérations financières : 0,32%
 735 593 6892 960 739 2971 416 250 4081 545 951 227
Prêts et avances15 326 77215 330 000123 955 419195 127 110
Dotations en fonds propres720 266 917668 815 513724 113 211726 016 696
Dépenses de participations financières 2 276 593 784568 181 778624 807 421
TOTAL483 101 544 950501 162 462 802468 550 115 469478 009 018 493

2.2.3. La répartition par ministères

Le ministère le mieux doté est celui de l’Action et des comptes publics (154 Md€). Cela s’explique par le fait que des programmes importants relèvent de sa responsabilité. Il en va ainsi du programme Remboursements et dégrèvements d’impôts d’Etat (117,9 Md€), du programme Remboursements et dégrèvements d’impôts locaux (23 Md€) ainsi que les dotations des pouvoirs publics. Quant aux ministères de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur, ils rassemblent 98,7 Md€ de crédits soit 22% de tous les crédits.

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2.3. Les soldes

2.3.1. Le déficit

Le solde public, c’est-à-dire de l’ensemble des administrations publiques, a été constamment négatif depuis plus de quarante ans. La barre de 3 % de déficit public mise en place par le traité de Maastricht, confirmée par le Pacte de stabilité et de croissance et plus récemment par Le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l’Union économique et monétaire (TSCG) de 2012 a été franchie à plusieurs reprises en France. Ce fut le cas entre 2008 et 2016, soit au total neuf années consécutives. La France, alors, a fait l’objet d’une procédure de déficit excessif à partir du 27 avril 2009. Or, depuis 2017 les choses ont changé.

En 2017 et en 2018, le déficit est passé sous la barre des 3%. Cette évolution a été interrompue en 2019 de manière formelle. En effet le déficit attendu cette année est de 3,1 % du PIB. Cela est dû à la transformation du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) en allègements de charges, ce qui conduit à une double comptabilisation de cette mesure, soit 20 Md€. Ce faisant, le déficit qui était initialement prévu à 2,8% est passé à 3,1%.

LE DÉFICIT PUBLIC DEPUIS 2008
Année2008200920102011201220132014201520162017201820192020
En Md€65,0138,9137,4106,1104,086,583,979,779,161,460,673,953,5

Source : Rapport général sur le PLF 2020 de Joël Giraud, Assemblée nationale

LE DEFICIT PUBLIC DEPUIS 1974                                                                                                         (en % du PIB)
Année19741975197619771978197919801981198219831984
Solde0,1– 2,8– 1,6– 1,1– 1,8– 0,5– 0,4– 2,4– 2,8– 2,8– 2,7
  
Année19851986198719881989199019911992199319941995
Solde– 2,9– 3,2– 2,0– 2,5– 1,8– 2,4– 2,8– 4,6– 6,3– 5,4– 5,1
  
Année19961997199819992000200120022003200420052006
Solde– 3,9– 3,6– 2,4– 1,6– 1,3– 1,4– 3,1– 3,9– 3,5– 3,2– 2,3
  
Année20072008200920102011201220132014201520162017
Solde– 2,5– 3,2– 7,2– 6,8– 5,1– 4,8– 4,0– 3,9 – 3,6– 3,4– 2,9
 
Année201820192020        
Solde--2,6--3,1--2,2        

Source : Rapport général sur le PLF 2020 de Joël Giraud, Assemblée nationale

Pour 2020, le PLF prévoit un déficit public équivalent à 2,2 % du produit intérieur brut (PIB). Et ce malgré de nouvelles dépenses importantes, puisque le budget de l’État supporte la baisse de l’impôt sur le revenu (IR) soit – 5 Md€, et la baisse de l’impôt sur les sociétés (IS) évaluée à – 2,5 Md€ ainsi que la réindexation d’une partie des retraites sur l’inflation (- 1,5 Md€). Certes des économies de l’ordre de 2 Md€ ont pu être réalisées en raison de la baisse des taux, quelques autres économies ont été faites en réduisant certaines niches fiscales des entreprises. Mais pour l’essentiel c’est le déficit de l’Etat qui supporte ces mesures.

Le déficit budgétaire de l’État pour 2020 est, en effet, prévu à 93,1 Md€ au lieu de 76 Md€ pour 2018. Le déficit public pour 2020 est porté essentiellement par l’État, les autres administrations publiques présentant des comptes en excédent.

LE DÉFICIT BUDGÉTAIRE DE L’ÉTAT DEPUIS 2009

(en milliards d’euros)

Année 2010*2011201220132014201520162017201820192020
Déficit budgétaire 113,890,787,274,973,670,569,167,776,096,393,1

Source : INSEE, comptes nationaux et PLF 2020

2.3.2. La conséquence du déficit : la dette

Pour financer les déficits, l’Etat, par l’intermédiaire de l’Agence France Trésor, recourt à l’emprunt sous la forme d’obligations et de bons du Trésor. Ainsi la dette publique ne cesse de croître en raison de la récurrence des déficits. Atteignant à peine 20 % du PIB à la fin des années 1970, elle a franchi le seuil de 60 % du PIB en 2002 et approché 80 % du PIB en 2009 pour atteindre 96,8 % en 2017.

Partant d’un niveau de 44 Md€ à la fin 1978, la dette a été multipliée par 25 depuis lors. Fin 2016, la dette de la France a atteint 98,0 % % du PIB, à 2188,5 Md€, ce qui équivaut quasiment à la richesse nationale. Elle a atteint 2258,7 Md€ fin 2017 soit 98,4 % du PIB et 2 315,3 Md€ fin 2018. Attendu en 2020 à 98,7 %, contre 98,4 % en 2017, et après un pic à 98,8 % en 2019, l’endettement du pays reste en effet endémique, mais semble se stabiliser.

La trajectoire de la dette publique française s’est nettement écartée des trajectoires baissières de dette de la plupart des autres États de la zone euro depuis 2010. Son niveau est désormais supérieur de 13 points au niveau moyen de la zone euro.

LA DETTE PUBLIQUE (en millions d’euros et en % du PIB)
20132014201520162017201820192020

1977,7

(93,4 %)

2039,8

(94,9 %)

2101,3

(95,6 %)

2188,5

(98,0 %)

2258,7

(98,4 %)

2 315,3

(98,4%)

 

(98,8 %)

 

(98,7 %)

ÉVOLUTION DU RATIO D’ENDETTEMENT PAR SOUS-SECTEUR D’ADMINISTRATION

(en points de PIB)

Année201820192020
Ratio d’endettement au sens de Maastricht 98,498,898,7
Dont contribution des administrations publiques centrales (APUC) 81,082,083,1
Dont contribution des administrations publiques locales (APUL) 8,78,48,0
Dont contribution des administrations de sécurité sociale (ASSO) 8,78,47,6

Source : Rapport économique, social et financier annexé au projet de loi de finances pour 2020.

Toutes ces prévisions risquent cependant d’être rapidement modifiées. N’annonce-t-on pas un nouveau grand plan pour l’hôpital ? L’évolution de la situation sociale pourrait déboucher comme l’an dernier sur une rallonge budgétaire. Quant à l’inflation elle pourrait fort bien être un peu plus importante et la croissance moins élevée. En somme, les finances de la France semblent maîtrisées mais pas stabilisées.

 

Auteur(s) :

FERRETTI Raymond

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