Les continuités écologiques comme outils de gestion de la biodiversité - l'exemple de la Guyane

Modifié le 16 mai 2023

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Notions clés

P. GOMBAULD est membre du Conseil scientifique régional du patrimoine naturel de Guyane, M. COBIGO est naturaliste et SIGiste

Dernière mise à jour : novembre 2020

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Ébène verte (Tabebuia serratifolia) – Ouanary, Guyane – Gombauld P.

Cet article à visée pédagogique est conçu pour présenter la notion de « continuité écologique » appliquée à la Guyane. Afin de mieux appréhender ce concept, il convient d’identifier et de caractériser les discontinuités, à différentes échelles.

Après le rappel des grands principes et des principales définitions dans le cadre réglementaire, cet article présente des cas de continuités écologiques par l’image.

Dans le cas de la Guyane, les analyses historiques, techniques et scientifiques permettent de poser les bases des enjeux en la matière. De ces analyses sont susceptibles de naître au sein des services des aménageurs et bureaux d’ingénierie, des solutions opérationnelles pour le maintien ou la réhabilitation des continuités écologiques et de la Biodiversité.

1. Notions de continuité écologique

1.1. Grands principes

1.1.1. Définitions institutionnelles

Le Décret n°2012-1492 du 27 décembre 2012 - art. 1 précise que les continuités écologiques constituant la trame verte et bleue comprennent des réservoirs de biodiversité et des corridors écologiques.

Les réservoirs de biodiversité sont des espaces dans lesquels la biodiversité est la plus riche ou la mieux représentée, où les espèces peuvent effectuer tout ou partie de leur cycle de vie et où les habitats naturels peuvent assurer leur fonctionnement en ayant notamment une taille suffisante. Les réservoirs de biodiversité abritent des noyaux de populations d'espèces à partir desquels les individus se dispersent ou sont susceptibles de permettre l'accueil de nouvelles populations d'espèces. Un réservoir de biodiversité peut être isolé des autres continuités de la trame verte et bleue lorsque les exigences particulières de la conservation de la biodiversité ou la nécessité d'éviter la propagation de maladies végétales ou animales le justifient. Les espaces définis au 1° du II de l'article L. 371-1 constituent des réservoirs de biodiversité.

Les corridors écologiques sont des espaces naturels ou semi-naturels reliant des réservoirs de Biodiversité (article L371-1 du Code de l’environnement). Les corridors écologiques assurent des connexions entre des réservoirs de biodiversité, offrant aux espèces des conditions favorables à leur déplacement et à l'accomplissement de leur cycle de vie. Les corridors écologiques peuvent être linéaires (haies, chemins et bords de chemins, ripisylves, bandes enherbées le long des cours d’eau,…), discontinus (ponctuation d’espaces-relais ou d’îlots-refuges, mares permanentes ou temporaires, bosquets,…) ou paysagers  (mosaïque de structures paysagères variées).

1.1.2. Définition par l’inverse de la continuité écologique

Afin de mieux comprendre le principe et les enjeux des continuités écologiques, il est proposé de raisonner à l’inverse sur la base des discontinuités.

Imaginons donc un monde, où subitement, il serait impossible de se rendre à la pharmacie et à l’hôpital pour se soigner, où l’eau ne parvient plus aux robinets ou que nous ne puissions aller en puiser, un monde où nous ne pouvons plus rejoindre notre conjoint. La discontinuité signifie cela pour bon nombre d’espèces animales et végétales. N’enseigne-t-on pas dans les écoles militaires à diviser l’ennemi (le séparer de sa base arrière, isoler un groupe pour l’affaiblir, …) ? Et bien, à y regarder de plus près, l’humanité agit souvent ainsi à l’égard de la faune et de la flore. Les animaux et les végétaux, pour assurer leurs besoins vitaux et se protéger des prédateurs, ont besoin de se déplacer, de communiquer, d’échanger des gènes comme nous le faisons pour notre propre survie et reproduction.

Il faut se référer au budget de l’Etat en France, par exemple, pour se rendre compte de l’importance accordée aux déplacements dans nos sociétés : Les routes coûtent de l’ordre de 15 milliards d’euros par an (fonctionnement + investissement, données 2015), la contribution de l’Etat et des Régions à la Compagnie ferroviaire nationale (SNCF) est de l’ordre de 15 milliards d’euros. Les compagnies aériennes ont investi 50 milliards de dollars à la recherche d’innovations et de diminutions des impacts sur l’Environnement. En France, le budget annexe « Contrôle et exploitation aériens » (BACEA) qui retrace les crédits relatifs aux activités de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) s’élève à 2, 1 milliards d’euros dans le cadre de la loi de finance 2019 (Source : www.senat.fr).

On constate que les transports représentent des montants largement supérieurs à ceux consacrés par exemple à l’éducation nationale (de l’ordre de 50 milliards d’euros par an) si l’on cumule les coûts de fonctionnement, d’investissement et d’énergie consommée.

Le constat est tout simplement que les déplacements constituent un besoin vital et un enjeu considérable pour les êtres humains. Il en est de même pour la faune et la flore.

Quelques exemples :

  • Une espèce de plante qui se reproduit par hydrochorie (L'hydrochorie désigne tous les modes de dispersion des graines des végétaux ou des diaspores se faisant grâce à l'eau) : Si les cours d’eau sont supprimés, l’espèce disparaît à terme.
  • Une espèce de plante nécessitant la présence d’insectes pollinisateurs : Si ces derniers ne peuvent traverser une zone de pulvérisation d’insecticides par exemple, alors la reproduction ne peut plus se faire et à terme l’espèce s’éteint
  • Un gros mammifère ne peut plus migrer vers des points d’eau en saison sèche, le taux de mortalité augmente et l’espèce est affaiblie. Dans le cas du lézard Caïman, Dracaena guianensis (dont l’aire de répartition se situe au nord de l’Amérique du sud), l’eau est nécessaire pour qu’il se cache et puisse ainsi échapper aux prédateurs tels que les chiens. La diminution progressive des zones humides a conduit à observer, dès 2011, une très forte régression de la population de Dracaena guianensis (PNRG-Biotope, 2011).

Les exemples permettant d’illustrer la notion de discontinuité écologique sont nombreux. Nous pourrions définir une discontinuité écologique comme « une entrave à la vie ».

Afin de revenir à une définition des continuités écologiques, nous pouvons donc comparer les corridors écologiques, les trames, à autant de réseaux routiers, fluviaux, aériens qui nous permettent de vivre et de développer nos sociétés. Il ne s’agit pas de voies de circulation qui s’excluent ou s’opposent, il s’agit là de partager l’espace comme l’automobiliste partage les voies de circulation avec les piétons, les cyclistes et les motocyclistes. Il apparaît ainsi clair que nos aménagements et nos règles de circulation doivent intégrer le déplacement des humains ET des autres êtres vivants. Sauf à considérer que nous sommes les seuls à prétendre à vivre sur cette planète.

La notion fondamentale d’habitat et de domaine vital

Il ne nous a pas semblé utile de présenter ici tous les concepts fondamentaux de l’écologie, car de nombreux ouvrages abordent ce sujet. Cependant ce rappel peut permettre une meilleure compréhension et analyse des sujets présentés dans cet article.

Les animaux, les plantes, comme les humains, ont besoin pour survivre de protection : Pour les humains, les grottes, puis les maisons, pour les animaux, les trous, les cavités, l’eau, le sol.

Le « vital » c’est aussi la nourriture et les matériaux qui nous entourent. Cet ensemble de besoins de protection, de matériaux et de nourriture caractérise le territoire vital d’une plante ou d’un animal. En deçà d’une surface moyenne au sein de laquelle ces éléments sont en quantité suffisante, l’animal ou la plante ne peut plus survivre.

Aussi, un jaguar ou un puma nécessite une zone vitale de l’ordre de 100 à 200 Km² par individu (études ONCFS), une abeille butine dans un cercle de 3 km de diamètre, soit 700 hectares. Un arbre occupe en moyenne un volume équivalent en racines au volume occupé par ses branches.

Pour comprendre et agir sur le partage de l’espace entre les êtres vivants, il faut donc croiser :

  • les domaines vitaux de chaque être ou groupe d’êtres vivants avec
  • les voies de circulation entre les domaines vitaux des diverses populations animales et végétales.

1.1.3. Nouveau paradigme

En conclusion, il apparaît que la prise en compte des grands principes de la continuité écologique conduit à changer de paradigme : la construction de nos villes, l’aménagement de nos territoires peuvent et doivent se faire en conciliant les besoins de déplacement de tous les êtres vivants à toutes les échelles d’intervention de nature anthropique.

Cela signifie que les Etats, comme les Régions et les individus, ont, tous à leur niveau et à leur échelle, à s’interroger et à agir de manière concertée afin de dessiner un territoire et une société permettant les flux génétiques, alimentaires et de matériel nécessaires au maintien de la biodiversité.

1.2. Trame écologique par l’image : Autour du monde

1.2.1. Amazonie – Plateau des Guyanes

Les trames écologiques ont donc pour but de permettre la conservation de la biodiversité et le maintien du bon fonctionnement des écosystèmes. L’Amazonie dispose de vastes espaces continus et pourtant, des discontinuités apparaissent et segmentent les domaines vitaux de la grande faune, par exemple. L’enjeu est la préservation de la diversité génétique nécessaire au maintien des populations animales en bonne santé. L’érosion de la Biodiversité a des impacts sur l’Homme en diminuant la disponibilité en nourriture des populations isolées ou traditionnelles qui tirent une majeure partie de leurs besoins en protéines de la chasse des grands mammifères (Pécaris, Tapirs etc…). Pour la plupart des animaux, l’empiétement sur leurs domaines vitaux par le développement des infrastructures peut amener à des atteintes croisées entre la faune sauvage et l’Homme. C’est par exemple le cas des attaques de carnivores sur les troupeaux d’élevage, ou encore la destruction directe des habitats ou des individus (destruction d’habitats de reproduction lors d’aménagements ou écrasements routiers).

Néanmoins certains aménagements peuvent intégrer et garantir la prise en compte des continuités écologiques. Tel est le cas des infrastructures routières par exemple, qui maintiennent des corridors écologiques favorisant l’inter- connectivité des milieux naturels, nécessaire à la préservation des « domaines vitaux » des espèces. En effet, deux approches différentes offrent un panel de solutions adaptées aux différents cas de figure :

  • Soit le maintien des corridors naturels en déplaçant autant que possible la localisation des aménagements ; ce sont les mesures d’évitement plus efficaces, en général.
  • Soit la création de corridors au travers d’aménagements pour permettre le passage de la faune entre deux milieux déconnectés, typiquement par création de « ponts » ou des passages busés (« tunnels ») de façon à en réduire les impacts négatifs.

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Figure 1 - Autoroute au Brésil permettant la continuité écologique des espèces terrestres Crédit : Artesp

Prenons l’exemple d’un animal emblématique qu’est le Jaguar (Panthera onca). Pour ce grand mammifère dont le domaine vital mesure plusieurs dizaines de km² et qui fréquente une grande variété de milieux naturels, la préservation des populations passe par le maintien de corridors permettant le déplacement des individus sur leur territoire. La figure 1 nous montre comment à une échelle locale un aménagement routier a permis de sauvegarder un corridor écologique forestier et fluvial. Ce type d’aménagement qui limite l’altération du milieu naturel revêt une fonctionnalité de corridor pour bon nombre d’espèces. Contrairement au Jaguar qui peut aisément traverser une route de petite taille, les petits oiseaux forestiers ne traversent pas une route non forestière (pistes). La figure 2 montre comment est réfléchie la notion de sauvegarde de l’espèce à l’échelle continentale afin de permettre les échanges génétiques de proche en proche et éviter ainsi l’isolement de populations. De véritables couloirs naturels sont pensés entre chaque espace forestier protégé afin de permettre la libre circulation des populations de Jaguar entre les forêts protégées.

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Figure 2 « Jaguar Corridor Initiative » à l'échelle du continent reliant les différents espaces protégés

On évite la destruction du milieu naturel, lorsque cela est possible mais cela n’a pas été toujours le cas. On entre alors dans un principe de réduction des impacts. Ainsi sur cette photo (fig. 3), le pont de singe constitue le corridor, puisque aucun aménagement n’a été pensé avant la construction de la route pour le passage de la faune arboricole entre les milieux situés de part et d’autre. Cette fois-ci le pont n’est non pas pour les automobilistes mais pour la faune.

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Figure 3 - Passage en pont de singe au Brésil Crédit : gosh/Bored Panda

Ainsi, deux grands principes sont à retenir en termes d’aménagement, l’évitement et la réduction des impacts. La compensation intervient alors lorsque l’évitement et la réduction ne permettent pas le maintien de la biodiversité et du fonctionnement des écosystèmes.

1.2.2. Exemples en Afrique

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 Figure 4 - Passage routier à grande Faune au Kenya Crédit : AP/Bored Panda

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Figure 5 - Signalement routier d’un corridor à faune sauvage Faune au Kenya Crédit : AP/Bored Panda

L’Afrique est connue pour ses grands mammifères et ses grands espaces ouverts. Ainsi l’aménagement de piste n’a jamais trop remis en cause la circulation des espèces animales, si ce n’est qu’en termes de sécurité, percuter un rhinocéros ou un éléphant est très dangereux, d’autant plus que ces animaux peuvent devenir agressifs s’ils sont apeurés. En revanche lorsqu’il s’agit de routes à voies rapides, différents aménagements adaptés peuvent être réalisés, comme sur la photo ci-contre (fig. 4). Il est ainsi important de déterminer quels types d’aménagements et de gabarits sont les plus adaptés. Et pour cela il faut bien prendre en compte la ou les espèces ciblées, connaitre leurs domaines vitaux et leur cheminement (cas des migrations saisonnières. En regardant cette photo, on imagine bien que le passage serve non seulement aux éléphants mais également à d’autres animaux de gabarit inférieur. Il sera en revanche infranchissable pour une girafe.

Parfois, un simple panneau prévenant les automobilistes peut s’avérer suffisant (fig. 5)

1.2.3. Exemples en Europe

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 Figure 5 - Passage à faune au-dessus d'une autoroute au Pays-Bas Crédit : Reddit

L’Europe a connu un fort développement tout au long de son histoire, sans prendre en compte forcement la notion de continuité écologique : barrages sur les rivières et moulins à eau pour la force mécanique, routes de plus en plus larges, artificialisation des plaines…. Ainsi en quelques siècles, les populations de certains grands mammifères ont drastiquement chuté. La rupture des continuités écologiques et la segmentation de leurs domaines vitaux en sont une des raisons. Néanmoins la prise en compte de la patrimonialité de ces espèces et de leur utilité pour les écosystèmes est de plus en plus prégnante. C’est aussi le cas d’animaux plus petits comme les crapauds ou les truites ; ces deux taxons effectuent des migrations entre leur lieu d’hibernation et leur lieu de reproduction, migration terrestre pour le crapaud et aquatique pour la truite. C’est ainsi qu’ont vu le jour les crapauducs (passage à amphibiens) et autres passages à faune. Une grande partie des petits barrages ont été détruits sur les petits cours d’eau. La figure 5 montre un passage à faune au-dessus d’une autoroute. En France, il existe des « ponts-tunnels » pour chauves-souris, car de nuit les lumières des véhicules constituent une barrière pour les chiroptères.

Dans un souci de préservation de la biodiversité européenne, le réseau Natura 2000 a été créé en identifiant des aires naturelles et semi- naturelles, auxquelles sont affectés des gestionnaires et des moyens financiers. Ce réseau fixe un maillage d’espaces importants pour la préservation des espèces. La définition de corridors entre ces espaces fait l’objet de déclinaisons nationales et régionales. Ainsi, une réponse à la perte de biodiversité est la mise en place des Schémas Régionaux de Cohérence Ecologique (SRCE) formant ainsi une  Trame Verte et Bleue à l’échelle nationale. En Outre-mer, le Schéma d’Aménagement Régional (SAR) vaut SRCE. Ces documents visent à garantir les fonctionnalités écologiques permettant aux espèces de vivre et de se déplacer (cf. plus bas partie II.a)

1.3. La reconquête de la continuité écologique : quelques cas concrets

1.3.1. Milieu urbain (espaces verts privés et publics)

Les milieux urbains, par opposition aux espaces ruraux, sont en général dépourvus ou limités en espaces de nature. Pourtant, les parcs et jardins des cités urbaines offrent un refuge permanent ou temporaire à de nombreuses espèces animales et végétales. Ils offrent un lieu de quiétude et de bien-être aux populations, et contribuent à réguler le climat localement. Les allées, rues et avenues boisées comparables à des coulées vertes, sont aussi des espaces de nature qui permettent l’ombrage si important pour mieux supporter la chaleur des beaux jours. Elles abritent la faune ornithologique, notamment, lors de ses déplacements dans les villes, déplacements parfois inévitables pour rallier un site naturel ou semi-naturel à un autre. Ainsi, ces différents espaces sont d’une importance capitale pour le maintien d’une certaine biodiversité urbaine et le bien-être des populations humaines habitant dans les villes.

Deux initiatives vont dans ce sens de la reconquête de la biodiversité en ville :

- la création de jardins partagés, en utilisant les « dents creuses » (espaces non construits entourés de parcelles bâties) ou la mise en place de « jardinières » (petits jardins en bacs ou contenant équivalent) lorsque l’on manque d’espace.

- la limitation, voire la suppression, de l’usage de produits phytosanitaires (pesticides et insecticides)

1.3.2. Sites dégradés

Dans le cas de sites miniers, bien qu’il soit difficile, voire impossible, à court terme de retrouver l’état naturel initial, la réhabilitation des sites d’extraction de matériaux est une manière de favoriser la reconquête de ces espaces par la nature. En effet la seule capacité régénérative et auto-épuratrice des milieux ne suffit généralement pas à retrouver le milieu tel qu’il était avant l’exploitation minière.

En premier lieu, il faut s’assurer de la dépollution des sols ou de la limitation de la diffusion des polluants dans l’environnement. Certaines plantes peuvent être utilisées car elles ont un pouvoir de captage des polluants. Ensuite la re-végétalisation doit se faire de préférence à partir d’essences locales qui par leur croissance rapide vont redynamiser les cycles naturels du sol. Ce renouveau du cycle chimique du sol et l’apport d’ombrage par les plantes pionnières va permettre dans un second temps l’établissement progressif d’essences tolérantes à l’ombre et qui ont besoin de peu de lumière pour croitre. Enfin, il convient également de bien connaitre les espèces qui étaient présentes avant l’exploitation afin de garantir la sauvegarde, voire la délocalisation temporaire si possible, d’espèces remarquables, patrimoniales ou protégées (individus de petite taille ou de taille moyenne). A long terme, le milieu se stabilisera au niveau du peuplement végétal et retrouvera une certaine diversité proche de l’état d’origine. On peut estimer qu’une forêt tropicale mettra de l’ordre de 300 à 700 ans avant de retrouver un état de forêt dite mature, selon les forêts après une période d’exploitation plus ou moins intensive de l’Homme (Robin L. Chazdon 2003)

1.3.3. Ré-ensauvagement des cours d'eau

Les cours d’eau abritent une grande biodiversité. Parfois ceux-ci sont détruits lors d’une extraction de matériaux ou alors modifiés physiquement lors d’un aménagement, par exemple à l’occasion d’un curage. Ces perturbations ont des conséquences négatives sur le fonctionnement physico- chimique ainsi que sur le cortège d’espèces associées. En effet, un peu comme la redynamisation des cycles liés au sol conditionne le retour des espèces végétales, ce sont les paramètres physico-chimiques du cours d’eau (oxygène dissous, turbidité, diversité du faciès…) qui vont conditionner le retour de la biodiversité aquatique.

C’est notamment la morphologie du cours d’eau qui va également conditionner la diversité des micro-habitats favorables aux espèces animales et végétales aquatiques. A titre d’exemple, un courant couplé à une lame d’eau mince permettra une bonne oxygénation de l’eau, ou encore l’alternance de zones d’ombre et de zones ensoleillées aura également une incidence sur la température de l’eau et donc sa capacité à capter l’oxygène de l’air (plus l’eau est froide, plus elle capte l’oxygène). Aussi la présence d’obstacles, de bois morts ou encore le tracé tortueux d’une berge créeront toute une diversité de caches et de zones de quiétude favorables à la faune piscicole.

Ainsi, l’Homme tente de compenser ou de reconstruire par le « génie écologique », ce qu’il a modifié ou détruit par le « génie civil ».

Il faut alors tenter dès la conception de concilier aménagement et maintien de biodiversité tout en remplissant les objectifs fixés par le promoteur du projet. Il est aisé de comprendre qu’un canal rectiligne n’offre pas les mêmes garanties en termes de diversité des habitats qu’un cours d’eau naturel et sinueux. Il faut penser la rivière comme un être vivant. Le cours d’eau va se déplacer et se transformer au fil des années, au gré des crues et des obstacles rencontrés. Ainsi le cours d’eau varie dans le temps. Il est donc important de le considérer à l’échelle de son bassin versant et du lit dit majeur, c’est-à-dire à son emprise maximale en période de crue.

2. La situation en Guyane

2.1. Les documents d’orientation et d’aménagement

C’est la réalisation du Schéma d’Aménagement Régional adopté par le Décret n° 2016-931 du 6 juillet 2016 « portant approbation du schéma d'aménagement régional de la Guyane » (SAR) qui marque les grands principes des continuités écologiques en Guyane (JORF du 8 juillet 2016).

2.1.1. Le contexte réglementaire

LOI n° 2010-788 du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l'environnement

Depuis la loi « engagement national pour l’environnement », le SAR vaut schéma régional de cohérence écologique (SRCE) (Article L371-4 du code de l’environnement).

Décret n° 2012-1492 du 27 décembre 2012 relatif à la trame verte et bleue

Conformément aux dispositions de ce décret, les SAR des régions d’outre-mer présentent une carte des éléments de la trame verte et bleue et une carte des objectifs de préservation ou de remise en bon état des continuités écologiques, établies à différentes échelles.

2.1.2. Le SAR

Spécificité des régions d’Outre-Mer, les articles L.4433-7 à L.4433-24-3 du Code Général des Collectivités Territoriales (CGCT) confèrent aux conseils régionaux de Guadeloupe, de Guyane (désormais CTG), de Martinique (désormais CTM), de Mayotte et de la Réunion des compétences particulières en matière de planification et d’aménagement du territoire.

Le CGCT demande notamment d’adopter un schéma d’aménagement régional (SAR) qui fixe les orientations fondamentales en matière de développement, de mise en valeur du territoire et de protection de l’environnement et valant schéma de mise en valeur de la mer (SMVM). Le SAR doit également prendre en compte les orientations nationales pour la préservation et la remise en bon état des continuités écologiques et vaut, pour la première fois, schéma régional de cohérence écologique (SRCE).

La publication du décret d’approbation du Schéma d’Aménagement Régional de la Guyane officialise l’entrée en vigueur du SAR, document majeur de planification et d’aménagement de la Guyane à l’horizon 2030, dont les orientations deviennent applicables sur l’ensemble du territoire.

Le SAR de la Guyane poursuit 5 objectifs majeurs :

  • Garantir la cohésion sociale et l’équilibre territorial de la Guyane ;
  • Rendre les infrastructures et services accessibles au plus grand nombre ;
  • Créer les conditions d’un développement économique endogène ;
  • Préserver et valoriser l’environnement et la biodiversité remarquables du territoire ;
  • Favoriser l’intégration de la Guyane dans son environnement régional sud-américain et caribéen.

Le SAR s’impose aux documents d’urbanisme locaux dans un rapport de compatibilité, prévu tant par l’article L.4433-8 du CGCT que par les articles L.131-1 et L.131-7 du code de l’urbanisme. Selon le principe de la hiérarchie des normes, les documents de rangs dits inférieurs que sont la charte du Parc naturel régional de la Guyane, les schémas de cohérence territorial (SCOT), les plans locaux d’urbanisme (PLU) et les cartes communales doivent être compatibles avec le SAR, la mise en compatibilité doit avoir lieu dans le délai de 3 ans après son approbation.

A noter que le premier Schéma d’aménagement régional de la Guyane (SAR) a été approuvé par décret n°. 2002-745 du 2 mai 2002, avant les obligations réglementaires de prise en compte des continuités écologiques.

2.2. La route de l’Est : mise en place et retour d’expérience

La route de l’Est est un exemple à grande échelle qui offre un retour d’expérience en matière de corridors écologiques.

En 1990, débutent les études environnementales préalables à la construction de la RN2 dont les travaux de construction démarrent en 1995. Cette route doit relier Cayenne à Saint-Georges via la commune de Régina. « Cette route fend le bloc forestier intact de l’est Guyanais, dernière forêt mature d’un seul tenant jusqu’à la mer. La présence d’une route sur cet ensemble est donc largement susceptible de créer des effets néfastes sur les communautés animales. De plus, avec l’ouverture prévue du pont sur l’Oyapock (fleuve délimitant la frontière entre la Guyane française et le Brésil), la circulation va augmenter considérablement, risquant d’impacter davantage les populations animales » (Etude sur la qualité et l’efficacité des corridors écologiques de la RN 2, Biotope 2014)

Afin de limiter l’impact de la discontinuité créée par la route sur le faune principalement, 11 corridors écologiques ont été installés.

En 2009, quatre des onze couloirs écologiques ont été étudiés (Chaix-Farrugia & Boyé) et cette étude a permis de mettre en évidence l’utilité de ces aménagements pour les mouvements des oiseaux et des chiroptères. Les communautés d'amphibiens et de serpents ont été étudiées en 2014 par le Bureau d’étude Biotope à la demande de la DEAL Guyane.

Il en ressort que « l’enjeu des corridors écologiques en milieu tropical est bien le maintien d'un continuum des conditions micro-climatiques. De ce point de vue, il est évident que certains corridors de la RN2 ne sont absolument pas fonctionnels et ne l'ont probablement jamais été. D'autres corridors (le n°1, par exemple), ont été très bien conçus et assurent pleinement leur rôle de liant entre les deux massifs » Etude sur la qualité et l’efficacité des corridors écologiques de la RN 2, Biotope 2014)

Ces dispositifs peuvent être améliorés, par exemple, à l’aide de ponts de cordes et de passages souterrains, ce qui permet de rétablir les connectivités des habitats ;  cela lorsqu’il n’est pas possible que les frondaisons des arbres se touchent de part et d’autre de la route

Il faut rajouter à cela, la nécessité de sensibiliser les chasseurs afin que les corridors ne constituent pas des  lieux propices à la concentration du gibier. Auquel cas, ces voies de circulation pour la faune seront désertées. Cela pose la question de la règlementation et des zones de protection autour de ces dispositifs. Un projet de corridor écologique ne peut être mené sans concertation, ni sans un volet important d’actions participatives et citoyennes.

Dans les futurs projets d’aménagement en Guyane, il convient d’être attentif à l’application des principes permettant de la mise en place effective d’outils visant à maintenir les continuités écologiques telles que prévues dans le SAR de Guyane.

2.3. La Trame écologique du littoral guyanais

L’articulation entre préservation de la biodiversité et développement humain doit faire l’objet d’une planification afin de garantir ces deux objectifs. La particularité de la bande côtière comparée au bloc forestier du sud, est que l’imbrication des différents milieux naturels, dont certains ne se trouvent que sur le littoral, est très variée et soumise à une activité humaine plus dense. Il est alors, d’autant plus important de bien cibler les enjeux de préservation en fonction des richesses spécifiques localisées et de permettre à l’ensemble des espèces, particulièrement les mammifères, d’accéder à des zones non fragmentées et de taille suffisante au regard de leur domaine vital. Cette notion est importante car la grande faune joue un rôle indispensable au bon fonctionnement des écosystèmes : dissémination des graines, régulation des populations, etc…

Ainsi la trame écologique du littoral, définie dans le Schéma d’Aménagement Régional et dans la charte du PNRG, doit permettre de garantir différentes fonctionnalités écosystémiques. Citons à titre d’exemples :

  • les réservoirs de biodiversité par la préservation de milieux rares à l’échelle de la Guyane, comme les savanes, ou localisés, comme les mangroves et marais.
  • la préservation de la qualité et la quantité de la ressource en eau par le maintien des zones humides et des cours d’eau en bon état écologique. Il est important de noter que remplir ces objectifs apporte de nombreux avantages aux populations (pêche, chasse, protection des aménagements, etc…). Ainsi sont identifiés, dans le SAR, les réservoirs de biodiversité, zones naturelles protégées ou non, en bon état de conservation ainsi que les couloirs ou corridors permettant la mobilité des espèces entre les réservoirs.

Le principal aménagement qui affecte l’ensemble du littoral est la route nationale. Ainsi il convient de garantir des zones de franchissement pour les animaux (trame verte) et les cours d’eau (trame bleue). Pour les trames vertes, il convient de localiser et d’accentuer la préservation des zones de franchissement, en constatant les endroits où il y a beaucoup de passages (comptage d’animaux vivants ou d’animaux écrasés par des véhicules). Il existe pour cela un observatoire régional de la mortalité routière. En milieux forestier, comme pour le cas de la RN2, l’accent a été mis sur le franchissement de la faune arboricole par la préservation en certains points des continuités ou « jointure » au niveau de la canopée. Pour les milieux ouverts en revanche, plutôt sur la RN1, il n’y a pas encore de réel aménagement permettant le passage de la faune en toute sécurité, d’autant plus que le trafic y est plus important. On pourrait alors imaginer qu’un recalibrage du franchissement des cours d’eau ou des eaux de ruissellement serait susceptible de permettre à une certaine faune de traverser. Aussi, la restauration de zones naturelles en bordure de route pourrait favoriser le rétablissement dans certains cas d’un maillage efficace dans des zones fortement anthropisées et peu fonctionnelles sur le plan écologique. Il convient ainsi de travailler collectivement avec tous les services concernés afin de prendre en compte ces enjeux, autant que possible en amont des aménagements, pour que la trame écologique soit efficiente.

3. Perspectives pour la Guyane

3.1. Enjeux amazoniens : autoroutes de la Biodiversité

La continuité écologique se veut intégrative. Sa pertinence réside dans un principe d’échelle globale.

Il convient de se placer à l’échelle de l’Amazonie afin de construire les outils susceptibles de maintenir les continuités écologiques. Le Programme RENFORESAP du Parc Amazonien de Guyane contribue à cet objectif par le dialogue et les échanges scientifiques entre les gestionnaires d’espaces protégés.

Les massifs des Grands Parcs naturels du Plateau des Guyanes et du nord Brésil forment de grandes zones continues dans l’intérieur des pays concernés. Les problématiques de continuité se situeront dans les prochaines années au niveau de l’axe littoral ainsi que le long des fleuves, en fonction de l’évolution des densités de population et de la nature des activités humaines qui y sont conduites.

3.2. Biodiversité à taille humaine

Il apparaît nécessaire et pertinent d’appliquer à l’échelle communale et intercommunale les principes de trame verte et bleue. Dans un lotissement agricole, par exemple, la conservation d’un espace naturel sur chacune des parcelles gagne à être concertée afin de créer un massif unique plutôt que des petits îlots de « naturalité ». Le Parc naturel régional, les chambres consulaires, les services de l’Etat et des collectivités locales, les ONG, sont susceptibles de mettre en place une telle trame. Il s’agit d’un élément fondamental : agir au niveau de la parcelle afin de démultiplier l’effet positif de la trame verte et bleue dessinée à l’échelle du SAR.

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Figure 6 - Voie de circulation des Tamarins saguinus midas sur la route de Montabo

La biodiversité est présente partout autour de nous, sauvage ou cultivée, de la petite herbe qui pousse dans un interstice du trottoir aux amandiers de la place qui en porte le nom, au Fromager conservé en bord de la route de Montabo. Tout « support végétal » est la garantie d’offrir une multitude de niches écologiques utiles à la faune et/ou la flore. Ainsi il est intéressant de prendre un peu de hauteur et d’analyser la répartition des arbres isolés, des allées aménagées et des massifs afin d’appréhender une relative connectivité des différents « supports ». Prenons l’exemple des oiseaux, les espèces plus ou moins mobiles vont utiliser différents arbres localement, certains nourriciers comme les Manguiers des avenues ou les Palmiers pinot dans les jardins et d’autres garantissant la sécurité pour dormir, comme le massif forestier de Montabo, la mangrove du littoral ou un Fromager isolé. Prenons une autre espèce comme les singes Tamarins, Saguinus midas que l’on peut observer sur les lignes électriques sur la route de Montabo. Cette espèce, moins mobile qu’un oiseau, exploite cependant une niche écologique presque semblable, en revanche seule une connectivité physique lui permet de se déplacer pour trouver de la nourriture ou des lieux de sécurité pour passer la nuit (cf. fig.6).

Néanmoins les nécessités de développement remettent en cause l’existence même de réservoirs ou de corridors naturels comme on peut le voir sur ces deux photos de Cayenne de 2001 et de 2012.

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Figures 7 et 8 - Colline de Montabo et Anse de Zéphyr et leurs environs sur l’ile de Cayenne Orthophoto ©  IGN 2001 et 2012

Même si la loi ne le rend pas obligatoire les PLU pourraient intégrer une forme de plan de continuité rendant ainsi plus lisible les continuités écologiques prévues dans les documents de rang supérieurs.

Il est donc important de réserver dans les plans d’aménagement des zones naturelles et de protéger les corridors actifs en amont des projets. C’est dans les différents plans d’aménagement (SAR, SCOT, PLU) que ces réservoirs sont identifiés ainsi que les corridors qui doivent les interconnecter. Il ne faut pas sous-estimer l’importance des arbres isolés dans les jardins, des parcs aménagés et massifs forestiers protégés. Certaines parcelles, « abandonnées en friches » pour des problèmes de succession (indivision) par exemple, sont de véritables réservoirs qui peuvent malheureusement rapidement disparaitre après rachat ou projet d’aménagement. Parfois il est plus simple d’identifier et préserver des arbres ou bosquets, plutôt que de tout raser et éventuellement replanter, bien souvent des espèces ornementales exogènes plutôt que des espèces endogènes spontanées ou remarquables sous prétexte que celles-ci détruisent les aménagements avec leurs racines, ce qui est effectivement une problématique en milieu urbain. Il faut également que tout citoyen possédant un jardin puisse, dans la mesure du possible, laisser quelques espaces de nature à travers des plantations ayant des qualités ornementales mais aussi alimentaires ou médicinales. Les collectivités ont également un rôle à jouer à travers l’entretien des espaces verts, le choix des essences à planter, en valorisant la biodiversité guyanaise ou à travers le choix de plantes mellifères, la fréquence des coupes d’entretien, le bannissement des pesticides, etc…

3.3. Approche par l’espèce : Organisation des collections et jardins, matière première pour la reconquête de la Biodiversité

A une échelle encore plus fine, l’ouvrage « Les petites bêtes des jardins de Guyane » ONF, 2020 illustre la richesse de nos jardins.

Il existe de nombreux moyens de contribuer à la conservation de la Biodiversité.

Dans tous les cas, il est nécessaire de permettre aux gènes de circuler afin de favoriser le brassage indispensable à la vie et à la survie des espèces. C’est dans la diversité que réside la capacité à s’adapter, à résister aux agressions et aux changements. Cette capacité de résilience est dans le monde du vivant intimement liée à la diversité permise par le brassage génétique entre populations. A l’échelle de plusieurs centaines de milliers d’années, voire millions d’années, la survie d’une espèce donnée dépendra de la survie des « combinaisons génétiques gagnantes » qui lui permettront de s’adapter à son environnement changeant : prédateurs, parasites, résistance à la sécheresse et/ou au froid…

La continuité est donc essentielle, mais il arrive qu’il faille la reconstituer. Dans le cas des végétaux :

  • Soit à partir d’individus encore présents dans le milieu naturel
  • Soit à partir de jardins publics ou privés
  • Soit à partir de banques de semences ou de tissus. Il en existe près de 1700 sur la planète qui constituent un réservoir génétique pouvant être réutilisé à diverses fins (agricole, alimentaire, écologiques, médical, énergie, …).

En Guyane, des efforts conséquents ont été réalisés ces 20 dernières années afin de préserver in situ la faune et la flore au travers d’outils réglementaires (Réserves naturelles, Parcs naturels, …).

Par ailleurs, des jardins privés s’organisent et permettent de préserver la biodiversité et les usages associés.

En Guyane, il existe 3 collections spécialisées labellisées par le Conservatoire des Collections Végétales spécialisées (CCVS) :

  • Palmetum : Palmiers de Guyane et du Monde
  • Jardin Botanique – Orchidées de Guyane
  • Jardins de la Comté – Essences forestières de Guyane

Il est bien évident, et les amateurs de jardins en sont pleinement conscients, que la biodiversité animale est grandement liée à la présence des plantes. Il convient donc d’étudier avec attention la disposition des jardins sur les territoires urbains et péri-urbains afin de compléter la trame Verte. Il n’est pas seulement question de quantité, mais de qualité et de diversités des plantes composant les jardins. Sans développer un sujet qui nécessiterait un traitement spécifique, il convient d’encourager et de soutenir la mise en place de jardins thématiques, labellisés afin de détenir « des bibliothèques » vivantes des plantes de Guyane. Il existe aussi, une dizaine de jardins plus généralistes, non labellisés qui constituent eux aussi des « refuges » de biodiversité.

Conclusion

La continuité écologique est une question de perception, d’échelle et d’organisation.

La perception par notre société du nécessaire partage de l’espace a évolué. Tout comme les hommes partagent entre eux les espaces publics (routes, piscines, administration, fleuves et rivières, plages, …), les animaux utilisent et partagent des espaces. En milieu urbain, l’homme s’installe et laisse peu de place aux plantes et aux animaux. Nous pouvons constater que la société a très fortement évolué durant ces 30 dernières années, et la construction d’un cadre de vie agréable et épanouissant intègre de plus en plus et de mieux en mieux, des éléments de naturalité.

Cela nous emmène à la notion d’échelle. Nous avons pu montrer dans cet article que la continuité écologique concerne l’individu et l’ensemble de son territoire, commence dans son jardin et s’étend jusqu’aux frontières et au-delà.

A différentes échelles nos sociétés doivent s’organiser afin de contribuer au maintien et parfois à la restauration des continuités écologiques.

La Guyane dispose d’un formidable réseau d’espaces naturels, et d’une trame verte et bleue encore bien préservée. La décennie à venir laisse l’opportunité de construire un espace de vie exceptionnel pour les Guyanais et les touristes, qui maintienne une forte biodiversité, et qui offre les possibilités de développement local indispensable au bien-être des populations.

Remerciements

  • Boris RUELLE
  • Laurent LABARTHE
  • Nadine AMUSANT
  • Sébastien LINARES
  • Stéphane TRAISSAC
  • Rudy COVIS
  • Philipe LACHENAUD

Pour en savoir plus…

  • Ancrenaz M. et al. - 2019. Wildlife conservation and sustainable plantations call for innovative planting designs, HUTAN, IUCN, CIRAD.
  • Buché P. et C.G. Lungren2004 - Les petites populations d'éléphants du Burkina Faso : statut, distribution et déplacements in Pachyderm 37:84-91
  • Centre régional d’initiation à la rivière (Bretagne) – Continuités écologiques. Plaquette 12 p. (non daté)
  • DEAL Guyane, 2014 – Etude sur la qualité et l’efficacité des corridors écologiques de la RN2. Etude Biotope83 p.
  • DREAL PACA, 2009 – Méthode de diagnostic des continuités écologiques. Rapport 95 p.
  • DREAL Franche-Comté – Analyse des continuités écologiques. Plaquette, 6 p. (Non daté)
  • Gombauld P. et Charles-Dominique P., 2011 – Ressources naturelles et biodiversité. In « De la Recherche en Guyane : la science par l’exemple ». pp. 15-16. Collection Science et Découverte – PNR Guyane, éditions Ibis Rouge - PNRG. 122 p.
  • Gombauld P., 2018. La Biodiversité comme moteur de l’attractivité des territoires, CNFPT, 23 p.
  • PNRG, 2011- Étude du potentiel faunistique et floristique du Marais Gabin - Saint Georges, Parc Naturel Régional de Guyane, Biotope, 40 p.
  • PNRG, 2011 – La trame écologique du littoral guyanais. PNRG, Collection Science et Découverte. 47p.
  • Sandra Nicolle et Madeleine Boudoux d’Hautefeuille2012 - Anticiper la route : étude de cas dans l’est de la Guyane française, 23 p.
  • Rousseau Guillaume, 2019 - São Luis, Brazil : Tree and litter composition influences soil macrofauna in multi-strata agroforestry systems of Talamanca, Costa Rica
  • Sordello R. et al. Trame verte et bleue, 2017. Bilan technique et scientifique sur l’élaboration des Schémas régionaux de cohérence écologique. 104 p.
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