[50 Discours Célèbres] Jean JAURÈS, "Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage ! "
Modifié le 16 mai 2023
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Notions clés
« Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage ! »,
Discours de Jean JAURÈS, le 25 Juillet 1914
Le 25 juillet 1914, Jean Jaurès se rend à Lyon pour soutenir le candidat à la députation de Lyon-Vaise, Marius Moutet. Lors de ce discours, Jean Jaurès expose certaines des causes du conflit mondial qui s’annonce et exhorte son auditoire à tout faire pour éviter la guerre. Mais le 3 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France et les socialistes vont à l’encontre de la volonté de Jean Jaurès, maintenant décédé, et rejoignent l’Union Sacrée.
BIO EXPRESS : Jean Jaurès (1859-1914) est un homme politique français et une des grandes figures de la Gauche. Plus jeune député de France, Jean Jaurès prend le parti des ouvriers et soutient les grands mouvements de grève du début du siècle. En 1904, il fonde le journal l'Humanité et l'année suivante (1905), il crée la Section française de l'Internationale Ouvrière (SFIO) qui unifie le mouvement socialiste français. Pacifiste convaincu, Jean Jaurès lutte toute sa vie pour éviter le déclenchement de la Première Guerre Mondiale. Mais il est assassiné quelques jours avant le début du conflit (3 août 1914) par le nationaliste Raoul Villain. En 1924, sa dépouille est transféré au Panthéon.
TEXTE DISCOURS :
Citoyens,
Je veux vous dire ce soir que jamais nous n’avons été, que jamais depuis quarante ans l’Europe n’a été dans une situation plus menaçante et plus tragique que celle où nous sommes
[...]
Je dis que nous avons contre nous, contre la paix, contre la vie des hommes à l’heure actuelle, des chances terribles et contre lesquelles il faudra que les prolétaires de l’Europe tentent les efforts de solidarité suprême qu’ils pourront tenter.
[...]
A l’heure actuelle, nous sommes peut-être à la veille du jour où l’Autriche va se jeter sur les Serbes et alors l’Autriche et l’Allemagne se jetant sur les Serbes et les Russes, c’est l’Europe en feu, c’est le monde en feu.
[...]
Chaque peuple paraît à travers les rues de l’Europe avec sa petite torche à la main et maintenant voilà l’incendie. Eh bien ! citoyens, nous avons notre part de responsabilité, mais elle ne cache pas la responsabilité des autres et nous avons le droit et le devoir de dénoncer, d’une part, la sournoiserie et la brutalité de la diplomatie allemande, et, d’autre part, la duplicité de la diplomatie russe.
[...]
La politique coloniale de la France, la politique sournoise de la Russie et la volonté brutale de l’Autriche ont contribué à créer l’état de choses horrible où nous sommes. L’Europe se débat comme dans un cauchemar.
[...]
j’espère encore malgré tout qu’en raison même de l’énormité du désastre dont nous sommes menacés, à la dernière minute, les gouvernements se ressaisiront et que nous n’aurons pas à frémir d’horreur à la pensée du cataclysme qu’entraînerait aujourd’hui pour les hommes une guerre européenne.
[...]
Quoi qu’il en soit, citoyens, et je dis ces choses avec une sorte de désespoir, il n’y a plus, au moment où nous sommes menacés de meurtre et, de sauvagerie, qu’une chance pour le maintien de la paix et le salut de la civilisation, c’est que le prolétariat rassemble toutes ses forces qui comptent un grand nombre de frères, Français, Anglais, Allemands, Italiens, Russes et que nous demandions à ces milliers d’hommes de s’unir pour que le battement unanime de leurs cœurs écarte l’horrible cauchemar.
Auteur(s) :
CNFPT