Les centres et services de documentation dans leur environnement

Modifié le 16 mai 2023

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Dernière mise à jour : janvier 2016

Nous vivons dans une société où la maîtrise de l’information engendre le savoir, qui lui-même permet les changements et réalisations à même d’améliorer la vie personnelle et professionnelle.

La « maîtrise de l’information » (information literacy) est une préoccupation de l’UNESCO qui a publié un rapport en 2008 sur ce sujet1.

A la suite de ces réflexions, L’IFLA (Fédération Internationale des Associations de Bibliothécaires et des Bibliothèques) a établi en 2011 une série de recommandations dont voici un extrait :

« La maîtrise de l’information et des médias correspond à des connaissances, des attitudes et une somme de compétences nécessaires pour savoir de quelle information on a besoin et à quel moment ; où et comment l’obtenir ; comment en faire une évaluation critique et l’organiser une fois qu’on l’a trouvée ; et comment l’utiliser de façon éthique. Le concept s’étend au-delà des technologies de l’information et de la communication, englobant l’apprentissage, la pensée critique et les compétences interprétatives à travers et au-delà des frontières professionnelles et éducatives. La maîtrise de l’information et des médias inclut toutes les ressources informationnelles : orales, imprimées et numériques. »

Une fois ces enjeux posés, venons-en à la place et au rôle des centres de documentation et aux compétences de leurs professionnels dans les collectivités locales.

1. Missions et rôles

La fonction documentaire consiste à collecter, organiser, traiter, diffuser des documents, informations et outils de recherche, en réponse à des besoins d'information d’un ou de plusieurs publics spécifiques dénommés « utilisateurs ».

A la différence des bibliothèques, le rôle des centres et services de documentation n’est pas généraliste mais essentiellement dévolu à la réponse aux besoins professionnels des organisations et de leurs personnels.

Par ses activités documentaires, le documentaliste de collectivité territoriale apporte un soutien aux missions stratégiques et opérationnelles de sa collectivité, et en particulier une aide à la décision.

Les usagers du centre ou du service de documentation attendent du documentaliste des compétences bien spécifiques : techniques de recherche, validation de l’information fiable et pertinente pour les besoins de la collectivité, capacité à répondre aux attentes et à être réactif.

La fonction documentaire évolue fortement sous l’effet des nouvelles technologies de l’information et de la documentation (NTIC). On parle ainsi de plus en plus d’une fonction information/documentation (ou infodoc)2.

Plusieurs métiers proches gravitent autour de la gestion et de la mise en valeur de l’information. Convergence d’intérêt, de matière, de missions, de technologie, caractérisent en effet les métiers de la documentation, des bibliothèques, des archives et du web. L’ADBS (Association des Documentalistes et Bibliothécaires Spécialisés) a réalisé une cartographie des métiers qui illustre la segmentation et la spécialisation des fonctions mais aussi la forte interaction entre les différentes sphères d'activité3.

Ainsi cartographiée, la fonction documentaire doit définir et expliciter sa place spécifique au sein des métiers de l’information/documentation, et se situer précisément par rapport aux métiers de la communication et de l’informatique.

2. Environnement administratif

2.1. Positionnement du centre ou service de documentation

Le centre ou service de documentation territorial est une structure rattachée à la commune, au Département, à la Région, aux EPCI. Le rattachement hiérarchique est variable selon les collectivités. Dans un grand nombre de cas, il est rattaché à la Direction générale, ou à la DGA chargée des ressources, mais on peut les trouver également au sein d’une direction juridique, ressources humaines, culturelle …

Dans de nombreuses communes, les services de documentation peuvent être couplés aux services d’archives.

Les documentalistes travaillent en général au sein d'un service centralisé où ils consacrent leurs activités à l’ensemble de la collectivité. Plus rarement les documentalistes peuvent être répartis au sein de directions spécifiques. Il leur sera alors conseillé de travailler en synergie pour assurer une cohérence d’ensemble de la fonction documentaire au sein de la collectivité.

2.2. Statuts des personnels

Deux cadres d’emploi concernent les documentalistes :

  • Bibliothécaire territorial, spécialité documentation (catégorie A, filière culturelle)

Les bibliothécaires territoriaux (spécialité documentation) ont vocation à assurer la recherche, la constitution, le classement, la conservation, l’élaboration, l’exploitation et la diffusion de la documentation nécessaire aux missions des collectivités territoriales et de leurs établissements publics. Ils peuvent être nommés aux emplois de direction des services de documentation et des établissements contrôlés assurant les missions mentionnées ci-dessus. Dans les services ou établissements dirigés par un conservateur de bibliothèques, les bibliothécaires territoriaux ont vocation à remplir les fonctions d’adjoint du conservateur de bibliothèques ou à diriger l’un des secteurs d’activités de l’établissement.

Ils sont recrutés par concours, promotion interne ou détachement.

  • Assistant de conservation du patrimoine et des bibliothèques (catégorie B, filière culturelle). Ce cadre d’emplois comprend les grades d’assistant de conservation ; assistant de conservation principal de 2e classe ; assistant de conservation principal de 1re classe.

Ils participent, sous l’autorité d’un supérieur hiérarchique, aux responsabilités dans le traitement, la mise en valeur, la conservation des collections et la recherche documentaire. Ils peuvent être chargés du contrôle et de la bonne exécution des travaux confiés aux fonctionnaires de la catégorie C ainsi que de l'encadrement de leurs équipes.

Les titulaires des grades d'assistant de conservation principal de 2e classe et d'assistant de conservation principal de 1re classe peuvent diriger des services ou des établissements lorsque la direction de ces derniers par un agent de catégorie A n'apparaît pas nécessaire. Dans les services ou établissements dirigés par des personnels de catégorie A, ils ont vocation à être adjoints au responsable du service ou de l'établissement et à participer à des activités de coordination.

Ils sont recrutés sur concours externe et interne avec conditions de diplôme et/ou examen d'intégration en fonction du cadre d'emplois, ou sur concours de troisième voie.

3. Environnement documentaire et informationnel

Au sein d’une collectivité ou sur un territoire défini, les centres ou services de documentation gravitent au milieu d’autres structures institutionnelles parmi lesquelles ils auront à définir leur place.

3.1. Les Services d’archives

Services gestionnaires d’information locale, ils utilisent sensiblement les mêmes méthodes et outils de traitement de l’information que le milieu de la documentation, mais dans une optique de conservation et de valorisation du patrimoine. Leurs missions sont garanties par les textes réglementaires et ils participent du mouvement de modernisation de l’administration.

Les services d’archives s’orientent vers les fonctions de « Records Management », que l’on peut traduire par « gestion des documents d’activité », fonction dans laquelle des compétences croisées avec celles des documentalistes dialoguent. Chacun des deux métiers peut dans cet objectif travailler sur des normes d’organisation des documents produits au sein de l’institution.

3.2. Les Centres de ressources

L’appellation de « centre de ressources » bénéficie d’une terminologie plus « moderne » que celle de « centre de documentation » et marque davantage la proximité revendiquée avec le public dans une relation de partenariat.

Sous cette appellation, on peut rencontrer des structures destinées à soutenir l’action des acteurs de terrain. Leurs activités étroitement coordonnées, intègrent la mise en réseau de professionnels (scientifiques, Etat, collectivités, entreprises, associations …), la formation et qualification des acteurs, et la mise à disposition d’information et de ressources documentaires, y compris pour le grand public.

La démarche du centre de ressources se décline de différentes façons qui se conjuguent et se complètent : échanges d’expériences et de réflexion, groupes de travail avec un objectif de production et/ou de confrontation, mise à contribution des chercheurs et experts, publications, documentation…

3.3. Les bibliothèques patrimoniales

Partie prenante de la connaissance et de la compréhension des territoires, les bibliothèques patrimoniales disposent de fonds locaux et régionaux anciens ou rares. Ce sont des sources majeures pour l’histoire politique, scientifique, littéraire, artistique ou technique d’un territoire. Ce sont également les meilleures traces de la diffusion des idées et des courants culturels.

Les bibliothèques patrimoniales ont vocation à mettre en lumière pour le grand public aussi bien que pour les professionnels des documents remarquables car peu connus et rarement consultés, mais rendus accessibles par le numérique et les catalogues en ligne.

3.4. Les cellules de veille

Plusieurs nécessités impliquent la mise en place de cellules de veille dans les institutions. Il peut s’agir de veille stratégique, scientifique et technique ou prospective. Les cellules de veille identifient les sources et développent un système d’information adapté aux besoins d’anticipation pour une bonne prise de décision. Une cellule de veille est pluridisciplinaire, faisant collaborer experts métiers et professionnels de l’information.

3.5. Les Learning-center

Le concept de Learning-center vient d’Outre-Atlantique et s’est développé en Europe ensuite. Il s’agit de centres qui associent un ensemble de services pédagogiques et technologiques, avec un accent mis sur l’assistance à l’usager. D’abord lié à l’enseignement supérieur, le modèle concerne aussi les bibliothèques publiques.

L’intérêt du modèle de Learning center réside principalement dans une vision plus globale et plus intégrée de l’acquisition et de la diffusion des connaissances (enseignement, documentation, recherche) face au modèle traditionnel séparant d’une part approche pédagogique, d’autre part fourniture d’informations et de documents pour la bibliothèque universitaire.

4. Gouvernance de l’information

En lien avec l’essor de la dématérialisation et la réforme institutionnelle, de plus en plus de collectivités mettent en œuvre une stratégie pour valoriser et maîtriser l’ensemble de leurs informations structurées et non structurées pour en disposer dans les processus clés de prise de décision et assurer la gestion et la gouvernance de ces informations.

Qualité, sécurisation des données et maîtrise du cycle de vie du document sont trois priorités essentielles.

En termes de pilotage de la gouvernance de l’information, les directions générales confient largement le rôle de leader aux directions informatiques. Cependant le positionnement du documentaliste, sa compétence, associée à celle des archivistes et des informaticiens, est incontournable pour assurer une gouvernance optimale de l’information. La fonction « infodoc » assurera une bonne structuration du système d’information et de la mémoire vivante de l’institution.

Ainsi la collectivité peut bénéficier de procédures rigoureuses tant sur le traitement des contenus (validation, indexation, classification) que sur la structuration de l’outil de gestion (ergonomie, navigation) et sur l’animation et la pérennisation du projet (sensibilisation et formation des acteurs).

5. Partenariats, réseaux, associations professionnelles

Un réseau documentaire est un ensemble d'entités qui s'associent selon des critères variés (proximité géographique, thèmes d'intérêt, fonctions assurées, etc.) pour collaborer à des objectifs communs, comme un catalogue collectif, une banque de données établie par plusieurs producteurs, un dispositif de prêt entre bibliothèques, un réseau de lecture publique, un catalogue d'adresses électroniques sur le réseau Internet, etc. (définition de l’ADBS).

Les documentalistes territoriaux pratiquent fréquemment le travail en réseau au plan local. C’est un enrichissement mutuel en termes de procédures, outils, développement des connaissances, formation …

De même, au sein de sa collectivité, le documentaliste a une vision et une connaissance transversale des besoins, des caractéristiques, des sources d’information sur lesquels il travaille au service de ses publics. Cette transversalité explique l’importance du réseau de relations, tant en interne qu’en externe, auquel un documentaliste doit s’intéresser pour construire et mettre en œuvre sa politique documentaire.

En voici quelques illustrations :

5.1. Réseau de correspondants internes

On trouve dans les collectivités des agents chargés de la gestion des abonnements et du budget documentaire pour leur propre direction, des agents qui relaient et rediffusent à leurs équipes les informations de provenances diverses (service de documentation, information interne, réseaux métiers).

Le documentaliste doit repérer ces personnels qui, dans les directions opérationnelles, sont chargées de fonctions de gestion de l’information. Contactées, invitées à visiter la documentation, à connaître les procédures documentaires, à participer à des réunions, mises en relations avec leurs collègues des autres directions, formées à la recherche et à la gestion rigoureuse des documents, elles participeront de la gouvernance documentaire et feront d’excellents relais de communication.

5.2. Réseaux information / documentation territoriaux

Ce type de réseau se donne pour objectif de mettre en relation et de valoriser l’ensemble (ou une partie) des centres et structures documentaires présents sur un territoire donné et œuvrant sur des domaines divers.

- REDOCEA : un réseau documentaire territorial

Le Réseau Documentaire d’Evry Centre Essonne et Associés est pluridisciplinaire. Son originalité est de regrouper sous forme associative de nombreux professionnels et lieux-ressources, centres de documentation, d'archives, bibliothèques, généralistes ou spécialisés, sur le territoire de la Communauté d'Agglomération.

Les participants sont signataires d’une Charte du réseau, pour une offre documentaire pluridisciplinaire et dans des domaines très divers. Le REDOCEA parvient ainsi à faire connaître et mettre en valeur la diversité, la complémentarité et la disponibilité de l’offre documentaire, à favoriser la coopération et la mutualisation de moyens.

- Les Atlas du patrimoine

Les atlas de l’architecture et du patrimoine sont des outils de restitution, de communication et de diffusion de la connaissance du patrimoine ethnographique, archéologique, architectural, urbain, paysager, sous forme de cartes et de plans.

Ils sont alimentés par les services patrimoniaux du Ministère de la Culture et ses partenaires en matière de gestion du patrimoine et de recherche : services patrimoniaux des collectivités, établissements publics patrimoniaux.

5.3. Réseaux information / documentation sectoriels

On trouvera dans cette catégorie des réseaux qui se rassemblent autour de domaines et de thématiques liés.

  • PRISME

Le réseau PRISME4 est une association loi 1901, qui réunit près de 70 institutions adhérentes (écoles de travail social, institutions sociales et médico-sociales, collectivités territoriales, associations). Les documentalistes contribuent aux commissions de travail et mutualisent leur travail sur des produits et services :

  • Annuaire de sites du secteur social et médico-social
  • Négociations tarifaires et gestion de l’abonnement collectif au bouquet de revues Cairn et à des revues et ouvrages électroniques
  • Thésaurus en sciences et actions sociales
  • Produits documentaires
  • Sessions de formation
  • Banque de Données en Santé Publique (BDSP5)

La Banque de données en santé publique (BDSP) est un réseau documentaire d'informations en santé publique dont la gestion est assurée par l'Ecole des hautes études en santé publique (EHESP). Elle se compose de nombreux organismes publics. Les membres se partagent des activités d’alimentation d’une base documentaire, de mise à disposition d’un annuaire critique de sites en santé publique, de bibliographies, d’annonces de colloques et d’offres d’emploi. Toutes ces informations sont accessibles en ligne sur le site de la BDSP .

  • ASCODOCPSY

Près d’une centaine d’établissements de santé mentale se sont associés pour promouvoir et valoriser l’information et la documentation en santé mentale. Le réseau est devenu un groupement d’intérêt public (GIP) en 2000 pour pérenniser et renforcer son activité.

Ascodocpsy poursuit quatre objectifs : favoriser la coopération documentaire entre les établissements francophones de santé mentale, promouvoir le développement des centres de documentation par le recrutement de professionnels, la formation permanente et la création d’un statut de documentaliste, développer des partenariats avec les organismes acteurs dans le domaine de la santé mentale, renforcer la diffusion des publications francophones spécialisées en psychiatrie et sciences connexes.

  • Réseau documentaire MRE (Maison Rhodanienne de l’Environnement)

Financé par la Région Rhône-Alpes, le réseau documentaire MRE est composé d’une trentaine d’associations œuvrant sur le territoire rhodanien, dans le secteur de l’environnement, l’urbanisme, le cadre de vie, le développement durable.

Le réseau est structuré autour d'un catalogue documentaire collectif en ligne, la consultation et le prêt de documents et d’activités documentaires variées. Il est basé sur l'échange, la co-production, la mutualisation des savoirs, compétences et ressources.

5.4. Réseaux d’experts

Ces réseaux, dans le secteur public territorial, ne sont pas constitués principalement de documentalistes, mais d’experts de leur domaine. Les documentalistes y ont leur place tant pour y trouver des sources d’information, des ressources diverses, que pour valoriser et mettre en lien les acteurs de ces réseaux.

  • Expertpublic.fr : un réseau d’experts territoriaux. La plateforme ExpertPublic.fr est un espace communautaire et collaboratif dédié aux professionnels du management et de la gestion des collectivités territoriales et des services publics locaux. ExpertPublic.fr permet gratuitement :
    • de créer un profil pour échanger avec d’autres professionnels
    • de créer ou de rejoindre des espaces de discussion par affinités professionnelles
    • de créer et administrer un ou plusieurs blogs sur des thématiques en lien avec les préoccupations professionnelles des acteurs publics locaux.
    • d’échanger sur les bonnes pratiques du développement local grâce aux nombreux outils collaboratifs proposés sur le site
  • Réseau Interlocal / Idéal Connaissances

Ce réseau professionnel des collectivités territoriales est souvent animé par les documentalistes des collectivités adhérentes. Il a développé deux activités principales : l'animation de communautés professionnelles et la formation professionnelle des collectivités via des séminaires de formation et l'organisation de colloques nationaux.

Les partenaires contribuent à alimenter une bibliothèque en ligne qui constitue en soi une capitalisation d’expériences et de documents produits par les collectivités, réutilisables ou dont on peut s’inspirer. Ils participent à un réseau de questions/réponses et peuvent se constituer un carnet d’adresses des experts de leurs domaines dans les autres territoires.

5.5. Associations professionnelles

  • Association Interdoc

L’association INTERDOC rassemble près de 200 services de documentation adhérents, appartenant à des Conseils régionaux, départementaux, Intercommunalités, Mairies, Etablissements Publics locaux et autres organismes. Elle vise à favoriser au sein des collectivités locales les échanges sur les questions professionnelles concrètes, à mettre en place des outils documentaires partageables, à promouvoir le métier et à apporter assistance et conseils aux adhérents.

Des groupes de travail thématiques réunissent régulièrement les adhérents. Ils produisent des instruments de travail tels que plan de classement, thésaurus, catalogage partagé, répertoires de sources, cahier des charges type …

  • Association des Documentalistes et Bibliothécaires Spécialisés (ADBS) http://www.adbs.fr/ : l'objet de l'Association est de contribuer à la promotion de la documentation et de favoriser l'exercice de la profession de documentaliste ou de bibliothécaire ayant une activité documentaire, notamment par les moyens suivants :
    • développement des relations à l'intérieur de la profession par le biais de groupes régionaux et sectoriels, de réunions, visites, conférences, publications
    • défense des intérêts des professionnels de la documentation, en liaison avec les organismes intéressés, syndicaux ou patronaux, et avec les pouvoirs publics
    • perfectionnement de la formation professionnelle
    • études et recherches dans le domaine des sciences et techniques de l'information
  • Inter association Archives Bibliothèques Documentation (IABD) : l’IABD est un regroupement de 16 associations professionnelles qui se donne pour objectif de :
    • Favoriser l’accès du plus grand nombre à l’information et à la culture ;
    • Promouvoir et faire connaître les missions, activités et services des organismes œuvrant pour la collecte, la conservation, la mise en valeur et la diffusion des œuvres de l’esprit et de l’information, quels qu’en soient les supports ;
    • Etre force de proposition lors de la définition des politiques publiques dans le cadre des traités internationaux, des législations européenne et française ;
    • Exercer une veille sur toute question les concernant,
    • Représenter les associations qui la constituent auprès de tous partenaires et interlocuteurs,
    • Communiquer par tous moyens auprès du grand public et de publics et interlocuteurs ciblés.
  • Fédération Internationale des Associations et Institutions de Bibliothèques (IFLA) : l’IFLA regroupe 1500 membres répartis dans 150 pays. Elle représente au niveau international les intérêts des bibliothèques et services d'information, et de leurs usagers. C'est une organisation non gouvernementale qui a pour fonction de promouvoir les bibliothèques au niveau international, et d’élaborer des normes de haut niveau pour les services des bibliothèques. L'activité de l'IFLA est organisée autour des valeurs fondamentales que sont la liberté d'accès à l'information et la nécessité d'un accès universel et équitable à l'information.

6. Un métier évolutif aux multiples facettes

Les métiers de la documentation comportent plusieurs facettes. Métier technique en ce qu’il met en œuvre un certain nombre de « techniques documentaires » (que nous aborderons dans les fiches 5 à 9), c’est également un métier de la relation, car l’utilisateur doit être au cœur de sa réflexion, de sa politique documentaire et de son action. C’est enfin un métier du management : management de l’information, management de service.

Les besoins de la société ont changé. Les technologies de l’information et la révolution digitale ont entraîné une révolution des modes de recherche, de traitement et de communication de l’information. La fonction « documentation » a ainsi évolué vers une fonction « information » qui se décline en nombreuses spécialités6.

Le documentaliste a développé une expertise des outils numériques qui lui permet alors de démultiplier ses prestations et services et lui apporte un nouveau positionnement dans la collectivité.

Quelques évolutions sont particulièrement à mettre en évidence. Elles feront l’objet de développements dans les fiches suivantes.

6.1. Veille stratégique

La norme XP X 50-053 de l’AFNOR définit la veille comme « Une activité continue et en grande partie itérative visant à une surveillance active de l’environnement juridique, technologique, commercial, … pour en anticiper les évolutions ».

L'Association des professionnels de l'information et de la documentation (ADBS) définit ainsi le rôle de veilleur : « Le veilleur documentaliste alimente les décideurs d'une entreprise en informations sélectionnées et traitées en vue de les alerter sur l'évolution de l'environnement (technique, concurrentiel, économique, réglementaire, … de l’entreprise et de les aider dans leur prise de décision ».

On peut dire ainsi que la veille est un processus continu (itératif) qui :

  • Détecte et aide à l'anticipation des changements survenant dans l'environnement de l’organisation et susceptibles d’en affecter l'activité, signale les opportunités et informe sur les risques et les tendances (stratégie)
  • S’exerce sur des sources multiples (croisement)
  • Utilise une méthodologie et des outils (technique)
  • Aboutit à un traitement élaboré de l’information (valeur ajoutée)
  • Met en place des réseaux permettant la cartographie des flux et des acteurs (collaboration)

6.2. Médiation et animation

La fonction documentaire en collectivité territoriale est un métier de service, en l’occurrence un métier de service public, dont les dirigeants, cadres, agents territoriaux constituent le public cible. La fonction documentaire serait inefficiente si le documentaliste n’avait pas présent à l’esprit tout au long de ses processus de travail le but à atteindre qui est de faciliter l’accès à l’information pour son ou ses publics.

Les maîtres-mots en sont :

  • Accompagner l’usager à l’appropriation des technologies de recherche
  • Etre un guide et un conseil dans la recherche d’information
  • Mettre en relation l’usager et l’information, l’usager et les experts
  • Faciliter l’accès aux ressources : signalétique et bonne organisation des lieux, ergonomie des portails, octroi et gestion de mots de passe
  • Développer les pratiques collaboratives et l’animation de réseaux

6.3. Management des connaissances de la collectivité

Les productions intellectuelles des institutions doivent être considérées comme leur « matière grise ». Les cadres, les agents, les élus construisent les politiques publiques et traduisent ces politiques en production intellectuelle.

Cette matière grise est précieuse mais fragile. Si elle reste essaimée dans les différentes unités, mal protégée, peu gérée, elle a tendance à devenir rapidement invisible. Elle ne concrétise pas alors tout son potentiel intellectuel car, non connue, non réutilisée, elle ne peut participer à la capitalisation des connaissances ni à la création d’intelligence collective.

Soutien aux activités des services, le documentaliste participe étroitement à la réalisation des missions de l’institution. Pour reprendre l’expression d’Éric Sutter7, on pourra dire que « le professionnel de l’information/documentation a à relever le défi d’organiser la mobilisation de l’information comme composante de la qualité globale au sein des organismes et des entreprises ».

Le documentaliste ne doit pas passer à côté de cette richesse informationnelle potentielle. Au contraire, il devra faire valoir son expertise de gestionnaire de l’information. Cela lui assurera une implantation solide et une reconnaissance au sein de la collectivité, car il est à même d’apporter son expertise et ses forces de travail à toutes les étapes du processus : identification, collecte, analyse, capitalisation, structuration, diffusion et déploiement auprès des utilisateurs. La gestion de cette information permet de constituer et de valoriser un patrimoine de connaissances parfois sous-utilisé.

6.4. Architecture de l’information

L’architecture de l’information (AI) est la manière d’organiser et de structurer les contenus au sein d’un environnement d’information (site, appli, portail…) afin de les rendre compréhensibles au mieux par les utilisateurs.

On trouve sur le portail des métiers de l’internet (Ministère de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique) la définition suivante : « L’architecte d’information intervient en amont d’un projet de conception de site web, d’intranet ou de logiciel de grande envergure. Il définit la typologie et la classification des contenus, optimise la navigation et la recherche d’information en fonction des objectifs et du public visé et modélise l’ensemble dans des maquettes fonctionnelles. Il garantit « l’utilisabilité » du produit et la « trouvabilité » des informations et enrichit « l’expérience utilisateur ».

Pour citer Jean-Philippe Accart, « L’architecte de l’information est une des voies possibles et des plus prometteuses pour le documentaliste, il allie la conception technique des dispositifs, l’organisation des contenus (sous forme d’ontologies, de classement thématique, sémantique, de système de navigation par facettes) et le design interactif, le plus souvent sous forme de cartographies. Il serait le chaînon manquant entre le système d’information documentaire et le système d’information plus global. »8

  1. ^ Forest Woody Horton, Jr. 2008. Introduction à la maîtrise de l’information, UNESCO
  2. ^ Consulter la fiche Documentaliste (04/D/30) du répertoire des métiers du CNFPT
  3. ^ http://www.adbs.fr/carte-metiers-adbs-2013-132079.htm
  4. ^ http://www.documentation-sociale.org
  5. ^ http://www.bdsp.ehesp.fr/
  6. ^ Consulter à ce sujet l’article de Véronique Mesguish « Une nouvelles fonction information émerge ». In Archimag, guide pratique n° 48, août 2013
  7. ^ Sutter, E. 2010. Qualité et information-documentation
  8. ^ Accart, JP. Newsletter Archimag, 8 avril 2015

Auteur(s) :

NOET Françoise

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