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Les concours de la FPT

Dernière mise à jour : novembre 2015

Introduction

Les collections en support papier représentent plus de 80% des collections des bibliothèques municipales. Nous y incluons principalement les livres et les périodiques.

Nous dirons d’abord quelques mots sur l’histoire de ce support avant de faire un état des lieux de l’édition actuelle, pour terminer sur une typologie des documents papiers présents en bibliothèque.

1. Evolution et modes de diffusion de l’écrit et du support papier

1.1. Evolution des supports de l’écrit

1.1.1. Apparition de l’écrit : des tablettes au papier

L’histoire des supports de l’écrit est étroitement liée aux nécessités de diffusion des documents produits par les hommes. Les premiers écrits datent du IIIe millénaire avant J.C. et ont été fixés sur des planchettes de bois ou des tablettes enduites de cire. Chaque civilisation a utilisé les supports disponibles en fonction de son environnement : l’argile chez les Mésopotamiens, le bambou chez les Chinois, le papyrus chez les Egyptiens. Le parchemin fera son apparition plus tard (IIe siècle avant J.C., à Pergame, en Turquie actuelle) : contrairement au papyrus, il est souple et peut-être utilisé sur les deux faces. Mais il est très cher. Le papier fera son apparition au XIIIe siècle, et connaîtra son essor avec l’invention de l’imprimerie puis la Réforme qui font exploser la demande.

Avec l’augmentation de l’utilisation de ces écrits, sont nés des supports plus « compacts » où l’on peut mettre plus de texte : on passe ainsi au rouleau de parchemin, ou volumen, puis au codex, ou livre, avec le papier.

1.1.2. La révolution de l’imprimerie

Avec la demande de plus en plus pressante, les hommes de la Renaissance doivent innover. La solution est trouvée en 1449 par un orfèvre allemand du nom de Johannes Gutenberg qui fixe sur des plaques de bois les lettres en métal de l'alphabet. L’utilisation de caractères mobiles permet de les combiner à l’infini pour créer de nouveaux textes.

Peu à peu, le livre se détache du modèle du manuscrit pour devenir un objet très différent et aux usages multiples.

Les premiers ouvrages imprimés entre 1450 et 1500 sont ainsi nommés « incunables » terme qui signifie « berceau » en latin.

A partir de cette date, l’essor du livre est inéluctable : l'imprimerie participa en effet largement à la Réforme puisqu'on estime qu'entre 1517 et 1520, plus de 300 000 exemplaires des écrits de Luther furent diffusés en Europe.

Un autre bouleversement aura lieu au XIXe siècle avec l’invention et le perfectionnement de l’imprimerie mécanisée au XIXe siècle, qui permet la massification des usages du livre.

1.2. La production et la diffusion des supports papier aujourd’hui

FICHE 1 - Le support papier_WKT_html_53e84d14.png

La chaîne du livre en France1

FICHE 1 - Le support papier_WKT_html_2dcea50b.jpg

La répartition du prix du livre2

1.2.1. Production

1.2.1.1. Les livres

En France il y a 3000 structures éditoriales qui référencent au moins un titre, et 1000 maisons d’édition ayant une activité régulière. Mais cette diversité quantitative ne masque pas la forte concentration du marché du livre en France. 12 groupes éditoriaux totalisent en effet 80% des ventes. Pourtant, des études prouvent que les petits éditeurs gardent une légitimité culturelle forte, et qu’ils conservent un rôle important de découvreur.

L’édition française reste d’une grande richesse avec plus de 45 000 titres publiés en 2014. Certains secteurs sont pourtant plus dynamiques que d’autres, tels les livres pour la jeunesse (avec une forte expansion et une forte standardisation) ou les bande-dessinées.

Ces deux genres sont très présents en bibliothèque, et ce sont souvent ceux dont les taux d’emprunt sont les plus importants. Le rayon pratique est aussi en expansion, en particulier les livres de cuisine, les guides de voyage ou les documentaires consacrés au bien-être.

Cependant, la littérature romanesque correspond à 80% du chiffre d’affaire global des éditeurs, grâce aux best-sellers qui font que la rentabilité d’une politique éditoriale repose sur 1/10e de la production.

1.2.1.2. La presse

Nous revenons ici sur quelques tendances de la presse en France. Très concentrée (les 10 titres les plus vendus représentent 78,8% du chiffre d’affaires du secteur), celle-ci est financée pour une large part par la publicité : cet état de fait explique en partie que la concurrence des autres médias mette à mal les ventes annuelles, en particulier la presse quotidienne nationale.

Le développement de la presse en ligne y est aussi pour beaucoup, comme nous le verrons dans la fiche 5 sur le numérique.

1.2.2. Diffusion

1.2.2.1. Diffuseurs et distributeurs

Le rôle du diffuseur est d’assurer la promotion des ouvrages auprès des points de vente. Pour cela les représentants sillonnent le territoire pour distribuer offices et remises, directement dans ces points de vente. Pour les plus petites maisons d’édition, ce travail est sous-traité à un autre éditeur plus important.

Le distributeur, quant à lui, assure la logistique de l’éditeur aux points de vente. Il gère le stock, la préparation des colis, les envois, s’occupe de la gestion des commandes, de la facturation, etc. Les maisons d’édition importantes ont leur propre distributeur (Volumen pour La Martinière/le Seuil ; Sodis pour Gallimard), qui assure aussi la prestation pour les petits éditeurs.

Ces deux intermédiaires récupèrent un pourcentage plus ou moins important sur le prix du livre (cf. graphique infra).

1.2.2.2. Points de vente du livre

On peut esquisser une typologie rapide de ces points de vente, qui sont le dernier maillon de la chaîne du livre :

  • Librairie
  • Grandes surfaces spécialisées : Fnac, Virgin, Leclerc, Cultura
  • Grandes surfaces non spécialisées (alimentaires)
  • Autres : maisons de la presse, papeteries, commerces spécialisés, bouquinistes, vente en club

A tous ces points de vente, on peut y rajouter maintenant la librairie en ligne, liée à des librairies existantes ou uniquement virtuelles.

En France, la loi Lang sur le prix unique du livre a permis à un réseau de librairies indépendantes de survivre au milieu des mastodontes de la vente de livres. Le prix unique du livre assure en effet au libraire que le prix soit identique partout en France, quel que soit le point de vente. La remise maximum autorisée est de 5% du prix. Les collectivités (et les bibliothèques parmi elles) obtiennent une remise de 9%.

En 2007, le Ministère de la Culture a renforcé le dispositif de protection en créant le label Librairie indépendante de Référence (LIR) ; ce label exonère de taxe professionnelle les librairies qui répondent à certains critères de qualité.

Cependant, cela n’empêche pas les librairies de subir les lois du marché qui les forcent à un taux de rotation très rapide : si l’ouvrage n’est pas vendu dans les premières semaines, il est retourné à l’éditeur. Avec l’augmentation constante des nouveautés, le poids des offices augmente et complique la gestion comptable et logistique du libraire qui supporte de lourds coûts de retour de ces offices.

En 2013, le Syndicat de la Librairie française a commandité une étude sur la situation économique et financière des libraires, très alarmante : les ventes baissent (sauf l’e-commerce), les banques resserrent l’étau, le stock se réduit tout comme les effectifs . Pour autant, le commerce de livres survit, en particulier grâce aux ventes en ligne ainsi qu’aux nombreuses aides de l’Etat. Les librairies labellisées LIR restent ainsi assez dynamiques, avec une hausse de leur chiffre d’affaire entre 2005 et 2011 : elles jouent la carte de l’attractivité avec des conseils personnalisés, une mise en valeur de leurs fonds, etc.

2. Typologie des médias imprimés en bibliothèque

2.1. Les monographies

En bibliothèque, on parle de monographies, pour les dissocier des périodiques, aussi appelés publications en série.

Les monographies peuvent prendre la forme d’un livre ou d’une brochure (document entre 5 et 48 pages).

Selon la norme Z4450, une monographie est « un ouvrage formant un tout, en un ou plusieurs volumes, soit qu’il paraisse en une seule fois, soit que sa publication s’étende sur une durée limitée selon un plan établi à l’avance ».

C’est une publication achevée qui possède une unité intellectuelle et un ISBN. L’ISBN (International Standard Book Number) est une invention éditoriale mise en place pour faciliter le commerce du livre, qui a été reprise dans un cadre bibliographique. Ce numéro, composé d’un préfixe et de 13 chiffres, est attribué par l’AFNIL (agence francophone pour la numérotation internationale du livre), basée à la BnF.

Selon Henri-Jean Martin, un livre est une « suite de feuillets manuscrits ou imprimés assemblés dans l’ordre où ils doivent être lus, ou dans l’ordre le plus propre à une consultation aisée » . Cette définition est importante car elle met en relief toute la difficulté aujourd’hui de définir un livre numérique ou un texte électronique.

En 2007, les livres composaient 81% des collections des bibliothèques municipales et 71% des emprunts.

2.1.1. Manuscrits et livres anciens

Les manuscrits sont peu présents dans les bibliothèques municipales puisque la conservation est davantage l’apanage de la bibliothèque nationale ou de bibliothèques spécialisées. Dans de rares cas, les bibliothèques municipales peuvent être chargées de missions patrimoniales, par exemple la bibliothèque Méjanes à Aix-en-Provence. Ce sont alors des bibliothèques municipales classées (BMC) : une convention les lie au Ministère de la Culture et de la Communication pour une durée de 3 ans, renouvelable.

Le plus souvent, les collections de manuscrits sont gérées au sein de services spécialisés dans la conservation et la valorisation du patrimoine. Ils sont visibles pour le grand public lors d’expositions, par exemple à la BnF.

On peut établir une typologie rapide des manuscrits conservés en bibliothèque :

  • Livres médiévaux (création de 476 à 1450 c’est-à-dire entre la chute de Rome, qui marque la fin de l’Antiquité, et l’invention de l’imprimerie).
  • Manuscrits d’archives (actes politiques et juridiques, traités, ordonnances et jurisprudences)
  • Archives publiques (mais elles sont de moins en moins présentes dans les bibliothèques).
  • Manuscrit documentaire (correspondance, journaux, écrits non destinés à la publication).
  • Manuscrit littéraire (beaucoup datent du XIXe siècle, les écrivains ayant suivi l’exemple de Victor Hugo qui lègue ses manuscrits à la Bibliothèque nationale en 1881)

Des fonds de manuscrits importants sont présents à la bibliothèque de l’Arsenal : elle compte 1400 livres médiévaux et 6000 manuscrits divers.

Les fonds anciens en bibliothèque sont délimités par la date de 1810 : à cette date, la Bibliographie nationale de France est créée, on y recense les fonds d’imprimés contemporains et on entre dans l’ère de la modernité.

Depuis la fin du XXe siècle, le XIXe a aussi tendance à être englobé dans la catégorie des fonds anciens. Cette évolution est actée par la charte des bibliothèques (élaborée par le Conseil supérieur des bibliothèques) de 1991 qui donne cette définition : « un document ancien est un document vieux de plus d’un siècle. ».

2.1.2. Livres contemporains

Les livres contemporains constituent la collection la plus importante dans les supports papier des bibliothèques publiques. Ces collections sont subdivisées autour de deux grands types de livres : les documentaires et les œuvres de fiction. A l’intérieur de ces types, on trouve une autre subdivision, entre livres pour la jeunesse et livres pour les adultes.

Selon les bibliothèques, les collections peuvent être organisées par type de documents ou par type de publics, ou un mélange des deux classements.

2.1.3. Autres formes du livre

Ils peuvent se présenter sous différentes formes : livres en gros caractères, livres d’art, flip book, pop-up, livres animés, en tissus, en plastique, etc.

2.2. Les périodiques

Les publications en série ont pour principales caractéristiques leur périodicité (régulière, jamais achevée) et leur mode de publication (en fascicules ou en volumes successifs.) Elles sont une création collective et ont souvent une forme très éclatée.

Elles sont identifiées par un ISSN (International Standard Serial Number) qui renseigne sur le type de publication. Les ISSN sont établis par le Centre international ISDS (International Serial Data System, créé en 1973) puis attribués par les centres nationaux de l’ISSN. En France, c’est la BnF qui remplit ce rôle.

Les publications en série les plus courantes en bibliothèque sont les périodiques : ils correspondent à ce qu’on appelle les titres de presse (journaux, magazines, revues).

On peut en faire une typologie rapide :

  • Presse quotidienne, nationale ou régionale. A noter que ces titres subissent la concurrence des quotidiens gratuits type Métro, 20 Minutes ou Direct Soir qui n’apparaissent pas en bibliothèque.
  • Presse magazine : informative et d’actualité, sa régularité est plus espacée, et ses publications sont organisées autour de thématiques. Ce type de publication permet de couvrir des domaines peu actualisés par l’édition de livres (couture, photo numérique par exemple), de vulgariser des champs difficiles d’accès pour le grand public (l’informatique, entre autres), ou d’approfondir certains domaines. En bibliothèque, on trouve parfois ces magazines directement en rayon avec les livres, par exemple les nouvelles revues trimestrielles, type Long Cours ou XXI qui proposent des articles de fonds.
  • Revues : ce sont des publications plus sérieuses, littéraires ou scientifiques qui visent à faire connaître l’état des recherches, les débats d’idées en cours. Exemple : Sciences et Vie, Le Magazine Littéraire, etc.

On peut aussi y classer les revues professionnelles de type Livres Hebdo ou la Revue des Livres pour enfants qui répertorient les sorties de documents et aident les professionnels pour les acquisitions.

Pour aller plus loin

  • Association des Bibliothécaires de France et Alix, Yves (dir.). 2010. Le métier de bibliothécaire, Paris : Cercle de la Librairie.
  • Cazenobe, Adrienne. 2010. Les collections en devenir : typologie des documents, politique et traitement documentaires, Paris : Éditions du Cercle de la librairie.
  • Albert, Pierre. 2008. La presse française, Paris : La Documentation française.
  1. ^ Source : Ministère de la Culture - http://www.culturecommunication.gouv.fr/Politiques-ministerielles/Livre-et-Lecture/Economie-du-livre/Marche-du-livre [consulté le 10/11/2015]
  2. ^ id.

Auteur(s) :

COURTEL Sophie

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