La formation des usagers des bibliothèques

Modifié le 11 décembre 2023

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Les concours de la FPT

Par Coline Renaudin
Dernière mise à jour : juin 2023

1. La formation des usagers : une mission essentielle des bibliothèques

Le Manifeste de L'IFLA et Unesco de 1994 déclare que « la bibliothèque publique, porte locale d'accès la connaissance, remplit les conditions fondamentales nécessaires à l'apprentissage à tous les âges de la vie, à la prise de décision en toute indépendance et au développement culturel des individus et des groupes sociaux. » à ce titre, La formation des usagers en bibliothèques publique répond donc aux préconisations issues de la Charte des bibliothèques du Conseil supérieur des bibliothèques et de ce Manifeste. Le Manifeste de l'Unesco déclare également que les missions des bibliothèques sont de « soutenir à la fois l'auto-formation ainsi que l'enseignement conventionnel à tous les niveaux », « fournir à chaque personne les moyens d'évoluer de manière créative », et de « faciliter le développement des compétences de base pour utiliser l'information et l'informatique ». La Charte des bibliothèques déclare quant à elle dans son article cinq que « l'accès du public à l'information, la formation et à la culture est d'abord assuré dans le cadre du réseau des bibliothèques de lecture publique ».

Enfin, la loi sur les bibliothèques de décembre 2021 déclare :

« Art. L. 310-1 A.-Les bibliothèques des collectivités territoriales ou de leurs groupements ont pour missions de garantir l'égal accès de tous à la culture, à l'information, à l'éducation, à la recherche, aux savoirs et aux loisirs ainsi que de favoriser le développement de la lecture. A ce titre, elles :
« 1° Constituent, conservent et communiquent des collections de documents et d'objets, définies à l'article L. 310-3, sous forme physique ou numérique ;
« 2° Conçoivent et mettent en œuvre des services, des activités et des outils associés à leurs missions ou à leurs collections. Elles en facilitent l'accès aux personnes en situation de handicap. Elles contribuent à la réduction de l'illettrisme et de l'illectronisme. Par leur action de médiation, elles garantissent la participation et la diversification des publics et l'exercice de leurs droits culturels ;
« 3° Participent à la diffusion et à la promotion du patrimoine linguistique ;
« 4° Coopèrent avec les organismes culturels, éducatifs et sociaux et les établissements pénitentiaires.
« Les bibliothèques transmettent également aux générations futures le patrimoine qu'elles conservent. A ce titre, elles contribuent aux progrès de la connaissance et de la recherche ainsi qu'à leur diffusion.
« Ces missions s'exercent dans le respect des principes de pluralisme des courants d'idées et d'opinions, d'égalité d'accès au service public et de mutabilité et de neutralité du service public. »

On le voit donc, la formation des usagers constitue une mission essentielle des bibliothèques. Comment s'organisent ces formations et quelles formes prennent-elles ?

2. La formation des usagers en bibliothèque de lecture publique

En bibliothèque de lecture publique, les formations aux usagers ont débuté sous l'impulsion de la Bibliothèque Publique d'Information qui a, dès son ouverture, mis l'accent sur l'autoformation. L'objectif des espaces d'autoformation en bibliothèque est de conquérir un public adulte, avec ou sans emploi. Sont alors proposées des laboratoires de langue, des logiciels de bureautique et d'informatique, ou encore pour préparer le permis de conduire ou réviser son baccalauréat.

À côté des propositions d'autoformation, on trouve dans les bibliothèques des propositions de formation, par le personnel de la bibliothèque (« Comment chercher dans le catalogue ? » « Comment utiliser les ressources numériques de la bibliothèque ? »…) ou par des prestataires extérieurs (Pôle emploi, associations, missions locales...), sur des thématiques comme l'apprentissage de la langue française ou d'une langue étrangère, ou encore la rédaction de CV ou les premiers contacts avec l'informatique (internet, messagerie, recherche d'emploi…). La formation pour adultes est alors pensée comme différente de l'apprentissage scolaire : la bibliothèque n'est pas l'école, et il s'agit alors de solliciter l'activité des participants via l'échange et la co-production de savoir. De plus en plus dans les bibliothèques, les formations sont d'ailleurs conçues pour être dispensées par un usager à d'autres usagers : la dimension horizontale de transmission du savoir est alors beaucoup plus intéressante que la transmission verticale. C'est cette idée qui est développée, entre autres, par le concept de bibliothèque troisième lieu. La culture est considérée comme une matière vivante à laquelle tous peuvent contribuer, sous une forme ou une autre. Les ateliers, débats, rencontres, échanges proposés dans les bibliothèques incitent chacun à devenir acteur du lieu. Il s'agit alors pour les bibliothèques d'être au plus près des pratiques actuelles, en collaborant à l'élaboration d'un bien collectif. On trouve alors dans les bibliothèques, au choix, des formations à la recherche d'emploi, des conseils juridiques, de bricolage ou en matière de santé, des ateliers couture ou tricot, du soutien scolaire, des permanences d'associations qui soutiennent les femmes, les migrants… ou encore des cours de danse ou de yoga. Ces propositions sont développées à l'extrême dans les Idea Stores anglaises, qui sont à la fois des centres de ressources informatiques, des centres de conseil, des lieux où est proposée en permanence de la formation, de l'aide aux devoirs...

En janvier 2014, l'Association des bibliothécaires français édite un billet qui déclare que la formation des usagers aux outils informatiques est une nécessité. Le personnel des bibliothèques est ainsi en pleine mutation, en lien avec l'évolution de ces technologies. Il est alors nécessaire de former les personnels des bibliothèques afin qu'eux-mêmes soient capables de former les usagers. L'accent est alors mis non sur les « digital natives » mais sur les « digital immigrants », les seniors par exemple, qui ont besoin d'être formés aux outils numériques pour pouvoir participer à la société active. La bibliothèque, en formant aux outils numériques, joue un rôle d'inclusion très actif.

3. La formation des usagers en bibliothèque universitaire

En bibliothèque universitaire, les formations aux usagers sont des formations d'aide à la recherche dans les ressources de la bibliothèque, et celles-ci peuvent se faire sur place, à distance (par mail, téléphone ou chat), ou encore sur demande d'un enseignant ou dans le cadre d'un cursus universitaire. Certaines bibliothèques universitaires mettent également en place des ateliers sur des sujets précis : connaissance et utilisation d'encyclopédies, collaboratives ou non, ou de moteurs de recherche spécifiques, apprentissage des logiciels de bibliographique tels que Zotero, connaissance de l'environnement sur le net (flux rss, agrégateurs de données, réseaux sociaux…). Enfin, les formations aux usagers en bibliothèque universitaire peuvent prendre la forme d'aide à la recherche dans des disciplines spécifiques. La formation est un axe stratégique fort dans le positionnement pédagogique de la bibliothèque. En effet, la formation à la maîtrise de l'information est conçue comme un enjeu prioritaire pour la réussite des étudiants et un levier important pour favoriser les collaborations entre les bibliothécaires et les équipes pédagogiques. Affirmer cela, c'est faire toute sa place à la bibliothèque dans l'offre générale de formation que dispensent les universités.

Les nouveaux modèles de bibliothèques universitaires, appelés « Learning Centres », permettent de placer la formation et l'autoformation dans un véritable projet de service. En effet, prenant en compte le fait que les étudiants sont de plus en plus des consommateurs ayant une demande de flexibilité sur leurs temps et lieux d'apprentissage, utilisant de plus en plus le multimédia et ayant des besoins d'apprentissage individuels, les bibliothèques repensent leurs espaces et leur offre de formation. Le cœur de l'apprentissage à l'université ne se trouve alors plus dans les amphithéâtres et les cours magistraux mais dans ces centres de ressources pluriels. Les principes des « learning centres » sont les suivants : il faut que les étudiants soient dans un processus actif d'apprentissage, dans des environnements de travail équipées pour leurs besoins. Les bibliothèques intègrent alors un ensemble de ressources, de services et d'expertises dans un même lieu, pour que l'ensemble de la communauté étudiante puisse trouver tout ce dont il a besoin en un seul clic, y compris des zones de détente et de repos. On trouve des postes de travail informatique, des ressources multimédia à jour et innovante ainsi qu'une proposition d'e-learning. Toute l'aide de premier niveau est fournie par le personnel de la bibliothèque, qui devient l'unique centre de ressources pour l'ensemble de l'aide aux étudiants. Par ailleurs, en plus d'une aide pour leurs études, les étudiants trouveront un soutien personnel, en termes d'orientation par exemple. Les compétences des professionnels des bibliothèques sont alors considérablement élargies, puisqu'on leur demande d'être capables de dispenser des formations méthodologiques, de l'accompagnement, de la motivation et de la confiance, de l'assistance pour les questions d'information et d'informatique, du soutien académique ainsi que du tutorat.

Ainsi, les bibliothèques, qu'elles soient de collectivités locales ou universitaires, sont de plus en plus pensées comme des espaces conçus pour favoriser l'échange de connaissances. La collaboration constitue une façon porteuse pour les bibliothèques de répondre aux besoins réels des usagers, c'est-à-dire d'être parfaitement en phase avec leurs missions. C'est dans cette optique que quelques bibliothèques voient émerger en leur sein des « fablabs », c'est à dire des lieux d'échanges de pratiques, dans lesquels la formation s'appuie sur l'idée d'apprentissage par les pairs. Il s'agit de prendre part à la capitalisation des connaissances ainsi qu'à l'instruction des autres utilisateurs. Les bibliothèques deviennent alors des facilitatrices dans l'échange de savoirs et de pratiques entre les citoyens.

 

 

 

Auteur(s) :

RENAUDIN Coline

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