Famille :

Les concours de la FPT

Dernière mise à jour : juin 2023

1. Etymologie

Livre, liber en latin, est la pellicule qui est comprise entre l'écorce et le tronc d'un arbre. Biblion en grec signifie le papyrus.

Les bibliothèques sont des outils de partage du savoir et des lieux de mémoire. À toutes les époques, les missions des bibliothèques ont été de conserver des documents, dont des livres. Une bibliothèque est d’abord une collection organisée de documents mais aussi un bâtiment public, un lieu de sociabilité et un ensemble de ressources et de services.

2. Les bibliothèques dans l'Antiquité

L'Académie de Platon ainsi que le Lycée d'Aristote possédaient des bibliothèques, au IVème siècle avant JC. Vers 290 avant J.-C., la plus grande bibliothèque de l'Antiquité fut imaginée par Ptolémée Ier, à Alexandrie. Cette bibliothèque conservait quelques 400000 volumina et jouait un grand rôle comme centre d'études jusqu'à sa destruction partielle deux siècles plus tard, pendant la campagne d'Egypte de César. La première bibliothèque publique ouvrit à Rome en 39 avant JC.

Au Moyen-Âge, l’Église conserve les textes, qu'ils soient chrétiens ou païens. Les premières bibliothèques chrétiennes datent du IIème siècle et sont installées dans les sièges épiscopaux ou à Constantinople. Au IIIème siècle, les volumen (manuscrits en rouleaux) sont supplantés par le codex (ouvrage en feuilles pliées). Pendant tout le Moyen-Âge, les bibliothèques les plus importantes sont ecclésiastiques, et les monastères sont des centres de conservation, mais aussi de copies et d'étude (les Bénédictins au VIème siècle par exemple étudient les textes sacrés).

Le monde musulman dispose également de grandes bibliothèques : la bibliothèque des califes de Cordoue, au VIIIème siècle, est une grande bibliothèque riche de milliers de volumes.

En France, la bibliothèque du collège de la Sorbonne est fondée en 1257 et riche de mille volumes. La création des universités au XIIIème siècle permet à la lecture de gagner le monde laïc. Dans l'Europe entière le mouvement est similaire : ouverture de la 1ère bibliothèque publique à Florence en 1437, et les collections de l'Empire romain d'orient sont en partie ramenées en Europe à partir du XVème siècle, qui est aussi le siècle de l'invention de l'imprimerie.

3. La Renaissance et l'époque moderne

En France, de grands collectionneurs et penseurs (Mazarin, Richelieu, Colbert) créent des bibliothèques. La bibliothèque du Roi, créée en 1483 siècle par Charles VIII, est ouverte aux érudits. Gabriel Naudé, bibliothécaire, constitue pour le cardinal Mazarin une riche bibliothèque et rassemble les premiers principes de bibliothéconomie dans son Advis pour dresser une bibliothèque en 1627. Le XVIIème siècle voit apparaître les cabinets de lecture.

À partir du XIVème siècle, en France, la librairie est fortement encadrée par le pouvoir royal, qui souhaite avoir un regard sur tout ce qui est édité. Ainsi le Dépôt Légal est créé par l'Ordonnance de Montpellier en 1537, sous l'impulsion de François 1er. La Réforme voit au contraire se développer le commerce de livres à bas prix, permettant à chacun de lire soi-même les œuvres, en particulier sacrées. La lecture silencieuse participe au même mouvement et permet d'organiser les premières salles de lecture dans les bibliothèques. Parallèlement, l'édition de petits livres, facilement transportables et de coûts modérés – les manuscrits – sont édités par Alde Manuce à Venise, dès le début du XVIème siècle. Librairies et colporteurs, dans les grandes villes européennes, vendent des livres. La bibliothèque bleue est créée au XVIIème siècle, et participe de cette diffusion de l'écrit à bas prix.

Dans le même mouvement naissent et se développent les revues littéraires : la Gazette de Théophraste Renaudot paraît dès 1631, et est suivie par le Mercure galant puis le Mercure de France.

Cette époque pré-révolutionnaire voit se développer à grands pas le monde de l'édition au sens large : à partir de 1760, Panckoucke réédite des documents à succès, tels que l'Encyclopédie et édite le Moniteur universel. Émerge alors dans un même mouvement l'idée de droit d'auteur et de propriété littéraire grâce à Beaumarchais.

Les bibliothèques d'Ancien Régime sont essentiellement privées et appartiennent à des institutions religieuses ou des nobles. A la Révolution les livres du clergé, des émigrés, des universités, des académies et des sociétés savantes sont confisqués et placés dans des dépôts littéraires confiés aux communes, tels que la bibliothèque Sainte Geneviève ou celle de l'Arsenal. Le décret du 28/01/1803 est considéré comme l’acte de création des bibliothèques municipales.  Il s'agit par-là d'éduquer le peuple. L'analphabétisme recule alors, et les nouvelles inventions du XIXème siècle naissant, parmi lesquelles la stéréotypie, la lithographie puis la photogravure annoncent l'entrée dans l'industrie culturelle de masse. Ces inventions sont suivies par la rotative, qui permet à la presse périodique de connaître une progression rapide.

Ces progrès technologiques permettent une diffusion à moindre coût : le Petit Journal (1863) est vendu cinq centimes et atteint le million d'exemplaires à la fin du siècle. Grâce au feuilleton naissent les romans populaires de Dickens ou Dumas. C'est également le début du métier d'éditeur, avec des figures telles que Hachette, Calmann Lévy ou Fayard, qui mènent une politique d'élargissement du public et de diffusion à bas prix, avec la bibliothèque Charpentier par exemple ou la bibliothèque de gare de Louis Hachette. Le premier best-seller qui paraît, le Tour de France par deux enfants, paraît à la fin du siècle, et la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse ouvre encore le champs des possibles. 

4. Et les bibliothèques ?

Sous la Restauration, les cabinets de lecture sont des lieux de sociabilité dans lesquels on peut louer des livres et des journaux. Par la suite, dès les années 1830 et les lois Guizot sur l'éducation, l’État commence à associer les bibliothèques à l'instruction. En 1862 une bibliothèque est créée dans chaque école primaire. Parallèlement, l'influence de la Ligue de l'enseignement de Jean Macé conduit à l'essor des bibliothèques populaires, et l’Église catholique crée le réseau des bibliothèques pour tous.

En 1879 est créé un certificat d'aptitude à la fonction de bibliothécaire pour les bibliothèques universitaires. De 1876 à 1906, la classification de Melvil Dewey, la création de l'Association des bibliothécaires américains ainsi que celle des bibliothécaires français et la fondation de l'Office international de bibliographie et la classification décimale universelle de Paul Otlet et Henri Lafontaine affirment davantage la professionnalisation du métier de bibliothécaire. En 1897 la bibliothèque nationale lance la première édition de son Catalogue général des imprimés.

À la fin du XIXème siècle, l'édition est soumise à un mouvement de concentration économique, dominé par de grands groupes tels qu'Hachette et les Presses de la Cité. Le livre est concurrencé par d'autres grands médias tels que radio, télévision et Internet. La loi Lang sur le prix unique du livre, en 1981, permet néanmoins à la librairie indépendante de perdurer face aux grands groupes.

Dans ce mouvement, les bibliothèques françaises voient leur essor dans ce XXème siècle, de façon assez balbutiante au départ. Les bibliothèques d'entreprises sont créées dans les années 30, et en 1924 est fondée l'Heure Joyeuse, qui fournit un modèle novateur de la bibliothèque jeunesse. En 1929 est créée une Commission de la lecture publique par arrêté du Ministère de l'Instruction publique, l'Association pour le développement de la lecture publique en 1936. La loi de 1931 définit la responsabilité de l’État envers les bibliothèques publiques en créant les bibliothèques municipales classées, bibliothèques soumises à un contrôle régulier de l’État. Les bibliothèques municipales sont à la fois des héritières des bibliothèques patrimoniales et des bibliothèques populaires : le modèle de bibliothèque publique est la réunion des bibliothèques d’étude (noble, à l’étage) et de la bibliothèque de prêt (au rez de chaussée avec des romans de quat’sous). Il ne doit plus y avoir une bibliothèque destinée aux notables et une destinée au peuple mais une seule et même bibliothèque pour répondre aux besoins de tous.

En 1945, la Direction des bibliothèques et de la lecture publique auprès du Ministère de l’Éducation nationale est créée, ainsi que les bibliothèques centrales de prêt, ancêtre des bibliothèques départementales, dans chaque département. Celles-ci sont destinées à desservir par bibliobus les communes de moins de 10 000 habitants. Dans le courant des années soixante, un programme de construction des bibliothèque universitaires est élaboré. L'association La Joie par les livres, association destinée à la littérature d'enfance est de jeunesse, est créée en 1963, ainsi que l'Ecole Nationale Supérieure des Bibs (ENSB), qui deviendra l'ENSSIB. Les bibliothèques de lecture publique sont également pointées du doigt : le rapport de 1968 sur la lecture publique en France, impulsé par le Président Pompidou, pointe la situation catastrophique et dégage les principes généraux d'une politique de lecture publique. Près de deux cents bibliothèques sont alors créées entre 1969 et 1975. En 1975, la Direction des bibliothèques et de la lecture publique est éclatée et répartie entre deux Ministères, celui de L’Éducation pour les bibliothèques scolaires et les bibliothèques universitaires et celui de la Culture pour les bibliothèques publiques et les bibliothèques de grands établissements. La Direction du livre devient la Direction du livre et de la lecture et son budget double en 1982. Par la suite, la rapport Miquel de 1989 pointe la situation des bibliothèques universitaires, et l’État met alors en place le schéma université 2000, un important programme de création et de rénovation des BU, en mettant l'accent sur leur informatisation. En 1989 est créé le Conseil Supérieur des bibliothèques, seul organisme à avoir compétence sur tous les types de bibliothèques. Celui-ci rédige en 1991 la Charte des bibliothèques, destinées à pallier l'absence de loi sur les bibliothèques. Cette charte n'a pas de valeur contraignante et n'a qu'un rôle consultatif. En 1994 est créée l'Agence bibliographique de l'Enseignement supérieur, ABES, dont la mission de départ est de mettre en œuvre le Sudoc, catalogue collectif des bibliothèques de l'enseignement supérieur. Ses missions ont ensuite été étendues dans plusieurs domaines de l'Information Scientifique et technique. Une loi sur les bibliothèques a été votée le 21 décembre 2021. Elle précise les rôles et missions des bibliothèques, sans pour autant avoir de valeur contraignante.

Aujourd'hui en France, il existe une centaine de bibliothèques universitaires regroupées en Services communs de la documentation, 97 bibliothèques départementales de prêt et 15600 lieux de lecture publique, qu'ils soient bibliothèques municipales ou points d'accès au livre. Les bibliothèques centres de documentation (BCD) sont implantées dans une école primaire sur quatre en moyenne, et sont souvent épaulées par une bibliothèque municipale. 18 % de la population est inscrite en bibliothèque municipale, ce qui est loin des chiffres des bibliothèques publiques de l'Europe du Nord ou des Etats-Unis.

Dans la société contemporaine, la place qu'occupe la bibliothèque est à la fois confortée et fragilisée par les évolutions sociales : augmentation générale du niveau de diplôme, accroissement des pratiques culturelles mais recul du nombre moyen de livres lus, et prise de distance à l'égard du livre en tant que référent culturel. La bibliothèque doit alors se développer afin d'être un lieu accueillant. C'est l'idée de la « bibliothèque troisième lieu » développée par Mathilde Servet en 2009 : la bibliothèque est un espace différent de la maison ou du travail, qui, à l'instar du café, s'entend comme un lieu de sociabilité, et propose des espaces où chacun peut se rencontrer, échanger et se réunir de façon informelle. Espace neutre et vivant, lieu œcuménique, la bibliothèque est alors un élément phare de la vie sociale de la communauté. La bibliothèque n'est plus alors le lieu où on ne fait qu'emprunter des documents : on s'y rencontre, on y échange, dans une atmosphère bienfaisante.

Auteur(s) :

RENAUDIN Coline

Tags :

Accès thématique

Accès famille

© 2017 CNFPT