Description archivistique et instruments de recherche

Modifié le 16 mai 2023

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Dernière mise à jour : novembre 2015

Un fonds d’archives scrupuleusement classé n’est pas exploitable tant qu’il n’a pas été décrit. La description archivistique est une opération intellectuelle qui a pour objectif de rendre compte du contenu des documents. Elle s’effectue du général (fonds ou ensemble de fonds) au particulier (article ou pièce) et consiste en une organisation hiérarchisée des informations données sur les documents. Elle est ensuite communiquée au public à l’aide d’un instrument de recherche.

La description des archives et la rédaction d’instrument de recherche sont des actions complémentaires et parallèles au travail de classement. La description s’articule selon un plan de classement :

  • le plan de classement choisi permet de structurer et organiser les notices descriptives les unes par rapport aux autres ;
  • les différents niveaux du plan de classement correspondent à différents niveaux de description.

1. Définitions et notions de base

Description archivistique : présentation intellectuelle et matérielle d’une unité de description, faite pour en donner une identification exacte et unique, en expliquer le contexte d’origine et en permettre l’exploitation administrative ou historique. Cette description est faite selon des normes internationales. Elle est mise en forme et présentée au public dans un instrument de recherche.

Niveau de description : niveau choisi pour la description de l’unité de description (fonds, série organique, sous-série organique, dossier, pièce) et qui détermine le type d’instrument de recherche à établir : à la description par fonds correspond l’état des fonds ou le guide, à la description par séries organiques, l’état sommaire ou l’état des versements, à la description par dossier le répertoire, à la description par pièce l’inventaire ou le catalogue.

Instrument de recherche : outil papier ou numérique mettant à disposition des informations contenues dans un ensemble de documents d’archives, de manière ordonnée, logique, et plus ou moins détaillée (descriptions), afin de les faire connaître au public.

2. Le choix du niveau de description

Il existe différents types d’instruments de recherche, différenciés par leur degré de précision, du plus général (synthétique) au plus détaillé (analytique). Tous peuvent être numériques, c’est à dire restituer les analyses dans l’ordre logique des cotes, ou méthodiques, c’est-à-dire organisés de manière thématique.

2.1. Les instruments de recherche synthétiques

2.1.1. L’état des fonds

C’est un instrument de recherche qui décrit de façon sommaire tout ou partie du contenu d’un dépôt d’archives par série ou par fonds, en fournissant pour chacun d’eux un certain nombre d’éléments de description (cotes, intitulé, dates extrêmes, importance matérielle). Il offre un aperçu d’ensemble des fonds conservés dans un dépôt et est structuré selon le cadre de classement.

Exemple : Jean Favier, Chantal de Tourtier-Bonazzi (dir.). 1980. Etat général des fonds des Archives nationales (5 tomes), Paris : Archives nationales.

2.1.2. L’état des versements

Il s’agit d’un état sommaire qui présente la totalité des versements effectués dans un même dépôt d’archives par une ou plusieurs administrations, en fournissant une description par versement. Ce type d’instrument de recherche est surtout utilisé pour les archives contemporaines, dont la cotation en continu (série W) n’a plus de signification méthodique, contrairement aux anciens cadres de classement. Il regroupe les versements selon un ordre logique des services, ou par grande fonction administrative. La circulaire AD 94-8 du 5 septembre 1994 le définit comme instrument de recherche règlementaire. Il doit comprendre, pour chaque versement : le sommaire du versement présenté par groupes d’articles, les dates extrêmes, le métrage linéaire et la date de communicabilité de la totalité du versement.

Exemple : Christine Nougaret (dir.). 1991. Etat des versements effectués aux archives municipales de Nantes de 1983 à 1990, Nantes : Archives municipales.

2.1.3. L’état des inventaires

C’est la liste des instruments de recherche disponibles dans un ou plusieurs services d’archives.

2.1.4. Le guide par service d’archives

Le guide est un instrument de recherche qui propose un état sommaire, un état des inventaires et un historique du dépôt des fonds qui sont conservés, ainsi que des informations pratiques ou méthodologiques en vue d’orienter le lecteur au début de sa recherche. L’objet et la composition du guide par service d’archives ont été fixés par la circulaire AD 69-2 du 8 avril 1969.

2.1.5. Le guide des sources

« Instrument de recherche décrivant au niveau approprié les fonds ou collections relatifs à un thème donné, indépendamment des lieux de conservation et des systèmes de classement »1 . Il s’agit donc d’un instrument de recherche décrivant de manière très générale des fonds conservés par un ou plusieurs services d’archives, sur une thématique ou une période donnée.

Exemple : Martine Plouvier (dir.). 2012. Guide des sources de l’histoire de l’art aux Archives Nationales et aux Archives de Paris, Paris : Comité des travaux historiques et scientifiques.

2.1.6. Le guide de recherche

« Instrument de recherche destiné à apporter une orientation méthodologique dans des fonds ou collections indépendamment des lieux de conservation et des systèmes de classement. Il peut porter sur des types de documents, un ou plusieurs fonds, un ou plusieurs thèmes »2 . Le guide de recherches est un guide des sources, complété par des éléments méthodologiques, des réflexions épistémologiques. Il n’a aucune forme règlementaire. La description peut être effectuée, selon les cas, au niveau de la pièce, du dossier, du groupe d’articles ou du fonds.

Exemple : François Gasnault (dir.). 1997. Sur les traces de vos ancêtres à Paris, guide des recherches biographiques et généalogiques aux Archives de Paris, Paris : Archives de Paris.

Les instruments de recherche synthétiques prennent, la plupart du temps, la forme de publications et sont mis en vente par le service qui les a produits.

2.2. Les instruments de recherche analytiques

2.2.1. L’inventaire

L’inventaire est le plus détaillé des instruments de recherche. Il fournit des informations permettant d’identifier chaque pièce qui compose l’article décrit. Il peut être sommaire, lorsque les analyses sont complètes mais succinctes, ou analytique, lorsque les descriptions sont rédigées de manière plus littéraire et comprennent plus d’éléments.

2.2.2. Le catalogue

Il se distingue de l’inventaire car il porte sur un ensemble de documents dispersés entre plusieurs fonds, retenus et décrits ensemble en raison d’une caractéristique commune telle que la forme, ou l’objet. Comme dans un inventaire, la description se fait au niveau de la pièce. En revanche, les documents décrits ne sont pas replacés dans leur contexte de production, puisqu’ils sont tous issus de fonds différents. De même, le catalogue ne peut être numérique puisque les cotes ne se suivent pas.

Exemple : catalogue des documents figurés, catalogue des microfilms.

2.2.3. Le répertoire

Il décrit la totalité des dossiers ou sous-dossiers d’un fonds, mais de façon moins précise que l’inventaire. Selon l’instruction du 25 mars 1909, le répertoire a pour mission de porter promptement mais brièvement à la connaissance du public le contenu des archives. L’inventaire donne des analyses ; le répertoire ne donne que des intitulés. Il fournit, pour chaque article, sa cote, ses dates extrêmes, et son intitulé.

2.2.4. Le répertoire détaillé

C’est une version plus développée du répertoire, dans laquelle l’analyse comporte plus d’éléments qu’un simple intitulé (objet, action, typologies documentaires). Le répertoire détaillé est l’instrument de recherche le plus couramment adopté dans les services d’archives.

2.2.5. Le bordereau de versement

C’est un document dont la rédaction par le service versant est obligatoire, comportant le relevé détaillé des documents ou dossiers remis à un service d’archives. Il tient lieu de procès-verbal de la prise en charge mais également d’instrument de recherche. La forme et le contenu du bordereau de versement ont été normalisés. Il se substitue souvent et durablement aux répertoires dans les services d’archives, et est mis à disposition du public.

Si les différences peuvent paraître parfois difficiles à saisir entre deux typologies d’instruments de recherche, c’est parce que les frontières ne sont pas aussi étanches qu’il paraît. Chaque archiviste amené à rédiger un instrument de recherche fait ses choix, en fonction de ses besoins.

3. Rédaction d’un instrument de recherche

La rédaction d’un instrument de recherche obéit à un certain nombre de règles et de normes. Les deux normes les plus utilisées sont les normes internationales ISAD(G) et ISAAR(CPF)3.

3.1. L’introduction

L’introduction de l’instrument de recherche a pour objectif principal de replacer les documents dans leur contexte de création et de guider le lecteur dans leur exploitation. On y trouve des informations sur :

  • Le contexte de création des documents : histoire administrative du producteur (création, fonctionnement, modifications significatives, etc.), modalités d’entrée (mise en relation avec le service versant, conditions de conservation sur place) ;
  • Le contenu : présentation de la structure du fonds, des sous-fonds, séries, de l’exploitation possible des documents. On peut également présenter les tris et éliminations qui ont été effectués, et expliciter le plan de classement choisi ;
  • Conditions d’accès : statut juridique des archives (publiques ou privées) et éventuels délais d’incommunicabilité qui s’appliquent aux documents ;
  • Sources complémentaires : indication des fonds complémentaires qui existent au sein du service ou dans d’autres services d’archives, mais également les ouvrages de bibliothèque, la documentation ;
  • Bibliographie : listes d’ouvrages relatifs au producteur, à ses missions…

3.2. Les notices descriptives et la description à plusieurs niveaux

« Si la description des subdivisions du fonds est souhaitable, on peut les décrire séparément […]. La somme de ces descriptions reliées hiérarchiquement […] représente le fonds et ses subdivisions. Pour les présentes règles, cette technique de description s'appelle la description à plusieurs niveaux. » (Source : norme ISAD(G), p. 13).

L’instrument de recherche contient des notices descriptives, établies à différents niveaux : niveau fonds, niveau série ou sous-série, niveau dossier et éventuellement niveau pièce. Chaque notice, quel que soit le niveau de description, doit comprendre a minima la référence (cote ou ensemble de cotes), l’intitulé ou l’analyse des documents, les dates extrêmes des documents.

Pour les niveaux de description les plus fins (dossier, pièce), l’analyse contient trois éléments principaux qui sont :

  • l’objet traité (objet physique, personne morale, lieux géographique, évènement…) ;
  • l’action administrative (action exercée sur l’objet) ;
  • les typologies documentaires (nature des pièces).

Des règles de présentation et de ponctuation doivent être respectées. La présentation traditionnelle de l’analyse est la suivante4 :

13_fiche_description_archivistique_def_WKT_html_2c964b8a.png

En général, on inscrit la cote à gauche, l’analyse au centre, les dates extrêmes à droite, sur la ligne du dessous :

13_fiche_description_archivistique_def_WKT_html_m73bb3101.png

Si l’on souhaite apporter des précisions sur les dates, elles figureront entre parenthèses. Les précisions sur le contenu des documents figureront en plus petit sous l’analyse :

13_fiche_description_archivistique_def_WKT_html_m2cc46691.png

On peut également donner des informations sur l’auteur de l’action, le type de classement, etc. Le nombre d’informations contenues dans la notice varie selon le type d’instrument de recherche et le niveau de détail que souhaite obtenir l’archiviste.

3.3. La description à plusieurs niveaux

La description à plusieurs niveaux est un mode d’organisation et de rédaction des notices, ayant pour objectif d’éviter la redondance des informations. Lorsque certaines informations sont communes à plusieurs notices, on rédige une notice relative à ces informations communes à un niveau supérieur : on met ainsi en avant les éléments communs, sans les répéter dans chaque notice.

Plus l’organisation du fonds est complexe, plus l’archiviste doit créer des niveaux pour rendre compte de l’organisation et des missions du producteur. Cependant, il faut garder à l’esprit que l’instrument de recherche doit être facilement lisible et compréhensible par le lecteur, et ne pas multiplier à l’excès les subdivisions.

La présentation matérielle de l’instrument de recherche permet de mettre en évidence cette subordination des différentes notices :

13_fiche_description_archivistique_def_WKT_html_1b744c8e.png

Prenons l’exemple du versement 2751W, qui concerne les archives d’un lycée :

13_fiche_description_archivistique_def_WKT_html_m6d37cc82.png

Ici, on utilise systématiquement un retrait pour signifier le passage à un niveau inférieur de description. On comprend ainsi visuellement l’organisation des documents et la structure du fonds.

  • Le niveau 1 correspond à un sous-fonds qui comprend les articles 21 à 56, ensemble de documents constitué par une même unité administrative, ayant tous le même objet : la scolarité ;
  • Le niveau 2 correspond à une série, articles 2751W 21 à 34, au sein de laquelle tous les documents sont relatifs à la même action administrative : l’inscription et le suivi des élèves ;
  • Les niveaux 3 correspondent à des sous-séries organiques, ensembles de documents aux typologies similaires : fichiers alphabétiques pour les articles 21 à 26 et registres de promotion pour les articles 27 à 34 ;
  • Les niveaux 4 correspondent aux articles. Chacun est décrit en fonction de ses caractéristiques propres, seuls éléments qu’il n’a pas en commun avec les autres articles et qui fondent le classement : ordre alphabétique pour les fichiers, ordre chronologique pour les registres.

L’utilisation des niveaux de description permet dans certains cas de décomposer l’analyse : objet, action et typologies ne sont plus ici dans la même notice mais dans différentes notices hiérarchisées et complémentaires.

3.4. Les informations complémentaires

Peuvent également figurer dans l’instrument de recherche : un sommaire, une table des matières, des illustrations, une table des illustrations, un index (matière, noms de personnes, lieux géographiques…), ou encore des annexes.

4. Points à retenir

  • Le traitement d’un fonds d’archives se fait selon une logique de niveaux, qu’il s’agisse de niveaux de classement, ou de niveaux de description.
  • A chaque niveau de classement correspond un niveau de description.
  • Plus le niveau de classement est fin, plus la description est détaillée. L’archiviste décompose le fonds et ses sous-ensembles afin de les traiter. Il fait le choix du niveau de détail qu’il souhaite restituer au lecteur en fonction de différents critères : intérêt historique des documents, temps disponible, complexité du fonds, etc.
  • Depuis les années 1990, une réflexion a été engagée au niveau international afin de normaliser la description archivistique et faciliter ainsi l’échange d’informations entre les pays. Ces réflexions ont donné naissance à différentes normes de description telles qu’ISAD (G) et ISAAR(CPF).

Pour en savoir plus

  • Note de la Direction des Archives de France DITN/RES/2003/001 du 17 octobre 2003 relative à la modélisation des guides des sources et guides de recherche.
  • Circulaire AD 94-8 du 5 septembre 1994, Traitement des archives contemporaines. Indexation. Instruments de recherche.

Références bibliographiques :

  • Direction des Archives de France.1999. Les instruments de recherche dans les archives, Paris : La documentation Française.
  1. ^ Extrait de la note de la Direction des Archives de France DITN/RES/2003/001 du 17 octobre 2003 relative à la modélisation des guides des sources et guides de recherche. 
  2. ^ Idem.
  3. ^ Ces normes seront vues en détail dans la fiche « Normes et formats de description ».
  4. ^ C’est la pratique des archivistes français qui a rendu ce mode de présentation systématique. Il n’est en rien règlementaire.

Auteur(s) :

PINTAULT Mathilde

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