Comprendre la logique de l'épreuve de conduite d’une séance d’Activité Physique et Sportive (ETAPS)

Modifié le 16 mai 2023

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Les concours de la FPT

Ce document a vocation à aider les candidats aux concours d'Educateur territorial des activités physiques et sportives et d'Educateur territorial des activités physiques et sportives principal dans l'appréhension de l'épreuve d'admission consacrée à la conduite d'une séance d'activité physique et sportive.

Nous conseillons aux candidats de prendre connaissance, avant la lecture de cet article, de la note de cadrage rédigée par les Centres de gestion, organisateurs de ces concours.

Intentions pour conduire une séance d’Activité Physique et Sportive (APS) dans le cadre d’un concours

  • Référence au simplexe en tant qu’outil pour déconstruire la complexité de l’activité de l’éducateur « enseignant »

La complexité du métier d’éducateur à des fins d’enseignement est réelle, pour en faciliter la compréhension, il est possible de l’envisager à travers un outil d’analyse, ce modèle est initialement  proposé par Alain Berthoz1 : le simplexe. En l’appliquant au travail d’enseignement, il permet de mettre en évidence des invariants qui structurent l’activité de l’intervenant, leurs interactions multiples complexifient par la même, sa tâche. La conduite de séance mise en œuvre lors de l’épreuve d’admission va être ainsi révélatrice de la dynamique de la construction professionnelle du candidat à un instant T et mettre à jour des gestes professionnels intégrés. Il vous faut imaginer un observateur extérieur se questionnant autour de ces caractéristiques pour apprécier votre compétence : quelle préoccupation est mise prioritairement en évidence : contrôler ou enseigner ? Les modalités d’action professionnelles sont-elles dirigées vers les individus ou le seul collectif ? Existe-t-il une volonté de transmission de savoirs et /ou de valeurs ? Le vécu professionnel apporte-t-il de la stabilité, du confort lors de la  séquence pédagogique?

Quel est l’équilibre constaté entre tous ces organisateurs de l’intervention pédagogique pour convaincre le jury de la pertinence de votre activité professionnelle auprès d’individus, le plus souvent des élèves de l’école élémentaire (très rarement des pratiquants sportifs ou des élèves de collèges ou lycées, voire universités), qui vont s’engager, répondre ou non à vos propositions ? Ce choix d’élèves « sujet » est logique car il y a une correspondance avec l’action volontaire de mise à disposition d’ETAPS dans un cadre scolaire élémentaire pour de nombreuses communes. Les paragraphes qui suivent vont vous permettre de clarifier les intentions et des postures à construire pour conduire une séance d’activité physique et  sportive dans le cadre d’un concours.

  • Référence à la note de cadrage : cadre règlementaire, temporel et traduction des mots clés essentiels pour comprendre l’épreuve (épreuve pédagogique, animation d’un groupe, déroulé de l’épreuve)

Selon les textes règlementaires, la conduite d’une séance d’APS englobe une  préparation de 30 minutes, suivie d’une durée de séance  de 30 minutes. Elle correspond soit à un coefficient 2 (concours externe), soit à un coefficient 3 (concours interne et troisième concours, examen de promotion interne), d’où l’importance de cette épreuve. Elle est donc après une phase de conception de séance à partir d’un sujet tiré au sort, un face à face pédagogique c’est-à-dire un temps d’interactions supposant une animation de groupe mais pas seulement. Le point de départ est l’appropriation d’un lieu (un gymnase, une piscine…), la rencontre avec un groupe (souvent une moitié de classe) avec lequel il faut créer des liens (un objectif tenu sur 30’). Pour conduire une séance, il faudra « imposer » sa présence pour créer et maintenir un climat propice à l’activité des participants avec des espaces de dialogue (élèves « sujet » entres eux, encadrant et apprenants). Il convient également d’être garant du bon ordre notamment pour la sécurisation de la pratique, gérer le temps en organisant la cohérence de la séance, sa chronologie, avoir une communication relationnelle pour obtenir l’adhésion, l’envie d’apprendre, favoriser la participation de tous et posséder un registre de langage adapté au contexte et aux classes d’âge.

  • Les options et les APSA possibles, quelles concordances avec les champs d’apprentissage en EPS dans un cadre scolaire?

La note de cadrage, document élaboré par les membres d’une cellule pédagogique nationale associant des représentants des centres de gestion de la fonction publique territorial précise : « le candidat choisit, lors de son inscription au concours, l’une des cinq options suivantes: pratiques individuelles et activités au service de l’hygiène et de la santé, pratiques duelles, jeux et sports collectifs, activités de pleine nature, activités aquatiques. Le choix de l’option est définitif à la clôture des inscriptions ». Chaque option laisse apparaitre pour les organisateurs de concours de nombreux choix, par exemple, pour le second groupe dit « pratiques duelles », la liste des APS possibles est longue et diverse. On retrouve des activités de raquettes : tennis, badminton, tennis de table mais aussi des acticités d’opposition : judo, boxe, escrime, lutte, karaté. Difficile de trouver la logique ayant mené à cette classification d’APS, il convient alors à chaque candidat d’explorer l’ensemble de ces possibles bien en amont du jury d’admissibilité puisque c’est lui qui valide les APS retenues par le centre organisateur, une APS pour chaque option (seule la natation est une option récurrente dans le dernier groupe). Cette épreuve de conduite de séance s’organise le plus souvent dans un cadre partenarial avec l’Education Nationale, des élèves « sujets » permettent ainsi, en équité pour tous les candidats, le bon déroulement des épreuves. Dès lors, le classement est- il en concordance avec les catégories retenues pour les programmes de l’école primaire ?

Le cycle 1 correspond à l’école maternelle. L'école élémentaire accueille pour sa part les élèves de 6 à 11 ans sur deux cycles (cycle 2 et début du cycle 3) et cinq niveaux de classes : le cours préparatoire, le cours élémentaire 1ère année, le cours élémentaire 2ème année, le cours moyen 1ère année et le cours moyen 2ème année (la sixième du collège fait partie du cycle 3, les trois années suivantes du collège font partie du cycle 4).

Selon les programmes d'enseignement2 du cycle des apprentissages fondamentaux (cycle 2), et du cycle de consolidation (cycle 3), pour développer des compétences générales, « l’EPS propose à tous les élèves, de l’école au collège, un parcours de formation constitué de quatre champs d’apprentissage complémentaires : « Produire une performance optimale, mesurable à une échéance donnée », « Adapter ses déplacements à des environnements variés », « S’exprimer devant les autres par une prestation artistique et/ou acrobatique », « Conduire et maitriser un affrontement collectif ou interindividuel » .Chaque champ d’apprentissage permet aux élèves de construire des compétences intégrant différentes dimensions (motrice, méthodologique, sociale), en s’appuyant sur des activités physiques sportives et artistiques (APSA) diversifiées . Chaque cycle des programmes (cycles 2, 3, 4) doit permettre aux élèves de rencontrer les quatre champs d’apprentissage. À l’école et au collège, un projet pédagogique définit un parcours de formation équilibré et progressif, adapté aux caractéristiques des élèves, aux capacités des matériels et équipements disponibles, aux ressources humaines mobilisables ». La classification des champs d’apprentissage est différente en cycle 1.

Ainsi selon cet extrait, les APSA moyen et objet d’enseignement sont à saisir dans un système de classification opéré par l’Éducation Nationale pour révéler un intérêt éducatif. Elles sont mises en œuvre sur le temps scolaire, s'inscrivent dans le cadre des programmes d'enseignement et répondent à des formes de pratiques scolaires pour pouvoir être adaptées aux caractéristiques de tous les élèves, filles et garçons, ensemble et à égalité (contexte collectif et mixte). Elles répondent à des objectifs pédagogiques définis, d'une part, dans le cadre des programmes des cycles 2 et 3 et, d'autre part, dans le cadre du projet d'école. On n’enseigne pas les APS, on les pratique au service de finalités et du développement de compétences générales en EPS. Ces dernières contribuent aux cinq domaines de formation du socle commun de connaissances, de compétences et de culture qui constitue une culture scolaire commune pour réussir sa scolarité, sa vie d'individu et de futur citoyen : des langages pour penser et communiquer, des méthodes et outils pour apprendre, une formation de la personne et du citoyen, des systèmes naturels et techniques, des représentations du monde et de l’activité humaine. Par conséquent, ces APSA s’intègrent en cohérence dans un parcours de formation constitué de quatre champs d’apprentissage complémentaires car indispensables pour construire une formation équilibrée, ces derniers, Ces champs d’apprentissage regroupant un certain nombre d’APSA, sont censés placés l’élève dans des situations choisies pour l’intérêt qu’elles représentent au regard de différents types de problèmes d’apprentissage afin de développer des ressources propres nécessaires à sa formation.

Les candidats doivent,  si l’épreuve se déroule dans un cadre scolaire, s’inscrire dans cette doctrine institutionnelle.

  • Des éléments de compréhension sur le socle commun (loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de le République), quelques mots sur le projet de loi pour l’école de la confiance

Le parcours éducatif se conçoit tout au long de la scolarité d’un enfant, d’un jeune, il est structuré généralement en étapes, en cycles d’apprentissage. L’enseignement à l’école élémentaire, est ainsi organisé en niveau (CP, CE1…) et en cycles pédagogiques, offrant une durée plus longue pour permettre aux élèves de construire les compétences retenues par les programmes et d’acquérir des connaissances. La lecture des textes programmatiques qui sont à lire de façon incontournable3 dans ses grandes lignes, présente: enjeux, objectifs de formation de chaque cycle et révèlent la contribution des différents enseignements à l’acquisition des domaines du socle commun, ainsi « L'EPS répond aux enjeux de formation du socle commun de connaissances, de compétences et de culture en permettant à tous les élèves, a fortiori les plus éloignés de la pratique physique et sportive, de construire cinq compétences travaillées en continuité durant les différents cycles (il convient de les faire correspondre avec chaque domaine du socle commun):

  1. développer sa motricité et apprendre à s'exprimer en utilisant son corps (CG1) ;
  2. s'approprier, par la pratique physique et sportive, des méthodes et des outils ;
  3. partager des règles, assumer des rôles et des responsabilités ;
  4. apprendre à entretenir sa santé par une activité physique régulière ;
  5. s'approprier une culture physique sportive et artistique. »

Ces compétences déclinent à la fois, des axes moteur, méthodologique, sportif, social et citoyen. La seule spécificité motrice n’existe pas dans un cadre scolaire, il faut la relier à des domaines plus généraux, transversaux. C’est logique puisqu’il s’agit à long terme de former « un citoyen lucide, autonome, physiquement éduqué ». L'EPS propose un parcours de formation de 4 champs d'apprentissage qui contribue à développer ces compétences, c’est ce qui a été proposé en amont en abordant la classification des APS. Ces champs sont complémentaires. La liberté pédagogique laissée aux enseignants est donc grande pour définir les activités supports et les contenus à enseigner mais les compétences sont communes pour tous les élèves et sont travaillés progressivement pour les enrichir. Il est possible de prendre un exemple pour montrer la progressivité des compétences travaillées avec la CG1 : « Développer sa motricité et apprendre à s’exprimer en utilisant son corps », au cycle 2 l’enseignant devra organiser ses contenus pour permettre la prise de conscience des différentes ressources à mobiliser pour agir avec son corps alors qu’au cycle 3, la mobilisation des différentes ressources physiologique, biomécanique, psychologique, émotionnelle sera pensée pour agir de manière efficiente. Cette progressivité se décline avec la même intention pour les attendus de fin de cycle sur les quatre champs d’apprentissage. Par exemple sur le champ : « Adapter ses déplacements à des environnements variés », avec l’APS natation, au cycle 2 la compétence visée serait : se déplacer dans l’eau sur une quinzaine de mètres sans appui et après un temps d’immersion alors qu’au cycle 3 il faudrait que les élèves valident l’attestation scolaire du savoir- nager.

Mots clés qualifiant la conduite de séance

  • Les conditions favorables à la réussite de tous les élèves « sujets » dans un cadre scolaire

Il est aisé de partir des activités réelles déployées par les candidats dans le contexte d’une situation de séance, activités soumises à l’observation des membres du jury. Les points faibles sont déclinés dans les rapports de jury et peuvent être regroupées en plusieurs blocs. En prendre connaissance permet d’adapter les comportements professionnels pour en construire d’autres plus efficaces, répondant aux attendus de l’épreuve. Ils seront présentés par ordre d’importance (du + vers le moins)

  1. Le jury va accorder de la valeur à votre action d’enseignement dynamique car en perpétuel réajustement si le contexte est pris en considération, c’est-à-dire la réalité du groupe classe et l’activité motrice réelle de chacun des élèves « sujet ». C’est le couplage entre les propositions des candidats et l’engagement des pratiquants pour progresser qui est souvent défaillant car il y a une trop grande volonté à vouloir appliquer une séance programmée et non plus guidée car adaptée aux besoins des élèves « sujet ». Les candidats offrent à constater trop peu de stratégies cognitives telles des procédures d’observation, d’évaluation de l’activité des enfants pour les interpréter in situ et offrir des alternatives décisionnelles, des arbitrages, des régulations car il tient compte  de la variabilité extérieure. Il doit par ailleurs encourager, rassurer, pour préserver la motivation et prendre en compte la sécurité motrice, affective sans brider l’engagement. Adapter son intervention et non exécuter une planification est le signe d’une qualité d’intervention professionnelle. Cette prise en compte de la singularité du contexte doit s’envisager dès la conception préalable de la séance, il ne faut pas vouloir tout cadrer et toujours envisager de multiples possibles.
  2. Le deuxième écueil constaté par les jurys concerne la posture, l’attitude, le positionnement des candidats : non maîtrise de l’approche du public, manque de dynamisme et de présence face à un groupe (voix peu audible, attitude statique…), difficulté à organiser le travail collectif afin que chacun s’engage dans une activité d’apprentissage et à gérer un groupe. C’est bien l’aspect personnel de l’activité du candidat (expression, comportement), ainsi que les conditions spatiales et matérielles et les configurations de groupe qui sont ici appréciés. Il faut être un peu magicien pour capter l’attention, favoriser l’engagement de chacun des pratiquants, développer une dynamique collective autour d’un travail prescrit, faciliter la co-activité. Le visionnage de vos interventions pédagogiques autour de ces indicateurs devrait vous permettre d’apprendre sur vous-même.
  3. Même si le jury n’évalue pas votre expertise dans l’APS retenue, il va attendre que la séance soit en adéquation avec le sujet tiré au sort et le niveau des élèves. Le manque de créativité dans les situations proposées, le faible temps pédagogique effectif et l’aspect ludique peu présent sont forcément des aspects pénalisés.
  • Mode d’emploi des unités d’apprentissage

La note de cadrage élaborée par la cellule pédagogique nationale précise « l’épreuve doit permettre au jury d’apprécier les capacités du candidat à déterminer les objectifs de la séance qu’il est chargé de conduire, en tenant compte du fait que cette séance s’inscrit dans un cycle d’activités ». Ce cycle ou module d’apprentissage est un ensemble de séances référées à une APS particulière (module jeux pré-sportifs par exemple). Il se caractérise par des objectifs d’apprentissage structurant le module, les sujets proposés aux candidats en font partie. Ainsi, les apprentissages, les transformations ne peuvent s’envisager que pour ailleurs et plus tard car il faut du temps pour progresser et constater les progrès. En EPS, selon le site éduscol4, sa construction qui se veut progressive, dépend des acquis des élèves, il débute par un temps « pour entrer dans l’activité » et un autre « pour voir ou l’on en est » à travers une évaluation diagnostique (les deux peuvent être imbriqués). Fait suite sur plusieurs séquences, un temps long pour apprendre et progresser, se transformer à partir d’objectifs opérationnels, induisant une activité de recherche chez tous les élèves, la recherche de solutions pour résoudre les problèmes soulevées par la situation pour en valider certaines plus efficaces. Le module d’apprentissage se termine avec un temps pour mesurer les progrès de différentes natures (évaluation accessible pour tous). « Pour les élèves, vivre un module d’apprentissage, c’est avoir le plaisir de retrouver une même activité – ou une même famille d’activités – pendant un temps long et avoir du temps pour progresser et constater ses progrès »

Avant de conduire, élaboration d’une séance

  • Cadre scolaire : la réussite scolaire, éducative, sociale,

La réussite se construit souvent grâce à une motivation à apprendre face à un contenu prescrit (motivation de maîtrise plutôt que de but impliquant l’égo). Tout candidat doit adopter une conduite qui exprime des aspirations de progrès pour tous les pratiquants ce qui incitera chacun d’eux à s’investir, s’engager corporellement, à éviter des comportements d’évitements (lien avec l’image qu’ils ont d’eux-mêmes). Comme la capacité d’apprendre est très variable d’un individu à l’autre, il faut diversifier les démarches pédagogiques et rendre l’élève acteur (activité de recherche médiée par l’intervenant). A l’appui d’apprentissages moteurs et à l’utilisation efficiente des ressources, d’apprentissages sociaux (se respecter, coopérer, comprendre des règles…) et méthodologiques (apprendre à…analyser, avoir un projet d’action, remplir des rôles : arbitre, prise de note…), la réussite scolaire et éducative assure la maîtrise des apprentissages fondamentaux, ceux du socle commun qui permettent d’en accéder à d’autres : « comprendre le monde et participer à son évolution, pour se comprendre et vivre en société »5.

  • Notion d’apprentissage et de développement optimal (le développement de l’enfant/capacité d’action et de réflexion)

L’enfance, l’adolescence sont des périodes portées par de nombreux changements permettant à l’organisme d’évoluer sous l’effet de la croissance (augmentation des dimensions corporelles), de la maturation (processus physiologique de développement des organes) et de l’apprentissage. Ainsi ces processus de développements conditionnent les capacités d’adaptations des personnes. L’enfant, l’adolescent sont différents de l’adulte donc ses capacités d’actions le sont aussi. Le neurobiologiste Gérald Huther dans un article de Géo Savoir6  démontre que les mouvements complexes résultent d’un apprentissage et que chez les enfants la découverte par soi-même, l’expérimentation selon son potentiel, ses facultés, ses possibilités permettent de développer des connections cérébrales en lien avec le mouvement efficace et que le « sentiment de plaisir est l’engrais des liaisons nerveuses concernées ». Les programmes scolaires des enfants de l’école maternelle sont centrés en EPS sur l’aventure motrice en lien avec les besoins et les ressources des enfants. Le bulletin spécial n°11 du 26 novembre 2015 offre lui,  des éléments d’information sur les spécificités de la motricité, la nature de l’engagement des enfants et des repères de progressivité utiles selon les compétences travaillées et les champs d’apprentissages. Par exemple sur la spécificité des cycles d’apprentissages, il est écrit « Au cours du cycle 2, les élèves s’engagent spontanément et avec plaisir dans l’activité physique. Ils développent leur motricité, ils construisent un langage corporel et apprennent à verbaliser les émotions ressenties et actions réalisées. Par des pratiques physiques individuelles et collectives, ils accèdent à des valeurs morales et sociales (respect de règles, respect de soi-même et d’autrui). À l’issue du cycle 2, les élèves ont acquis des habiletés motrices essentielles à la suite de leur parcours en EPS. Une attention particulière est portée au savoir nager » et « Au cours du cycle 3, les élèves mobilisent ses ressources pour transformer leur motricité dans des contextes diversifiés et plus contraignants. Ils identifient les effets immédiats de leurs actions, en insistant sur la nécessaire médiation du langage oral et écrit. Ils poursuivent leur initiation à des rôles divers (arbitre, observateur...) et comprennent la nécessité de la règle. Grâce à un temps de pratique conséquent, les élèves éprouvent et développent des méthodes de travail propres à la discipline (par l’action, l’imitation, l’observation, la coopération, etc.). La continuité et la consolidation des apprentissages nécessitent une coopération entre les professeurs du premier et du second degré. Dans la continuité du cycle 2, savoir nager reste une priorité ». De ces considérations découlent des méthodes pédagogiques différentes, l’intervention lors de l’épreuve de conduite de séance doit donc tenir compte de ces données pour offrir des défis abordables et certainement une différenciation pédagogique devrait s’imposer.

  • Participation d’ETAPS à l’enseignement de l’EPS

Depuis la mise en place, en 1992, des cadres d’emplois des activités physiques et sportives des collectivités territoriales, les collaborations entre les institutions scolaires et les collectivités territoriales n’ont cessé de se développer dans le respect des prérogatives des différentes institutions. Dans le cadre de leurs fonctions, les conditions d’intervention des éducateurs territoriaux sont définies par leurs statuts. L’enseignement de l’éducation physique et sportive ne relève pas de la responsabilité des personnels territoriaux mais de celle des enseignants des écoles. Toutefois, selon le code de l’éducation, les enseignants des écoles peuvent être assistés pour mener leur projet pédagogique, par des personnels qualifiés et agréés. Les conditions de la délivrance de l’agrément, mettent en avant la compétence de l’intervenant extérieur  (compétence portant sur les connaissances techniques à maîtriser, les connaissances réglementaires de sécurité, les contenus et procédures d’enseignement). C’est ainsi que les personnels territoriaux des activités physiques et sportives peuvent être agréés en tant qu’intervenant extérieur, si une convention est signée entre le maire, employeur, et l’inspecteur d’académie, directeur des services départementaux de l’éducation nationale, qui, dans le cadre de ses prérogatives, organisent le fonctionnement des écoles maternelles et élémentaires.

  • Didactique de l’APS : connaissances indispensables sans être un spécialiste de la discipline pour offrir un traitement scolaire de l’activité (illustration par l’exemple) en gérant la sécurité, les compétences (explicitation des attendus de fin de cycle à travers un ou deux exemples : sports collectifs et natation), la compétence et la technique en EPS

La note de cadrage précise que « le candidat n’est pas un spécialiste de la ou les discipline(s) retenue(s) par groupes d’activité ». Pour autant, le jury attend du candidat une certaine maîtrise didactique (approche centrée sur la transmission et l’acquisition de savoirs dans une discipline et si c’est dans le cadre scolaire il s’agit de l’éducation physique et sportive). Le référentiel d’une préparation didactique comporterait les éléments suivants : la connaissance de l’APS à enseigner (contenus en lien avec la logique de l’activité et permettant le développement de fondamentaux), l’élaboration d’un diagnostic (en amont de la séance à partir des indications sur le public ciblé et son âge puis en début de séance par une évaluation diagnostique des élèves « sujets ») et d’un pronostic à partir de la compétence des apprenants (déclinaison par les personnes habituellement en charge des enfants des expériences motrices antérieures et des savoir-faire construits). Cette approche se construit dans un cadre programmatique car la séance s’inscrit dans un projet de formation globale, mais aussi dans un module d’apprentissage pour apprendre des choses nouvelles (référence explicite au champ d’apprentissage et présentation des compétences). Par exemple dans le champ d’apprentissage « conduire et maîtriser un affrontement collectif ou individuel », pour un cycle 3, les attendus de fin de cycle pourraient être de s’organiser tactiquement pour gagner le duel ou le match en identifiant les situations favorables de marque (se situer dans une équipe et y assurer des rôles successifs, observer l’espace de jeu adversaire, conserver la possession de balle ou de l’avantage, attaquer la cible), maintenir un engagement moteur sur tout le temps de jeu et respecter les partenaires, les adversaires et l’arbitre. Les connaissances et compétences à construire guideraient la conception des séquences d’apprentissage (dépasser la peur d’affronter en introduisant des règles de protection : pas de contact, distance / porteur de balle, conserver la possession de la balle, la conduite du duel : faire éclater la grappe de jeu pour occuper l’espace et permettre des passes sûres, assurer l’échange et se doter d’un premier répertoire d’habiletés motrices et de techniques adaptées (mobilité, apprentissage de techniques de saisies, de mouvements, de frappes, etc.), contrôler la possession ou l’échange pour attaquer dans une opportunité : savoir assurer l’échange pour identifier l’apparition d’un avantage et s’en saisir, posséder la balle, progresser, tirer, frapper, attaquer). De nombreux exemples existent sur le site Éduscol-éducation/ ressources, EPS, école élémentaire (ministère de l’éducation nationale et de l’Enseignement supérieur).

  • L’objectif de la séance

Des indications dans la note de cadrage permettent de clarifier le déroulement de l’épreuve : « Le candidat aura connaissance des équipements mis à sa disposition ainsi que du nombre d’élèves sujets et leur niveau dans la discipline retenue (comportements observables, difficultés rencontrées) au moment du tirage au sort du sujet de la séance. Les membres du jury préciseront également le matériel mis à disposition du candidat, les espaces disponibles, le public ciblé et son âge » et « la préparation d’une durée de 30 minutes à partir d’un sujet tiré au sort se fera dans un local approprié dans l’équipement sportif retenu ou à proximité, le candidat n’ayant droit à aucun matériel ou document autre que du matériel d’écriture ». Les sujets sont très nombreux, ils peuvent être larges ou ciblés toujours en lien avec la spécificité de l’activité retenue par le jury plénier. Sont présentés ci-après quelques exemples, en natation : « s’immerger pour réaliser quelques actions simples », « varier les entrées dans l’eau », « construire l’efficacité respiratoire dans des déplacements », en sport-collectif : « coopérer pour récupérer la balle ou le palet», « faire progresser collectivement le ballon vers la cible », en gymnastique rythmique et sportive : « réaliser des actions corporelles avec manipulation d’engins », « coordonner des actions à plusieurs en manipulant un ballon », en lutte « contrôler son adversaire au sol », en athlétisme « franchir des obstacles bas et éloignés ». Il faudra alors que le candidat caractérise et délimite l’objectif de sa séance qu’il est chargé de conduire à partir des éléments d’information donnés par l’organisateur des épreuves et ses propres connaissances en lien avec l’âge des enfants et la didactique de l’APS. Il doit aussi prendre en compte le fait que cette séance s’inscrit dans un cycle d’activité et donc envisager les acquisitions construites en amont et celles à venir pour progresser. Cette façon de penser permettra au candidat de réagir, de s’adapter in situ si sa leçon a été conçue comme trop facile (les élèves sujets sont tous en réussite) ou au contraire trop complexe (constats de difficultés nombreuses). Il existe toujours de nombreux moyens pour atteindre des objectifs, le jury appréciera la façon dont le candidat aura ciblé des priorités pour atteindre l’objectif. Quelques sujets offre une entrée par une sensibilisation à la sécurité, le travail entre pairs (savoir observer), la méthodologie (rôle d’arbitre).

  • Construire une fiche de séance sobre et fonctionnelle, catégorisation et hiérarchisation des situations d’apprentissage

Il est nécessaire d’arriver à cette épreuve avec une modélisation de conception de séance, votre démarche doit se traduire en mots clés pendant ces 30 minutes de préparation. Sur une ou deux feuilles A4 il faut organiser les différents éléments suivants : l’objectif « enseignant » et sa traduction en lien avec les problèmes fondamentaux posés dans l’APS (quels résultats escomptés au terme de la séquence d’apprentissage ?), le but (formulation en termes « élèves » de l’objectif), les transformations motrices, éducatives, sociales, méthodologiques à envisager, le dispositif (ensemble organisé des objets, équipements, sujets), le contenu envisagé comme une succession de situations aux fonctions différentes, les consignes, les critères de réussites portant sur le résultat de l’action, les variables permettant de faire évoluer les situation (pas plus de trois), la prise en main, les formes de groupements, les organisations particulières retenues…La quantité de travail doit être conséquente, une activité motrice, cognitive de quelques minutes seulement sera sanctionnée. C’est l’élève qu’il faut placer au départ au centre des préoccupations.

  • Corrélation entre le mode d’emploi d’une unité d’apprentissage et la séance planifiée, lien avec la notion d’évaluation (diagnostic, formative, sommative)

Il est possible de trouver une concordance entre un module d’apprentissage, structurant un temps long d’apprentissage, déclinant ce qui doit être enseigné pour parvenir aux attendus, en précisant des repères organisateurs de la progression et la séance qui doit être conduite par les candidats. Créer un lien logique entre tous les temps de la séance est incontournable : pour cela après avoir explicité le but de la séance, il y aura un temps pour entrer dans l’activité. Il permettra d’échauffer si besoin les participants mais surtout d’instaurer une relation positive avec l’activité et mettre l’élève en projet autour de l’objectif que le candidat doit traduire. Ce temps pourrait être aussi celui de l’évaluation diagnostique puisque la séance ne dure que 30 minutes. Suivra un temps « pour apprendre » avec une activité de recherche pour que les élèves  sujets, agissent, interagissent, s’éprouvent en mobilisant leurs ressources, il ne sera pas une simple application de la séance imaginée dans le temps de préparation car l’adaptation aux caractéristiques et aux productions des élèves est primordiale. L’évaluation formative permet l’adaptation de l’enseignement en fonction des différences individuelles dans l’apprentissage, en offrant des régulations (aménagements) et remédiations pédagogiques (consignes, démonstrations, situations simplifiées, complexifiées). Le dernier temps de la séance sert à mesurer le travail engagé pour mettre en avant les réussites individuelles et collectives, il s’achève avec un échange avec les élèves sujets pour un bilan sur celles-ci et envisager des perspectives.

  • Délimiter l’objectif en le situant dans un cycle d’apprentissage, les variables didactiques pour simplifier et complexifier les situations.

L’objectif pédagogique est ce que l’intervenant propose d’atteindre à travers une séquence d’apprentissage, il est imposé au candidat. Il peut s’énoncer en termes de capacité : être capable de vaincre son appréhension, d’enrichir ses conduites motrices, d’adapter son déplacement, de trouver une solution, d’accepter de travailler à plusieurs…les notions d’objectifs et de contenus sont indissociables ; pour poursuivre des objectifs, il faut s’approprier des contenus de différentes natures (pratiques car se situant dans le champ de l’APS, théoriques, méthodologiques, relationnels, affectifs, cognitifs). Ces contenus sont dits d’enseignement lorsqu’ils sont adaptés aux caractéristiques des apprenants. Pour cela un petit nombre de situations leurs sont proposées. Quand l’enseignant construit ou propose une situation, un certain nombre de paramètres sont à sa disposition et ces derniers peuvent prendre différentes valeurs à son initiative, ceux qui permettent d’adapter la tâche au niveau de la classe, aux capacités des élèves se nomment les variables pédagogiques ( faire varier la difficulté d’une tâche), d’autres permettent de modifier la façon dont l’élève va stratégiquement résoudre la tâche, ainsi les variables didactiques vont modifier le processus de résolution adopté par les élèves (par exemple en sport collectif, un terrain long et étroit va faciliter les passes en profondeur mais aussi avantager la défense alors qu’un terrain large et long va faciliter les passes latérales/ espaces libres sur les ailes et faciliter le démarquage ; en natation passer sous une frite ou un tapis va mobiliser des stratégie différentes d’un point de vue de la gestion des échanges respiratoires…).

Si un ou plusieurs élèves sujets avec plusieurs répétitions se trouvent en échec face à la difficulté ou la complexité d’une situation, l’intervenant doit proposer une facilitation de la tâche à travers une situation de remédiation. Les variables constituent  un outil permettant de simplifier, d’enrichir ou d’adapter la situation première. En partant d’actions spécifiques dans les APS, l’éducateur peut jouer sur des variables en lien avec le corps, l’espace, le temps, le matériel, les autres….Il en est de même si un ou plusieurs élèves sont en réussite immédiate.

  • Les compétences professionnelles à mettre en œuvre en 30’, c’est à dire le temps de l’épreuve pour convaincre un jury multiple (un élu, un personnel de la fonction publique territoriale, une personnalité qualifiée et souvent un professionnel de l’Éducation Nationale), aux attentes personnalisées, une progressivité qui confronte les élèves sujets à des problèmes pour enclencher un apprentissage par adaptation, une séance inclusive

La fiche 2 vous permettra d’envisager dans le détail les compétences professionnelles que vous devez soumettre à l’observation du jury. Il est important de comprendre que c’est sur la seule base de cette observation pendant la phase interactive avec les élèves sujets (mettre en œuvre la séance : expliquer, communiquer, conduire et réguler les actions, observer en direct, assurer un mode de fonctionnement de groupe facilitant l’apprentissage et la socialisation des enfants, s’engager corporellement, assurer la sécurité…) que la note sera posée et cela avant le début de l’entretien, sans pouvoir la modifier ultérieurement. Il faut malgré la difficulté de cette épreuve pédagogique mettre en évidence les « gestes professionnels » qui valideront vos compétences. Un autre écueil est souvent pénalisé, il consiste à ne pas se préoccuper de la diversité des élèves sujets et de leur production en offrant une séance uniforme d’un niveau souvent inadapté. La notion de groupe hétérogène est à prendre en considération même si pour certaines activités il vous est proposé plutôt un groupe homogène (natation). Dans un groupe quel qu’il soit, il y a toujours des différences physiques, motrices, cognitives, motivationnelles, sociales à exploiter, le candidat doit donc relever ce défi de la diversité et cela doit se percevoir dans sa pratique professionnelle lors de cette épreuve. L’école est de plus en plus inclusive en accueillant des élèves en situation de handicap ou à besoins particuliers, les candidats ne devront pas seulement les intégrer mais avoir le souci d’une adaptation aux particularités de chacun. Par ailleurs la notion de progressivité dans une logique didactique est mal comprise (organisation d'une suite graduelle de savoirs en séquences relatives à un objectif). Si les programmes de 20157 entrant en vigueur à la rentrée 2016 offrent des repères de progressivité pour les cycles 2 et 3 sans être applicable en état, ils doivent être repensés en fonction des caractéristiques des apprenants. Un groupe en réussite permanente sur l’ensemble de la séance montrera l’inadaptation de vos propositions pour enclencher apprentissage et progrès. Pour apprendre en EPS, il faut que l’élève prenne des informations environnementales et sur lui-même, les traduise, entre en relation avec l’environnement, agisse et modifie son comportement de manière adaptative face à une situation qui lui pose initialement problème, trouve des réponses variées de plus en plus efficaces, adaptées à la situation.

  1. ^ « La simplexité », Alain Berthoz, Ed. Odile Jacob, 2009
  2. ^ Arrêté du 9-11-2015 - J.O. du 24-11-2015 (NOR MENE1526483A)
  3. ^ Le Bulletin officiel spécial n°11 du 26 novembre 2015 est consacré aux programmes d'enseignement de l'école élémentaire et du collège
  4. ^ Eduscol.education.fr/ressources-2016 ; Ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la recherche - Mars 2016
  5. ^ Institut National de la Recherche Pédagogique, rapport 2008
  6. ^ Géo Savoir hors-série, « Sport et bien-être », septembre- octobre 2013 n°6
  7. ^ Le Bulletin officiel spécial n°11 du 26 novembre 2015 est consacré aux programmes d'enseignement de l'école élémentaire et du collège

Auteur(s) :

RIVIERE-LE GUEN Sylvie

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