Service des archives : site internet et offre numérique

Modifié le 16 mai 2023

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Dernière mise à jour : décembre 2015

1. Contexte

1.1. Historique

Les services d’archives ont commencé à ouvrir des sites internet au début des années 2000. Tout de suite, des images numérisées ont été mises en ligne, permettant une consultation à distance des documents d’archives. Le succès a été immédiat, d’autant que les premiers fonds d’archives mis en ligne ont été les registres d’état civil consultés par les généalogistes.

Aujourd’hui, la fréquentation des salles de lecture virtuelles que constituent les sites internet est bien supérieure à celle des salles de lecture physiques.

Les services publics d’archives possèdent soit des sites propres, soit des pages dépendant du site de la collectivité. En 2015, de nombreux sites sont ouverts : les trois services à compétence nationale (SCN), les 101 services départementaux d’archives et les grands services municipaux possèdent leur propre site internet.

1.2. Chiffres

Comme le montre le tableau ci-dessous, les statistiques concernant les sites internet des services publics d’archives sont en augmentation : nombre de documents mis en ligne, nombre de connexions, nombre de pages/images vues.

En 10 ans, le nombre de connexions a été multiplié par plus de 10. En 2014, plus de 57 millions de connexions ont été enregistrées et 2,7 milliards de pages vues.

Chiffres globaux des sites des SCN, des archives régionales, départementales et municipales

 200520102014
Documents mis en lignen. c.187 945 535370 020 857
Connexions sur les sites Internet4 787 68132 436 23457 040 937
Pages et images vues143 249 3751 910 548 5262 713 676 215

Certains sites enregistrent cependant un tassement de leurs chiffres, et même une diminution. Deux explications peuvent être données :

  • l’amélioration de l’indexation et des conditions de recherche en ligne qui permettent à l’internaute d’arriver directement sur le document recherché ;
  • l’absence de mise en ligne de nouveaux fonds et de nouvelles fonctionnalités.

1.3. Accès et visibilité

1.3.1. L’accès aux sites internet

L’accès aux sites internet des services publics d’archives est gratuit (sauf rares exceptions concernant les archives numérisées), permanent (24/24h) et direct (sans inscription).

Sur certains sites, l’accès aux archives numérisées se fait avec une « licence clic », qui est gratuite : elle indique les conditions de réutilisation des informations publiques contenues dans les documents ; l’internaute doit les accepter avant de poursuivre sa recherche.

Exemple de licence clic : Archives départementales de la Haute-Loire

1.3.2. Visibilité du site

La visibilité d’un site et des données qu’il contient passe par :

  • la mise en place de permaliens ou URL pérennes ;
  • l’utilisation d’un vocabulaire structuré (EAD, Dublin Core) ;
  • la possibilité d’exporter facilement les données.

Le site et ses données seront alors facilement identifiés par les moteurs de recherche.

2. Contenu-type d’un site

Le site s’ouvre sur une page d’accueil, qui permet d’accéder aux différentes rubriques. On y trouve aussi les actualités du service.

Un site comprend en général les rubriques-types suivantes :

  • informations pratiques : adresse, plan d’accès, horaires d’ouverture
  • historique et missions du service
  • recherche : instruments de recherche, conseils
  • archives en ligne : divers fonds numérisés
  • action culturelle et pédagogique : expositions virtuelles, publications, avec une partie spécifique pour le service éducatif (dossiers en ligne, liste des ateliers proposés, etc.).

On peut trouver aussi :

  • une rubrique réservée aux administrations versantes et aux particuliers qui souhaitent confier des archives
  • un moteur de recherche, qui s’applique à tout le site ou simplement aux instruments de recherche
  • les réseaux sociaux
  • la possibilité de participation collaborative (indexation, commentaires)
  • un espace personnel permettant de sauvegarder ses recherches.

3. Nouvelles tendances

Un site internet vieillit vite. Dans certains cas, il s’agit de la 2e, voire de la 3e génération. Les nouvelles tendances sont le fruit de la réflexion des services vis-à-vis de leur public virtuel. Celui-ci doit être considéré à part entière, avec ses caractéristiques, ses modes de fonctionnement, ses attentes.

3.1. S’adapter au public

Le site doit être simple d’accès et d’utilisation et tendre à offrir les mêmes services qu’en salle de lecture.

Tendances actuelles :

  • amélioration du graphisme et de l’ergonomie
  • apparition de la recherche à facettes (navigation conçue en fonction des centres d’intérêt)
  • numérisation de documents à la demande
  • accès géographiques aux ressources
  • espace ludique
  • visioconférence pour avoir une conversation à distance avec un archiviste
  • adaptation du site à la mobilité (consultation sur smartphone, tablette).

3.2. Permettre au public de participer

Le public n’est plus simplement un consommateur mais veut être un acteur et participer à la production des contenus. Les sites archives renforcent l’offre de services collaboratifs :

  • indexation collaborative
  • commentaire, annotation, tags
  • dictionnaires collaboratifs.

Les éléments ajoutés par un internaute sont ensuite consultables par l’ensemble des internautes.

D’autres pistes émergent :

  • espace numérique de travail (pour les scolaires notamment)
  • collecte de documents en ligne
  • publication en ligne des travaux des chercheurs
  • forum pour échanger entre le public et les archivistes.

3.3. Utiliser les partenariats

Les partenariats permettent d’étendre le périmètre d’un projet. Le service d’archives s’associe à d’autres services patrimoniaux comme l’archéologie et l’inventaire et ils mettent en commun leurs ressources.

Exemples de deux applications, consultables en mobilité, avec géolocalisation des données :

  • Urban-Hist, piloté par les archives municipales de Toulouse (www.urban-hist.toulouse.fr)
  • Valdoise MyBalade, piloté par les archives départementales du Val-d’Oise (valdoisemybalade.fr)

3.4. S’inscrire dans une démarche d’innovation

Internet pousse à l’innovation. Elle se développe actuellement suivant deux axes principaux :

  • Les usages collaboratifs autour des ressources archivistiques : l’enjeu est l’appropriation des ressources par les internautes et l’enrichissement des contenus culturels.

Exemple : Wiki My Archives (Aube) qui est un outil d’annotation et un moteur à facettes.

  • L’utilisation des ressources numérisées dans le cadre d’application de découverte du patrimoine : l’enjeu est la mise en valeur des archives en dehors d’un usage classique et l’accès à un public plus large.

Exemple : chemin numérique patrimonial (Manche) avec des bornes sur le littoral, dotées de QR code permettant la consultation d’archives (phares, port…).

4. Critères d’évaluation des sites

Une enquête, diligentée en 2014 par le Service interministériel des Archives de France, a évalué les 101 sites internet d’archives départementales. Ceux-ci sont analysés selon quatre types de critères :

  • stratégie générale du site (identification du site, rubriques proposées, niveau d’actualisation, référencement) ;
  • navigation et ergonomie (conception graphique et ergonomique, adaptation du site suivant le type d’ordinateur utilisé, accessibilité aux personnes avec handicap) ;
  • disponibilité et valorisation des ressources archivistiques (types de fonds numérisés, valorisation des fonds, cadre de classement et instruments de recherche, aide à la recherche, moteur de recherche dans les ressources, portails, moissonnage des données et liens pérennes) ;
  • services aux internautes et pratiques collaboratives (modalités d’accompagnement et d’information des lecteurs, existence de compte utilisateur et d’espace personnel, web collaboratif, réseaux sociaux).

Pour chacun de ces axes, chaque service est placé dans la catégorie « très faible », « faible », « moyen », « bon » ou « très bon ». Il peut ainsi voir sur quel point il peut améliorer son site.

Globalement, la grande majorité des sites étudiés se situe à un niveau moyen ou bon, tant du point de vue de l’environnement web général que du point de vue des ressources archivistiques (IMPISSION CONSULTANTS 2015. Phase 1. 98).

Un second volet porte sur les conditions matérielles de réalisation d’un site Internet (organisation, financement, animation…), en s’appuyant sur l’expérience des responsables de dix sites Internet.

5. Portails et outils synthétiques de recherche

Devant la multiplicité des ressources sur internet, la tendance est au regroupement pour faciliter la recherche, grâce à la technique du « moissonnage ». Ainsi des portails et des outils synthétiques de recherche se créent, qui renvoient sur les sites qui sont moissonnés.

5.1. Portails culturels

Des portails culturels peuvent regrouper différents types de structures patrimoniales (archives, musées, bibliothèques) et culturelles (musique, danse, spectacle…). Les périmètres géographiques sont divers :

  • portail à l’échelle d’une région (exemple : portail culturel d’Aquitaine - culturesconnectees.aquitaine.fr)
  • portail à l’échelle d’un département (exemple : portail culturel du Loir-et-Cher - www.culture41.fr) ; ce peut être un onglet spécifique sur le site d’un département (exemple : onglet consacré à la culture et au patrimoine sur le site de la Loire-Atlantique - http://www.loire-atlantique.fr/jcms/services/culture-patrimoine-fr-c_5054)
  • portail à l’échelle d’une commune (exemple : portail culture de la ville de Lyon - www.culture.lyon.fr)

A l’échelle européenne, le portail archives, dénommé APEx (www.archivesportaleurope.net), donne accès à des archives et des instruments de recherche de toute l’Europe. Les services d’archives français y sont encore peu présents mais la « Grande Collecte » sur la guerre 1914-1918, réalisée en 2013 et 2014, a permis la mise en ligne de nombreux documents nationaux.

5.2. Le portail national « France Archives » en projet

Le futur portail national des Archives (Francearchives.fr) se donne pour but d’offrir au public une vision globale des archives en France : il permettra de rechercher dans les ressources des sites d’archives, en renvoyant vers les sites eux-mêmes. Il sera interministériel (Culture, Défense, Affaires étrangères).

Le portail favorisera le développement d’outils de recherche novateurs, appuyés sur les technologies du web sémantique (identifiants pérennes, référentiels).

Ouverture prévue en 2017.

5.3. Le « Grand Mémorial »

Inauguré le 11 novembre 2014 par le Président de la République, le « Grand Mémorial » est un point d’entrée unique aux registres matricules militaires, numérisés et indexés par les services départementaux. Le but est de permettre aux Français, qui comptent parmi leurs ancêtres un combattant de la Grande Guerre, d’en retrouver la trace facilement.

Une vingtaine de départements y figurent fin 2015, soit plus d’1 million de matricules. Le Grand Mémorial s’enrichira au fur et à mesure des années : l’objectif est de couvrir la France entière en 2018, soit, à terme, les matricules des 9 millions de soldats enrôlés durant la Grande Guerre. On y trouve aussi les données du site « Mémoire des hommes » du ministère de la Défense.

L’accès se fait sur le site du ministère de la Culture : http://www.culture.fr/Genealogie/Grand-Memorial

5.4. Le moteur « Collections »

Ce moteur, de dimension nationale, permet l’accès à diverses collections patrimoniales sur tout le territoire : il pointe vers des institutions (archives, musées, bibliothèques) et vers des bases de données déjà constituées (Mérimée par exemple, sur le patrimoine architectural).

L’accès se fait sur le site du ministère de la Culture : http://www.culture.fr/Ressources/Moteur-Collections

6. Réseaux sociaux

La présence des services d’archives sur les réseaux sociaux, d’abord timide, s’accentue. Les principaux médias utilisés sont Facebook, Twitter et Pinterest. Des services partagent des contenus via des sites dédiés tels que Wikimedia, Flickr ou Dailymotion, souvent en vue de développer des pratiques collaboratives (identification de photos, transcription participative).

6.1. Les avantages d’utiliser les réseaux sociaux

On peut citer principalement :

  • le dialogue en direct avec les publics, et notamment un public plus jeune : il se fait sur un mode moins institutionnel ;
  • la valorisation des contenus et de l’action culturelle des archives ; l’internaute peut à son tour partager ce qu’il a apprécié ;
  • une autre façon de développer le collaboratif ;
  • l’augmentation du trafic vers le site internet : les liens intégrés dans les médias sociaux renvoient en effet au site ;
  • la gratuité de ces médias.

6.2. Les points de vigilance

La mise en place de compte sur les réseaux sociaux demande la vigilance sur les points suivants :

  • maintenir une ligne éditoriale identique ;
  • animer régulièrement en ajoutant des contenus, en postant des messages ;
  • évaluer le temps « homme » que nécessite la préparation et la diffusion des différents éléments.

7. L’offre numérique

L’offre numérique est aujourd’hui pléthorique sur les sites internet. Elle se divise en trois grandes catégories :

  • les outils permettant la recherche : instruments de recherche, bases de données, conseils ;
  • les documents numérisés ;
  • l’offre culturelle et pédagogique.

On peut noter que la commémoration de la Grande Guerre a incité les services à mettre en ligne des instruments de recherche et des fonds d’archives liés au conflit (registres matricules, correspondances, affiches, livre d’or), ainsi que des expositions ou des dossiers pédagogiques, voire des portails complets proposant des ressources variées et une interaction avec les internautes (Maine-et-Loire, Tarn, Lorient…).

7.1. Les outils permettant la recherche

Les instruments de recherche représentent le principal outil qui ouvre sur la recherche. On y trouve toutes les catégories : guides, répertoires numériques, répertoires méthodiques, état des fonds, etc. Ils se présentent sous des formes diverses, qui vont de l’instrument de recherche normalisé au simple fichier en format word ou pdf.

On peut trouver aussi des bases de données.

La partie de conseils, appelée aussi « aide à la recherche », concerne en général :

  • des fonds : état civil, registres matricules ;
  • un type de recherche : faire l’histoire de sa maison, de sa commune.

Ces conseils visent à remplacer l’aide que l’archiviste apporte en salle de lecture ; ils sont illustrés d’exemples et de reproduction de documents.

Le tutoriel est un nouveau mode d’aide, qui guide le chercheur pas à pas grâce à des questions simples.

7.2. Les documents numérisés

C’est la rubrique, de loin, la plus consultée.

Sont numérisées en priorité les grandes séries de documents servant à la recherche généalogique :

  • état civil
  • recensement de population
  • registres matricules militaires.

Ces collections sont disponibles en ligne dans un grand nombre de départements.

Les collections iconographiques sont aussi bien couvertes :

  • cadastre napoléonien
  • cartes postales
  • photographies
  • affiches
  • dessins, estampes, etc.

Une fois ces grandes collections prises en compte, les services diversifient leurs sources numérisées : enregistrement, presse locale, notaires, fonds anciens et privés, selon une politique qui appartient à chaque service et en fonction de ses moyens.

Les communes privilégient les registres de délibérations et les fonds des services de presse et de communication.

7.3. L’offre culturelle et pédagogique

C’est une partie qui peut être très développée et très riche, même si elle est peu consultée par les internautes.

7.3.1. L’action culturelle

Y figurent des « produits » à « consommer » en ligne ou in situ.

Pour ce qui est en ligne, on y trouve principalement :

  • des expositions virtuelles, statiques ou interactives ;
  • une galerie des documents les plus remarquables ;
  • des jeux : jeux sérieux, puzzles, quizz, possibilité d’envoyer une carte postale.

Les produits in situ font l’objet d’une programmation annuelle qui est mise en ligne et comprend toutes les activités proposées : expositions, conférences et journées d’études, cours (aide à la recherche, paléographie…), ateliers thématiques et manuels, spectacles, etc.

S’y ajoute la liste des publications disponibles, réalisées par le service.

7.3.2. L’action pédagogique

Cette partie est destinée essentiellement aux enseignants. On y trouve les mêmes types de propositions – en ligne et in situ – que pour l’action culturelle, avec une déclinaison adaptée aux scolaires, pouvant aller jusqu’à un découpage par niveau (primaire, collège, lycée).

Les dossiers pédagogiques sont parfois numérisés et téléchargeables. Des choix de documents commentés peuvent être proposés : il s’agit de corpus directement utilisables par l’enseignant ou par les élèves.

Certains services expérimentent les espaces numériques de travail et les cours en ligne (« e-learning »).

Bibliographie

Site internet des Archives de France (www.archivesdefrance.culture.gouv.fr) :

  • IMPLISSIO CONSULTANTS. 2015. Analyse des sites Web des services d’archives départementales. Phase 1 et Phase 2, Paris : Service interministériel des Archives de France, dactyl., 99 p. et 76 p.
  • Scheffer, Julie. 2013. Médias sociaux et services d’archives. Étude relative à l’implication du réseau des Archives départementales et municipales dans les médias sociaux en France, Paris : Service interministériel des Archives de France, dactyl., 31 p.

Auteur(s) :

GUIGUENO Brigitte

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